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Le Figaro : quand «Débats et Opinions» vire à «Eloges et Slogans»
07.07.2006

Le Journal du Figaro consacre tous les jours ses deux pages centrales à l’expression des opinions. Normalement, elles doivent refléter les opinions de personnalités concernées qui désirent sortir des sentiers battus afin d’exprimer des vérités qui ne sont pas toujours bonnes à dire.



Souvent on peut y lire des papiers de très grande qualité, mais ces pages sont devenues réputées et y publier est devenu le signe d’une reconnaissance. Ce sont alors les mêmes qui y reviennent et l’on n’y lit rien de bien critique à l’égard du gouvernement, pire encore, les personnes critiquées proches du pouvoir s’y rendent pour s’expliquer.

Débats et Opinions a perdu de sa superbe en devenant le réceptacle d’une éloge intarissable et déguisée de la diplomatie française à quelques exceptions près. Ainsi quiconque ose effleurer l’idée selon laquelle la diplomatie française n’est pas adaptée pour résoudre la crise nucléaire iranienne se voit banni à jamais de ce journal et de ces deux pages. En échange, Débats et Opinions donne des tribunes à ceux qui se contentent de ratifier l’excellente diplomatie iranienne de l’Europe ou à « des opposants iraniens » qui délaissent l’analyse politique pour l’exercice de slogans démocratiques.

Ainsi, ce 6 juillet 2006, nous eûmes droit dans le Figaro à un tir groupé sur l’Iran. L’autre aspect déplaisant qui entre dans la ligne éditoriale de « Débats et Opinions » est l’égalité des chances. Les responsables du journal ne font pas de différence entre les terroristes et ceux qui les combattent. Entre les islamofascistes poseurs de bombes ou étrangleurs et des militants pacifiques sans casier judiciaire. Ainsi, le journal peut très bien donner la parole à Maryam Radjavi, chef de file d’un mouvement qui a massacré des iraniens mais aussi des irakiens, et le sur- lendemain pour corriger le tir, donner une tribune à un islamofasciste du régime des mollahs, le Chargé d’affaires de l’ambassade d’Iran à Paris, le barbouze Moujani, un pacifiste méconnu.

Pour équilibrer la donne, la rédaction a eu la mauvaise idée de publier deux autres « opinions ». L’une est celle de Nicole Gnesotto, la Directrice de l’Institut d’études de sécurité de l’Union européenne et l’autre un papier de l’obscur Ramin Parham, le sous-marin de Khatami recyclé en patriote semi laïque.

Tout d’abord, réglons une fois pour toutes le cas de Parham. Qui est Ramin Parham ? Personne n’est en mesure de le dire. Il n’existe aucune trace de son appartenance à l’opposition anti-mollahs. Il dit avoir vécu en France : personne en France ne lui connaît des liens avec un quelconque mouvement politique, ni un texte attestant de cette intense activité d’opposant. Il n’est d’ailleurs pas en mesure de fournir des explications sur plusieurs années de vie. Il voyage sans cesse entre Paris et Washington et on ne sait d’où il tire le budget nécessaire pour ses déplacements et il a été impliqué depuis 2001, c’est-à-dire le début du 2nd mandat de Khatami, dans tous les lancements de faux dissidents iraniens dans les milieux intellectuels juifs français de gauche.

Il a été mêlé à la publicité que le régime des mollahs voulait faire sur le petit-fils de Khomeiny, faux dissident religieux. Il a pris part au relancement de Shirin Ebadi par l’intermédiaire de BHL quand la carrière occidentale de Ebadi était en déclin... on retrouve encore Ramin Parham dans la publicité sur Jahanbegloo, le faux journaliste, ou encore on a lu de nombreux articles dans ses nombreux sites ou blogs sur son héros Ganji (nouv. lien). Parham est un maillon de la chaîne de transmission de la désinformation du régime des mollahs. Vous pouvez évidemment nous répondre qu’il met en garde contre l’islamisme et le régime des mollahs…

En réalité Ramin Parham se complet à défendre un courant de pensée qui abhorre l’usage de la violence pour déraciner le régime des mollahs, il parle de tout sauf du monde réel.

Dans ce monde réel, la situation régionale de l’Iran a radicalement changé depuis 2005. La Russie soutient les mollahs et utilise leur régime pour déstabiliser les Américains en Irak et en Afghanistan, mais utilise aussi ses relations avec l’Iran islamique pour contrôler la mer Caspienne et empêcher les producteurs de pétrole de l’Asie Centrale d’exporter vers l’Europe. Les sanctions et un embargo maritime et terrestre, qui auraient pu désorganiser le régime des mollahs et préparer son affaiblissement, ne seront pas efficaces sans la participation des Russes. Ces derniers peuvent en raison de leur proximité terrestre avec l’Iran casser tout embargo international et maintenir le régime iranien sous perfusion.

Les propos de Parham sont consternants de bêtise car ce ne sont que des « slogans »  : « faut qu’on », « y’a qu’à » on sent pointer le futur ministre sous l’intellectuel. Il ne suffit pas de décréter la victoire pour l’obtenir. Le jeune homme nous dit que l’Iran sera libre sans préciser par quel miracle !

Ramin (le fils de Baqer Parham : un vieux compagnon communiste de Khomeiny) est à l’image d’un grand nombre de faux opposants parachutés depuis Téhéran depuis les années 2000. Tous parlent de non violence, de Gandhi, de Mandela, de pacifisme, de réformes, du futur et personne ne sait comment nous y conduire. Pire, au-delà de ces lieux communs, en formulant des analyses biaises et politiquement correctes, ils brouillent les cartes et confortent les occidentaux dans une possibilité de compter sur une partie des dirigeants qui seraient des modérés ou des réformateurs.

Telle est la mission du souriant Ramin Parham  : modérer le débat, annuler les urgences, rassurer. L’opposition organise ses assises ! On s’achemine vers l’union (dissidents + opposants), tout va bien ! Vous verrez nous y arriverons !

Évidemment personne n’évoque l’ombre de la Russie. Cet état qui a des projets pour son allié stratégique iranien. Des opposants comme Parham Junior conviennent bien à la Russie, mais aussi aux mollahs. Ces deux régimes ont bien des atouts, mais la seule chose qui leur manque est des délais nécessaires pour mener à terme leurs projets hostiles à l’occident : nucléarisation et prolifération pour les mollahs, isolement de l’Asie Centrale, hégémonie régionale et énergétique pour les Russes. Ces opposants sont idéals car ils sont incapables de conceptualiser un plan d’attaque pour neutraliser ces deux états et que pour le moment leurs actions se résument à des « slogans ».

Pourquoi faudrait-il neutraliser simultanément les mollahs et la Russie ?. La Russie soutient les mollahs et s’est rendue indispensable à l’Europe pour ses approvisionnements énergétiques. L’Europe est prise dans un piège : accepter l’Alliance Iran-Russie et attendre l’avènement d’une bombe atomique islamique ou passer un accord avec les mollahs pour obtenir du pétrole en échange des garanties de sécurité et un droit à l’enrichissement sous la surveillance accommodante d’un El Baradei ou d’un Hans Blix. Et dans ce cas aussi, comme dans le premier cas, il s’agit pour les mollahs d’obtenir des délais pour mener à terme des activités nucléaires clandestines commencées en 1985. Si l’Europe veut éviter de telles catastrophes, il lui rompre des slogans sans contenus opérationnels. En offrant des tribunes à des faux opposants comme ce Parham (intellectuel autoproclamé sans légitimité, sans passé ni diplôme) , les Européens contribuent à entériner leur propre échec face à l’efficacité sans scrupule de l’Alliance Iran-Russie. Il faut rompre avec cette politique de slogans.

Ce ne sont pas avec des slogans que nous pouvons vaincre les ennemis bien préparés de l’occident. Nous n’y arriverons pas en recyclant les formules de Glucksmann que l’on retrouve tantôt aux côtés de ce mystérieux Parham sans passé, tantôt conférencier chez les Moudjahedines du Peuple.

Si l’Europe veut réellement combattre le régime des mollahs, elle doit pouvoir contenir la Russie sans repactiser avec les mollahs, et c’est là que les amitiés de ce Parham Junior avec les faux dissidents s’avèrent dangereuses. Ces faux-dissidents oeuvrent pour la mutation du régime des mollahs : le régime changera de peau sans se défaire de ses réseaux : terroristes libanais, affairistes russes, militaires Nord Coréens ou islamistes afghans, soudanais et somaliens…

La solution est ailleurs et infiniment plus complexe et demande que l’Europe se penche sur ses liens avec la Russie le protecteur du régime des mollahs et son possible bailleur de fonds en cas de sanctions. Il faut agir selon deux axes : Contenir la Russie et déstabiliser le régime des mollahs et pour cela nous avons des solutions qui sont celles des exilés de Londres en 43 et non une alliance avec des Giraud ou des ex-collabos repentants.

Le problème qui existe et qui n’est jamais évoqué est l’inadaptabilité de la diplomatie française face au défi soulevé par cette redoutable Alliance Iran-Russie. Le problème est l’incapacité de la diplomatie franco-européenne à prévoir la renaissance de la Russie et son ascension fulgurante. Le défaut vient de la division des Européens et de la divergence de leurs objectifs. D’ores et déjà l’Italie, l’Allemagne et la Finlande ont passé des accords privilégiés avec les Russes. Ces états oeuvrent pour la Russie, au mépris des mauvaises manières des Russes contres l’Ukraine et ainsi ils contribuent à affaiblir l’argument d’une politique énergétique commune à l’ensemble des états de l’union.

Le problème est qu’il est interdit de remettre en cause la diplomatie française qui prétend vouloir sanctionner les mollahs et s’empresse de multiplier la signature de nouveaux contrats d’envergure avec l’Iran (Renault, EDF…).

Le Figaro qui devrait laisser exprimer des opinions et susciter un débat, s’autocensure et se rabat sur des faux-semblants et accorde des tribunes à de faux opposants ou de faux dissidents pour n’exprimer que des slogans. Des slogans qui comportent des sous-entendus comme l’absence totale de référence à la laïcité. Elle est remplacée par le respect de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme, un texte profondément anti-laïque.

Le problème n’est pas l’Iran ou même la Russie, le problème est l’absence d’une politique adaptée pour empêcher des états (l’Iran ou la Russie) de venir nous dicter leurs lois chez nous. Le problème vient de la méconnaissance des objectifs de l’Empire Russie par rapport à l’Iran depuis le XIXe siècle. Le problème est la volonté des Européens à remplacer les Etats-Unis par la Russie sans tenir compte des antécédents belliqueux des Russes à l’égard de leurs voisins.

Pour finir, nous vous proposerons quelques lignes de l’autre article publié ce 6 juillet dans le Figaro qui démontre à la perfection la naïveté dont font preuve les Européens à l’égard de la Russie. Le nom de la Russie n’est pas cité une seule fois dans l’analyse consacrée à la crise iranienne par Nicole Gnesotto, directrice de l’Institut d’études de sécurité de l’Union européenne !

Dans « La crise iranienne, un test pour la politique européenne de sécurité », Mme Gnesotto ignore superbement le rôle joué par les Russes dans la crise iranienne. Par contre, elle est obnubilée par le rôle des Américains et son analyse fait l’éloge de la force de la diplomatie européenne qui a su contrer la diplomatie américaine.

«S'agissant de la Politique étrangère et de sécurité commune (PESC) de l'Union, l'affaire iranienne renforce d'une part une évidence : l'unité et la détermination paient. Unis, les Européens ont un vrai pouvoir d'influence, en particulier sur leur partenaire américain. Divisés, comme ils le furent durant l'affaire irakienne, ils ne comptent tout simplement pas.»

L’ennemi désigné est l’Amérique et non le régime des mollahs et la crise iranienne est un sujet de discorde entre l’Europe et les Etats-Unis et non pas une partie de la guerre contre l’islamisme conquérant à la recherche de la dissuasion nucléaire. C’est navrant de lire de telles inepties. Et évidemment, Mme. Gnesotto ignore les liens entre la Corée du Nord et la république des mollahs ! L’article est rempli de références à un monde multipolaire, mais il est un constat flagrant que l’Europe n’a aucune vision globale de la sécurité. La crise des missiles Nord Coréens n’est même pas effleurée alors que la Corée du Nord est le fournisseur attitré des mollahs en matière de missiles.

Puisqu’il est interdit d’aborder l’inadaptabilité de la diplomatie française ou la critiquer : la double page « Débats et Opinions » est devenue, le 6 juillet 2006, un lieu d’« Eloges et slogans », pour parler de tout et de ses contraires avec un agent des mollahs, un pseudo opposant et une pseudo spécialiste de la sécurité.

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[Recherche Par Mots Clefs : Alliance IRAN-RUSSIE]

Concernant le Figaro, cependant nous saluons l’excellent éditorial de Stéphane Marchand, qui nous a agréablement surpris par son analyse claire sur la ressemblance entre la crise Nord Coréenne et la crise iranienne.


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