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Iran : La semaine en images n°170
22.05.2011

Téhéran vient d’annoncer la découverte d’un vaste réseau d’espionnage et l’arrestation simultanée de 30 agents ou officiers liés à la CIA. L’arrestation des chefs du réseau annonce d’autres arrestations. Cela intervient après le refus des officiers et des gradés des Pasdaran de réprimer les rassemblements anti-régime de la Fête du Feu.

Au cours des dernières semaines, grâce aux images montrant l’absence des Pasdaran dans les manifestations officielles, nous avions insisté sur la montée de la tension entre les Pasdaran et le régime.

Aujourd’hui, grâce aux images de la semaine dernière, nous pouvons vous exposer les étapes et les raisons de cette décision radicale. Nous pouvons également vous donner les clefs pour comprendre ce que le régime pourrait faire par la suite. Voici donc une exceptionnelle semaine en images.



La montée de la tension : des raisons d’agir dès le début de la semaine | Il y a environ deux mois, le 15 mars, les Iraniens se sont rassemblés dans les rues pour enfreindre ostensiblement les lois islamiques en dansant dans des réunions mixtes à l’occasion d’un événement formellement interdit par le régime, la Fête du Feu qui coïncidait avec l’anniversaire de la naissance de Reza Shah, le fondateur de l’Iran laïque. Les Pasdaran qui contrôlent l’ensemble des forces armées ne sont pas intervenus pour disperser ces rassemblements ouvertement anti-régime. Un mois auparavant, ces mêmes miliciens avaient boycotté l’anniversaire de la révolution islamique et la commémoration du retour de Khomeiny en Iran en 1979. Il était clair qu’ils affichaient silencieusement leur soutien aux adversaires du régime. Cette union non déclarée des Pasdaran avec le peuple a permis d’espérer une nouvelle révolution.

Les derniers partisans du régime ont paniqué : ils se sont mis à vendre leurs biens pour acheter de l’or et préparer leur fuite. Le régime ne pouvait pas les raisonner ou les rassurer car sa seule défense était le Mouvement Vert conçu pour accompagner les soulèvements afin de dévoyer leurs revendications et ainsi éviter une révolution. Le Mouvement Vert ne servait plus à rien avec la possibilité d’une révolution grâce à l’adhésion des Pasdaran avec le peuple. Pour qu’il puisse accomplir sa mission de modérateur, le régime devait éliminer la possibilité de la révolution en empêchant l’union des Pasdaran avec le peuple.

Le bras de fer | Le régime a alors menacé de s’en prendre aux familles des Commandants dissidents, mais ces derniers et leurs subalternes ont confirmé leur rupture en boycottant les manifestations en l’honneur de la création de cette milice chargée de défendre la révolution islamique. Le régime a sanctionné ce geste par l’exécution de trois commandants dans un accident de la route. Les Pasdaran n’ont pas reculé. Le régime a augmenté leur salaire. Ils n’ont pas changé de position.

Face au boycott permanent des Pasdaran faisant état d’une rupture définitive et alarmante, au début de ce mois, le régime a inventé le scénario de l’ambition dévorante des Pasdaran qui encourageraient un soulèvement pour assoire leur propre pouvoir, une rumeur destinée à faire peur au peuple et neutraliser le pas en avant des Pasdaran vers le peuple.

A défaut de soumettre les Pasdaran, le régime a inventé un moyen pour figer tous les élans de soulèvement qu’ils soient provoqués par des appels de l’opposition, par un nouveau boycott des Pasdaran ou encore provoqués par des manifestations spontanées.

Mais il est vite devenu clair que la rumeur de la vague menace des Pasdaran basée sur une vague querelle entre le Guide et Ahmadinejad ne suffisait pas pour convaincre le peuple et ainsi rassurer les derniers partisans du régime.

Il fallait sortir du scénario de l’épouvantail à l’effigie des Pasdaran et mettre en scène des actions coup de poing de la part des Pasdaran prétendument putschistes. Cela étant impossible, le régime a choisi d’abandonner les premiers motifs de putsch devenus encombrants via une inexplicable réconciliation entre le Guide et Ahmadinejad. Le projet était mort et le régime dépourvu de tout moyen pour se défendre contre l’unité potentielle entre les Pasdaran et le peuple.

Dans ce contexte, vers le 7 mai, le prince Reza Pahlavi a évoqué l’opportunité de grèves dans les secteurs clefs. Le régime a immédiatement réactivé le Mouvement Vert pour initier une grève dans les universités le dimanche 14 mai afin de prendre de l’avance sur les événements et contrôler toute action de ce genre.

Il a également décidé de relancer la rumeur intimidante du coup d’Etat des Pasdaran dans le cas où le Mouvement Vert ne réussirait pas à contrôler. Le prétexte choisi a été une querelle entre Ahmadinejad et le Parlement personnifié par Larijani, le président de cette assemblée, mais aussi actuel patron du régime, à propos d’une fusion illégale et anticonstitutionnelle de certains ministères dont celui du pétrole.

Mais le régime a vite réalisé qu’avec une grève générale, on serait en révolution et qu’en conséquence, on verrait très vite que les Pasdaran sont du côté du peuple. C’est pourquoi il a préféré proposer une reprise de dialogue aux Européens pour obtenir une pause dans les sanctions pour signer des contrats et ainsi se donner les moyens financiers d’augmenter les salaires dans l’espoir de calmer les mécontentements.

Mais les Européens bien qu’opposés aux sanctions qui visent leurs intérêts ont refusé car le fait de les choisir au lieu de choisir les Américains dénonçait une manœuvre passagère : Téhéran allait encore rompre le dialogue les forçant à adopter les sanctions qu’ils veulent éviter. En refusant, ils ont sauvé leurs intérêts sans tenir compte des attentes de Téhéran. Le régime avait échoué et seulement réussi à révéler son isolement. Dès le refus européen, il a eu peur que ses hommes d’affaires ne le lâchent pour rejoindre le camp des opposants. Il s’est rabattu sur son épouvantail à l’effigie des Pasdaran pour contribuer à la méfiance vis-à-vis d’eux.

Mais le régime n’avait pas su exprimer la menace avec la querelle insipide entre Ahmadinejad et Larijani et pour y parvenir, il avait annoncé une manœuvre géante de tous les super commandos fanatiques des Pasdaran pour la fin de la semaine sur la base de Fatemieh. Cette démonstration de force a réuni très peu de monde. Nous avions parlé d’un échec.

Par la suite, nous avons appris que la base militaire en question était celle de la brigade Qods, le corps d’élite des Pasdaran, qui est chargé de l’encadrement du Hezbollah et des services secrets du régime. Cela voulait dire que les plus zélés et ceux des services de renseignements ne voulaient plus de ce régime. Le régime avait donc des raisons d’agir dès la fin de la semaine dernière par une action forte pour affirmer son autorité en montrant sa capacité de réprimer et d’arrêter ses adversaires.

Mais le samedi 14 mai, premier jour de la nouvelle semaine en Iran, le régime ne s’est pas engagé dans cette riposte évoquant sa capacité de répression car avec une telle capacité, il devrait étouffer toute action alors qu’à ce moment, il devait bien au contraire laisser son opposition officielle, le Mouvement Vert, entrer en action pour initier une grève afin d’être aux commandes et contrôler la situation. Le régime a retardé sa riposte pour ne pas décrédibiliser cette fausse opposition, unique moyen de dévoyer tout soulèvement.

Par ailleurs, par un hasard de calendrier, le régime devait organiser diverses conférences pour la promotion du commerce avec ses derniers partenaires commerciaux : d’une part, les pays d’Asie Centrale, membres du groupe ECO et d’autre part, ceux d’Asie-Pacifique, membres du D8. Téhéran était tenu d’être sage. Il ne pouvait se permettre d’évoquer sa fragilité car ils auraient tourné les talons pour attendre un changement de régime.

Cette nécessité de rester calme a même déteint sur la « Conférence contre le terrorisme et pour une paix juste » qui se tient chaque année à Téhéran à l’initiative du régime pour dénoncer Israël comme un Etat terroriste. On n’a guère eu droit à des petits (gros) mots d’Ahmadinejad alors que le régime avait soigné le casting.
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Le même jour, il y avait une manifestation officielle : elle a rassemblé moins de 100 personnes. Le régime a pu constater la chute de sa cote de popularité parmi les siens.
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Ce samedi, le régime devait aussi lancer la caravane nationale de solidarité avec Bahreïn. Cette autre manifestation du régime qui devait réunir le peuple, les mollahs et les miliciens a rassemblé uniquement 30 personnes. L’aventure s’est achevée par une ballade en mer pour envoyer des « message dans des bouteilles » aux révolutionnaires chiites de Bahreïn. Ceci a confirmé la chute de la cote de popularité du régime parmi les siens.
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Dimanche, on avait rendez-vous avec le Mouvement Vert, le grand joker du régime. La mobilisation a été presque nulle : moins de 10 personnes !
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Le régime était fixé : il ne pouvait pas compter sur cette fausse opposition pour empêcher la montée de la tension : il l’a désactivée. Puisqu’il avait perdu le contact avec la majorité des Pasdaran, il devait se prendre en main en montrant les dents, mais en même temps, il devait se montrer civilisé pour ne pas alarmer ses partenaires. Tenu à ne rien faire alors qu’il devait agir, le régime a décidé de jouer la carte de l’unité interne pour limiter les dégâts et aussi rassurer ses partenaires présents à Téhéran. Dans ce cas, il ne pouvait plus parler d’un complot des Pasdaran (pour intimider le peuple). Il fallait sortir de ce scénario.

Lundi, le régime s’est lancé dans des réconciliations spectaculaires entre tous les gens qui font semblant de se détester dans le cadre de ses diverses mises en scène politiques.

La première réconciliation a été celle du Guide et des universitaires et des chercheurs !
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La seconde réconciliation avait pour vedette Rafsandjani : l’ex-homme fort du régime, par ailleurs patron de la richissime Université Islamique Libre, a reçu et embrassé son pion Jasbi, mais aussi ceux qui sous l’impulsion de son rival Larijani avaient contesté sa présence à la tête du conseil d’administration de cette véritable pompe à fric.
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La dernière et sans doute la plus spectaculaire des réconciliations a été cette journée pendant laquelle devait être mise en scène celle du régime tout entier avec Ahmadinejad via un entretien avec le peuple à la télévision qui est depuis toujours la chasse gardée de Larijani !

Avant la rencontre prévue pour lundi soir, les médias ont parlé de l’inauguration d’une nouvelle unité géante de production d’acier par Ahmadinejad, une pure mise en scène car l’usine avait déjà été inaugurée en octobre 2010 !
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Auréolé par cette inauguration bidon, Ahmadinejad a eu droit à une interview élogieuse où l’on n’a guère évoqué les conflits, mais son bilan si merveilleux !
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Lors de cette rencontre, Ahmadinejad a annoncé que conformément à la constitution, il allait contrôler le ministère du pétrole et ainsi présider l’OPEP. Or la constitution du régime n’autorise aucun cumul des mandats. Il était dans l’illégalité, mais l’annonce n’a suscité aucune réaction ! Le régime le voulait à l’OPEP !

En fait, avec l’annonce ministérielle illégale et non critiquée (uniquement dénoncée par notre site), le régime venait de quitter un scénario sensé intimider le peuple, mais incapable d’y parvenir pour un double retour en arrière : le scénario dans lequel, Ahmadinejad doit jouer le foufou incontrôlable et provoquer en toute impunité pour pousser Washington à reculer par peur d’un conflit armé. Le régime revenait à son mode de fonctionnement normal.

Mardi, le régime était à court d’idées pour montrer son unité et ses capacités. On a changé de registre : les médias ont mis en avant les bonnes relations des grands de ce monde avec la république islamique en montrant des images des rencontres de travail des ministres de l’agriculture du groupe Eco réunis à Téhéran, les rencontres de la conférence périodique du groupe D8 ainsi que les rencontres de routine entre les ministres de passage à Téhéran avec Larijani.
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Mercredi, l’actualité politique a été nulle. Le régime était essoufflé. Le régime a commencé des pendaisons collectives pour affirmer son autorité.

Jeudi a été semblable à mercredi. Mais les dernières conférences allaient se terminer et les invités allaient enfin quitter le pays. Le régime pouvait enfin agir à sa guise.

Le soir, dans notre émission hebdomadaire vers l’Iran sur radio Toloo, nous avons parlé de l’illégalité de la décision d’Ahmadinejad de contrôler le ministère de pétrole pour assister à la réunion de l’OPEP.

Vendredi matin, le régime a dénoncé l’illégalité de la décision alors que la journée est fériée et nulle instance officielle ne travaille. Décidément nous avons des auditeurs bien placés en Iran. Mais samedi, le régime a remis en cause la dénonciation en évoquant un débat sur le sujet car il a besoin de maintenir la décision car vu sa situation, il n’a d’autres choix que de provoquer une crise le 8 juin lors de la réunion de l’OPEP pour parvenir à un deal avec Washington et bénéficier de son soutien intéressé avant qu’il ne tombe.

Mais ce deal est loin alors que la menace est là et encore plus forte car la bourse a annoncé une baisse de 21% d’activité en une semaine !

Le régime a décidé d’agir et même d’inclure Washington dans son action forte pour reprendre le dessus sur les Pasdaran pour provoquer rapidement la crise qu’il juge vitale pour sa survie : c’est pourquoi ce samedi il a parlé du démantèlement d’un réseau d’espionnage lié à Washington et de l’arrestation de 30 « officiers » !

Mais ce samedi , le régime a également commencé la journée par une nouvelle manœuvre conjointe de « ses Pasdarans » à Téhéran, et cette fois, il y a plus de monde.
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En fait, il n’y avait pas autant de monde que le régime devrait avoir pour refouler un soulèvement, mais des visages étrangers, des invités qui étaient en touristes.
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Visiblement, Téhéran vient d’engager des mercenaires. Il y a désormais deux milices en Iran et un grand mystère : les vrais Pasdaran resteront-ils passifs ou passeront-ils dans l’armée de l’ombre ?