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Iran : Les mollahs adorent l’affaire DSK !
19.05.2011

L’affaire DSK passionne les médias. En Iran, les mollahs sont ravis, non par passion pour DSK, mais parce qu’on ne parle plus d’eux alors qu’en raison du refus des Pasdaran à réprimer les manifestations, ils ont du mal à gérer un contexte intérieur très difficile. Les mollahs prient pour que cela dure afin de continuer à dissimuler leur malaise et préparer une grande crise internationale pour pousser Washington à négocier une entente avant qu’ils ne chutent.



Un contexte intérieur ingérable | Il y a un mois, les Iraniens ont investi les rues pour chanter et danser toute la nuit à l’occasion d’un événement formellement interdit par le régime, la Fête du Feu qui coïncidait avec l’anniversaire de la naissance de Reza Shah, le fondateur de l’Iran laïque. Les Pasdaran qui contrôlent l’ensemble des forces armées ne sont pas intervenus pour disperser ces rassemblements doublement anti-régime. Deux mois auparavant, ces mêmes miliciens avaient boycotté l’anniversaire de la révolution islamique et la commémoration du retour de Khomeiny en Iran en 1979. Il était clair qu’ils affichaient silencieusement leur soutien aux adversaires du régime. Cette union non déclarée des Pasdaran avec le peuple a permis d’espérer une nouvelle révolution.

Les derniers partisans du régime ont paniqué : ils se sont mis à vendre leurs biens pour acheter de l’or et préparer leur fuite. Le régime ne pouvait pas les raisonner ou les rassurer car sa seule défense était le Mouvement Vert aux pourtours ambigus et conçu pour accompagner les soulèvements afin de modérer ou dévoyer leurs revendications et ainsi éviter une révolution. Le Mouvement Vert ne servait plus à rien avec la possibilité d’une révolution grâce à l’adhésion des Pasdaran avec le peuple. Le Mouvement Vert ne pouvait rien face à un courant contestataire fort. Pour qu’il puisse accomplir sa mission de modérateur, le régime devait éliminer la possibilité de la révolution en empêchant l’union des Pasdaran avec le peuple. Le régime a d’abord tenté d’intimider les Pasdaran pour qu’ils lui reviennent. Mais ils ont continué à boycotter le régime et ses manifestations. Le régime a alors décidé d’attaquer la confiance naissante chez le peuple vis-à-vis des Pasdaran en prétendant que ces derniers étaient liés à Ahmadinejad et cherchaient à prendre le pouvoir à la suite d’un soulèvement.

Le régime s’était inventé un moyen pour freiner ou figer tous les élans de soulèvement qu’ils soient provoqués par des appels de l’opposition, par un nouveau boycott des Pasdaran ou encore provoqués par des manifestations spontanées. Mais il est vite devenu clair que la rumeur de la menace des Pasdaran basée sur une vague querelle entre le Guide et Ahmadinejad ne suffisait pas pour convaincre le peuple (et ainsi rassurer les derniers partisans du régime).

Il fallait sortir du scénario de l’épouvantail à l’effigie des Pasdaran et mettre en scène des actions coup de poing de la part des vrais Pasdaran (prétendument putschistes). Cela étant impossible, le régime a choisi d’abandonner les premiers motifs de putsch devenus encombrants via une inexplicable réconciliation entre le Guide et Ahmadinejad. Le projet était mort et le régime dépourvu de tout moyen pour se défendre contre l’unité potentielle entre les Pasdaran et le peuple.

Dans ce contexte, lundi dernier, le prince Reza Pahlavi a évoqué l’opportunité des grèves dans les secteurs clefs. Le régime a réactivé le Mouvement Vert pour initier une grève dans les universités ce dimanche afin de prendre de l’avance sur les évènements pour contrôler toute action de ce genre. Mais il a également décidé de relancer la rumeur intimidante du coup d’Etat des Pasdaran dans le cas où le Mouvement Vert ne réussirait pas à contrôler les grèves alors qu’il s’était fixé le programme de déminer le terrain avec la peur d’un coup des Pasdaran avant de réanimer le Mouvement Vert.

Le régime était dans l’improvisation la plus totale. Dans ce contexte, il a évoqué un "conflit naissant" entre Ahmadinejad et Larijani, le président du Parlement, à propos de la fusion de plusieurs ministères par le président sans l’accord du Parlement...

Une nouvelle improvisation | Etant cependant conscient de l’inefficacité potentielle de cet épouvantail dans le cas précis d’une grève générale car l’action ne concernerait plus les Pasdaran, mardi, le régime a proposé la reprise du dialogue sur le nucléaire pour obtenir une pause dans les sanctions afin de restaurer ses finances et ainsi récupérer une partie de ses miliciens dissidents. Les Européens bien qu’opposés aux sanctions qui visent leurs intérêts ont refusé (dès mercredi) car le fait de les choisir au lieu de choisir les Américains dénonçait une manœuvre du régime : Téhéran allait encore rompre le dialogue les forçant à adopter les sanctions qu’ils veulent éviter. En refusant, l’Europe a sauvé ses intérêts sans tenir compte des intérêts des mollahs. Le régime avait échoué et seulement réussi à révéler son isolement. Dès le refus européen, il a eu peur que d’autres le lâchent pour rejoindre le camp du peuple. Il s’est rabattu sur son épouvantail à l’effigie des Pasdaran pour contribuer à la méfiance vis-à-vis d’eux. On a alors assisté à 3 jours de surenchères entre Ahmadinejad et Larijani avant que les deux hommes reculent chacun d’un pas quand ils ne pouvaient pas aller plus loin car ils donnaient l’impression de faire n’importe quoi. Le régime a ainsi réalisé que son plan dissuasif était inefficace.

Par ailleurs, dimanche dernier, le Mouvement Vert a aussi échoué car malgré un battage médiatique impressionnant, d’après ses deux seules vidéos, il n’a réuni que 8 sympathisants sur le campus de Téhéran ! Le Mouvement Vert était out.
© WWW.IRAN-RESIST.ORG


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Fin des improvisations hasardeuses et début d’un nouveau plan | Le régime a mis en veille le Mouvement Vert et il s’est écarté de son plan dissuasif en cessant de critiquer les décisions d’Ahmadinejad alors que ce dernier venait de limoger le ministre du pétrole dans le cadre du plan abandonné ! On n’a pas seulement cessé de critiquer Ahmadinejad, il a été invité à la télévision où il a annoncé qu’il prenait la direction du ministère du pétrole conformément à la constitution alors qu’il n’existe aucun article de loi autorisant ce geste. Après la destitution d’un ministre, le président doit désigner un successeur ou à défaut, un successeur par intérim. Ahmadinejad affabulait et personne ne le critiquait dans les médias ou chez les opposants officiels.

Etant donné que ce genre d’unité dans l’info reflète uniquement la volonté du régime, il y avait un plan derrière cette désignation frauduleuse. Une petite lecture sur le sujet nous a rappelé que la république islamique d’Iran assume actuellement la présidence de l’OPEP : de fait, en tant que ministre du pétrole, Ahmadinejad pourrait présider la prochaine réunion de l’OPEP le 8 juin prochain ! On pourrait s’attendre à un clash mémorable !

On peut dire que le régime a inventé un article de loi pour offrir une superbe tribune internationale à son meilleur agitateur privé de micro depuis des années. C’est un retour à la politique d’amplification délibérée de la crise dont le but a toujours été de mener l’Amérique à attaquer l’Iran pour provoquer une escalade militaire afin que Washington recule par peur d’une guerre ou qu’elle frappe le pays afin que le régime se pose en victime et demande un arrangement sans aucune contrepartie ainsi que des dommages et intérêts !

Ce n’est pas la première fois. Le régime a souvent joué ce coup excessif pour éviter de nouvelles sanctions. Le délabrement de l’économie iranienne après l’adoption de ces sanctions laisse supposer que ce choix n’était pas excessif, mais effectivement approprié et destiné à tirer le régime d’une situation éminemment dangereuse. Le régime doit s’estimer être au même point zéro avec la contestation généralisée du peuple. Il profite de la focalisation sur DSK pour cacher sa détresse et utilise cette déformation de l’espace médiatique pour préparer sa défense par des pendaisons, la propagande à Cannes et la programmation d’une bombe médiatique pour le 8 juin (après quoi le régime reprendra le cours de ses improvisations délirantes pour faire face à ses problèmes).


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article complémentaire 1 :
- Iran-Nucléaire : Changement de priorités, risques de conflits
- (14 Janvier 2011)

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