[Décodage]

« Pour casser le consensus international , nous proposons le retour à la politique passée et la suspension volontaire de toutes les activités liées au cycle du combustible nucléaire pour sortir de la crise et rétablir la confiance », a affirmé Mohammad Reza Khatami dans son communiqué.

Il faut rappeler que le retour à la politique passée est synonyme de « dissimulation, concept cher aux musulmans en général, aux chiites en particulier et qui a retrouvé ses lettres de noblesse avec Khomeiny et son entourage.

 Mohammad Khatami [1], le frère du l’auteur du communiqué, avait lui-même porté le principe de dissimulation à un niveau jamais atteint car il a apporté son crédit à des négociations qui n’ont été que des simulacres pour duper les occidentaux et nous conduire à la crise actuelle.

Pendant la présidence de ce dernier, le leitmotiv des mollahs était d’établir la confiance et durant de nombreuses années, Khatami junior a dans la mesure de ses moyens épaulé son frérot dans cette mission. Khatami junior stipule aussi la reprise des négociations directes avec les Etats-Unis, en cela, il ne diffère guère de Rafsandjani, le véritable maître du régime des mollahs.

« Le dialogue avec tous les pays influents du Conseil de Sécurité, y compris les Etats-Unis, comme un moyen de régler la crise est une possibilité que l’on ne doit pas ignorer », ajoute son communiqué.

Il y a une seconde histoire de frères. Le frère de Rafsandjani [2] a été expédié aux Etats-Unis au début de ce mois afin de convaincre les Américains que Rafsandjani est (hostile à Ahmadinejad et) favorable à une reprise des relations diplomatiques entre les deux pays : en réalité à l’issue de ces pourparlers, les mollahs aimeraient aboutir à l’abandon des charges Américaines dans le dossier nucléaire et à obtenir d’eux des Garanties de Sécurité.

De leurs côtés, ils proposent d’échanger l’abandon de l’effort nucléaire iranien contre l’assurance que les Etats-Unis ne tenteront rien pour changer le régime en Iran.

Parallèlement, tout le monde en Iran demande le rétablissement des pourparlers directs avec les Américains, c’est ce que nous disions en décembre dernier (voir article de Charlie Hebdo [3]) : le rétablissement même partiel des relations avec les Etats-Unis est un des vieux objectifs des mollahs : ce sera la preuve de la reconnaissance de l’importance régionale des mollahs. Le rétablissement des relations avec les Etats-Unis sera en soi une victoire par le régime des mollahs.

Il est donc essentiel de rétablir des pourparlers directs avec les Américains (et peu importe le sujet). A cette fin, les mollahs se sont précipités pour encourager une rencontre au sujet de l’Irak. Croyant bien faire, ils ont poussé leurs protégés irakiens à intercéder en leur faveur, ce fut d’abord Hakim qui suggéra une rencontre, puis le conseiller de Sistani, un certain Dabbagh [4] qui a aussi été envoyé aux Etats-Unis pour faire la promotion d’un livre où il parle de la puissance des mollahs en Irak… Et finalement Talabani, le Kurde multicartes [5] a recommandé aux Américains de rencontrer les mollahs.

Cette insistance des mollahs montre leur nervosité et leur besoin de trouver une solution avec les Américains», mais leur approche poussive a été l’aveu qu’ils sont effectivement les véritables patrons de la crise irakienne.

C’est ce qui importait à la Maison-Blanche :
que les mollahs reconnaissent leur ingérence !

Que ces pourparlers aient lieu ou non, désormais les mollahs savent qu’ils sont dans la dernière ligne droite et pour éviter l’avalanche (bahman) des sanctions qui peuvent les emporter, ils abattent leurs cartes les unes après les autres.

Rafsandjani envoie son frère comme messager aux Etats-Unis, les Khatami répètent le même projet avec des mots plus doux aux oreilles européennes, des faux opposants [6] sont relâchés et ils ne manqueront pas de parler dans le même sens.

Le dernier élément de ce puzzle savant est un certain Milani du Hooover Institut de l'université de Stanford, cet intellectuel (soi-disant) opposant aux mollahs, s’est activé dernièrement aux Etats-Unis pour raviver le projet des réformes.

La dernière carte des mollahs sera de faire disparaître (ou remplacer) Ahmadinejad et de former un gouvernement de salut national qui inscrira à son programme le rétablissement des relations avec les Etats-Unis et une suspension « volontaire » de l’enrichissement. Reste que cette dernière carte est aussi celle d’une dissimulation.

Khatami junior a également déclaré : « Les responsables du pays veulent apparemment dialoguer avec les Etats-Unis à propos de l’Irak mais aussi des autres sujets ». Voici un homme dit des réformes étrangement en adéquation avec ses petits collègues « conservateurs » (Larijani, Rafsandjani, etc...). Tout cela est un peu artificiel.

A propos de ces pourparlers (que tous les responsables réclament), Khatami junior demande qu’ils soient d’une « totale transparence ». En dehors de Khatami junior, son grand frère Mohammad et Karroubi, un mollah ripoux (ancien président du Parlement islamique & religieux réformateur ! [7]) ont également critiqué les déclarations non judicieuses de Ahmadinejad sur le nucléaire…

Il semble que du côté des mollahs, il y a eu d’intenses négociations internes pour préparer la grande parade contre des sanctions. Pourtant la solution est à la portée de ceux qui critiquent Ahmadinejad : Rafsandjani peut en vertu de ses pouvoir dénoncer et invalider les décisions de Ahmadinejad et l’Iran sortira de la crise d’autant plus que « tous veulent dialoguer… ». Mais les mollahs ne veulent pas la fin de la crise, ils veulent l’alimenter.