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Iran : La semaine en images n°114
25.04.2010

Il y a une semaine, le régime des mollahs avait annoncé la tenue à Téhéran de l’Iran Oil Show qui devait être la vitrine de l’inefficacité des sanctions contre l’Iran. Mais cette exposition réunissant les représentants des grandes compagnies européennes mais aussi chinoises n’a débouché sur aucune déclaration forte d’un des exposants. De fait, le régime a mis l’accent sur les nouvelles militaires de la journée de l’armée et les manœuvres des Pasdaran où il était question de fermer le détroit de l’Ormuz. La propagande militaire a été à la hauteur de la déception pétrolière de l’Iran Oil show. Téhéran a fait état d’une forte puissance de feu.



Double défi du détroit | Cette semaine de désarroi a pourtant commencé sur les chapeaux de roues avec la Journée de l’Armée de la république islamique le 20 avril. Chaque année à cette date, le régime fait défiler ses troupes et des armes terribles aux sons de slogans islamistes rappelant sans cesse l’unité de l’Iran et du Hezbollah. Ce défilé n’a pas lieu dans les rues de Téhéran à l’instar du défilé du 14 Juillet ; il a lieu dans un camp retranché sur le site clos du mausolée de Khomeiny. C’est un choix délibéré et judicieux dans la pure tradition d’opacité du régime qui a de nombreux avantages : le régime peut faire tourner en boucle quelques missiles pour donner l’l’impression (qu’ils en possèdent un) grand nombre. De plus, personne ne peut voir ces armes de près et chacun doit imaginer le pire en se contentant d’interpréter au mieux les images qu’on lui propose.

L’absence d’informations, le mystère, l’opacité sur les capacités guerrières réelles des mollahs sont essentiels car ils leur permettent de se prétendre en mesure de menacer la sécurité de la région, surtout la sécurité du détroit d’Ormuz par où transitent 60% du pétrole vendu dans le monde.

Cette menace revient régulièrement aussi bien quand Obama parle de nouvelles sanctions que lorsqu’il parle de dialogue inconditionnel entre les deux pays. La réponse des mollahs est toujours la même car en fait Washington les sanctionne à petites doses pour les affaiblir afin de les forcer au dialogue (in fine une entente dirigée contre la Chine) et c’est ce processus de réconciliation qu’ils redoutent. Et nos mollahs ont bien raison car en acceptant le dialogue et la réconciliation, ils devront cesser d’agir contre les intérêts américains dans la région (en désarmant le Hezbollah), puis autoriser le retour en Iran d’islamistes proches de Washington. En fait, en acceptant le dialogue, les mollahs vont donc déposer les armes sur le plan régional avant de se laisser déposséder du pouvoir au sein de leur propre régime, ce qui sera le début d’un avenir tumultueux d’où les menaces de blocage du détroit d’Ormuz.

Ces menaces n’ont en fait pas de réalité car le régime des mollahs ne dispose pas de DCA, de fait sa guerre pétrolière risquerait de durer moins d’une heure. C’est pourquoi Washington n’a jamais pris au sérieux cette menace. En revanche, elles lui posent un problème tactique car pour continuer à sanctionner les mollahs à petites doses, Washington ne peut pas soulever l’absence de danger pour le transit pétrolier. De fait, quand les mollahs parlent de bloquer le détroit d’Ormuz, ils se retrouvent vis-à-vis de l’opinion publique américaine dans l’obligation de s’éloigner de sa stratégie de dialogue qui doit piéger les mollahs. Pour éviter cela, depuis des mois, Washington censure les annonces anxiogènes des mollahs sur ce sujet ou encore sur la capacité militaire de Téhéran. Cela a mis les mollahs devant un double défi : affirmer leur capacité de blocage du détroit, mais aussi passer le blocus médiatique.

A l’occasion de la Journée de l’armée, à un moment où Washington les harcèle de sanctions et de demandes de dialogue, Téhéran a tenté de relever ce double défi. Puisqu’il lui fallait du lourd, il a oublié d’annoncer la mise en service de nouveaux missiles pour laisser entendre – avec la dose de mystère à respecter – qu’il avait enfin une DCA et pas n’importe laquelle une copie iranienne du fameux S-300 russe capable de détruire plusieurs missiles ou avions dans la même seconde. S’attendant à un embargo médiatique, il a opté pour la diffusion d’un buzz basé sur des rumeurs et des photos volées par les spectateurs lors du défilé du dimanche dernier.

Téhéran a préparé le coup avec minutie. Tout d’abord, il a diffusé des images du défilé où l’on voyait ses troupes multicolores et ses missiles notamment les derniers missiles mer-mer dont les performances avaient été censurées par Washington (l’avant dernière photo de la série). Il a aussi mis en avant la maquette du navire censé couler les pétroliers qui avait aussi été oublié par les médias américains (dernière photo).
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la DCA | Quelques heures après ces images officielles, le site d’Alain Soral a affirmé que les Iraniens avaient vu la réplique iranienne du S-300 défiler à Téhéran. Mais le régime s’est gardé de diffuser les images. Les premières images soi-disant prises par de simples spectateurs sont apparues quelques heures après sur un forum militaire iranien connu des observateurs étrangers. Téhéran a profité de l’occasion pour diffuser des photos d’autres missiles, comme le missile anti navire Raad (peint en noir). Les voici.
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Les photos de S-300 iranien où l’on ne voit rien sont nettes et la photo où l’on voit le système de redressage des tubes à missiles est floue, ne permettant pas de voir s’il s’agit d’une vraie arme ou de contrefaçon, autrement dit des grandes maquettes qui roulent. C’est d’ailleurs le point de vue exprimé très officiellement par la Russie.

Cette incroyable mise en scène n’a pas marché car les Russes s’en sont moqués brièvement avant d’adopter le silence comme les autres protagonistes de la crise à savoir les Américains, mais aussi les Européens ou encore les Chinois, tous étant dans une logique d’évitement des tensions.

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Enchaînement des menaces | Téhéran, qui voulait placer le monde entier devant une menace concrète avant de proposer la coopération pétrolière le 22 avril à l’inauguration d’Iran Oil Show pour neutraliser les sanctions américaines, s’est retrouvé en mauvaise posture. On ne le prenait pas au sérieux et l’on se moquait de lui. Il lui fallait faire du bruit d’une part pour faire oublier ses faux S-300, mais aussi pour relancer la menace sur le détroit. Pour faire diversion sur les S-300, il a expédié Ahmadinejad chez Mugabe pour une visite polémique agrémentée de propos foufous comme la dénonciation d’un complot satanique contre l’Iran et le Zimbabwe !
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Si Mugabe, qui est bien seul au monde, a voulu poser avec Mahmoud, d’autres comme les chiites du pays qui devaient bruncher avec lui semblaient moins enthousiastes.
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manœuvres navales | Tout le monde a parlé de ce voyage, mais l’information a marqué à nouveau une pause dès lors que le régime a tenté de relancer la menace sur le détroit d’Ormuz en annonçant la tenue de manœuvres navales des Pasdaran qui n’ont pas lieu à une date fixe, mais chaque fois que le régime veut mettre en avant les menaces du blocage du détroit d’Ormuz.

L’objet de l’opération étant d’expliciter la menace au moment de l’Iran Oil Show : Téhéran a annoncé que les manœuvres auraient lieu du jeudi 22 (date de l’inauguration d’Iran Oil Show) au 25 avril sur le détroit d’Ormuz. Décidément, très NRV(énervés), les mollahs ont programmé pour la première journée : Abordage et sabordage d’un navire le 22 avril dans le détroit pétrolier d’Ormuz !
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phase 2 des manœuvres navales | Au même moment, le ministre du pétrole inaugurait l’Iran Oil Show – foire pétrolière iranienne- aux côtés d’une myriade de personnalités du régime. Téhéran avait annoncé 400 exposants internationaux de haut niveau dont Total, mais sur les photos on n’a vu que des barbus. L’inauguration est été un fiasco ! Il n’a d’ailleurs eu presque aucun visiteur (les deux dernières photos de la séries).
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Le soufflet est tombé car en plus, personne n’a relevé pour le plaisir médiatique des mollahs la contradiction entre cette foire pour le pétrole et les manœuvres pour couper le pétrole. De fait, le 23 avril, journée de repos hebdomadaire, le régime a levé le pied. Il n’y a rien eu de spectaculaire pendant les manoeuvres : Téhéran a soi-disant testé des radars en situation d’intrusion d’ avions ennemis dans l’espace aérien iranien. Or, sur les photos proposées par le régime, nous n’avons vu aucune image d’avions ou de drones pour illustrer la simulation. Il est vraisemblable que Téhéran qui avait programmé les manœuvres au pied levé ne s’attendait pas à ce nouvel échec et avait besoin de temps pour trouver un plan de relance. Ce plan a été lancé le lendemain, le samedi 24 avril avec l’annonce d’une bataille entre les Pasdaran et l’aviation ennemie sur le site du détroit (ci-dessous) et l’annonce faite par les Pasdaran qu’ils pouvaient très bien prendre en main les projets gaziers délaissés par Shell ou Total.
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En fait, face à son échec de médiatisation de la menace du blocage du détroit, le régime a tenté d’expliciter cette menace en évoquant clairement sa préparation à une riposte aérienne et face à l’échec de la foire pétrolière de Téhéran, il est passé des promesses de ventes à bas prix des réserves iraniennes à la menace de ne rien vendre aux étrangers.

On peut parler d’un double n’importe quoi. Tout d’abord, parce que sur le plan militaire, en cas de simulation d’une riposte, on devait voir la DCA iranienne S-300 ou encore des missiles Hawk, or sur les images publiées hier on ne voit que des mitraillettes ou un très grand lance roquettes de type Katioucha. Ensuite, sur le plan gazier, le régime n’a pas besoin de main d’œuvre, mais d’investissements étrangers, ce que les Pasdaran n’ont pas. Par ailleurs, dans le cadre de ce genre de propagande, le régime avait confié un important gisement aux Pasdaran, mais le projet avait fait faillite.

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La tremblotte | De fait, la semaine a été un large échec pour le régime sur le plan international. Il n’a pas réussi à neutraliser les Américains, ni à les entraîner dans une escalade nuisible à leur projet d’entente. Téhéran se retrouve encore embourbé dans la guerre d’usure économique américaine qui le prive des devises nécessaires pour approvisionner le marché intérieur. Il devra nécessairement augmenter les prix pour brider le pouvoir d’achat afin de réduire par une baisse forcée de la consommation les risques de pénurie, ce qui présage une situation intérieure difficile surtout au moment du premier anniversaire du soulèvement de l’été dernier. C’est pourquoi le régime pris de tremblotte a continué à diffuser des nouvelles dissuasives de répression à l’encontre des jeunes.

Il a aussi continué à répandre les bruits selon lesquels Téhéran sera dévasté par un grand tremblement de terre pour faire vider certains quartiers qui avaient participé au soulèvement de l’été dernier. Dans le cadre de ce plan pour faire peur, le régime diffuse des images des quartiers très démunis qui seraient les plus en danger. Mais nous ne le croyons pas car ce sont des constructions légères. Contrairement à ce que dit le régime, les quartiers riches où les mollahs promoteurs ont construit des tours sans suivre les normes sismiques seront les plus exposés. Le régime n’en parle pas car il ne veut pas provoquer un exode de ses riches vers l’étranger. Ce mensonge des mollahs sur les sites à risque a été une aubaine pour les jeunes photographes iraniens hostiles aux mollahs pour montrer avec l’aval de leur direction l’Iran d’en bas, quartiers dignes des romans de Dickens où vivent tous ceux qui gagnent peu : ouvriers, instituteurs, infirmières, chômeurs…
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Quand on vit dans cet Iran d’en bas, le seul loisir est une parabole pour capter chaînes d’informations de l’opposition, où en dehors des débats, il y a des images des chanteurs d’avant la révolution quand la vie était différente et socialement très bien choyée.

Cette semaine, au moment où le régime a atteint le sommet de son effort pour provoquer les Occidentaux, un événement du passé est venu chatouiller cet Iran d’en bas. Le samedi 24 avril, on a fêté le 70ème anniversaire de la radio iranienne fondée par Reza Shah Pahlavi pour que les Iraniens écoutent de la bonne musique iranienne. Le bâtiment appelé la Station Sans Fil qui dépendait de l’armée iranienne avait été inauguré par le Shah, alors le prince héritier.
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Chacun s’est rappelé non pas l’histoire assez intéressante, mais méconnue de la radio iranienne, mais les émissions musicales qui ont vu le jour après 1960 et surtout l’émission phare d’avant la révolution : Sobhé Jomeh bâ shomâ (vendredi matin avec vous), où chanteurs et acteurs se succédaient à l’antenne en live pour des heures de déconnades et de fous rire.

Au moment où le régime s’égosillait pour faire entendre son message de haine, les fous rires du passé – que l’on revoit en boucle sur les télévisions satellitaires - sont revenus à la mémoire des Iraniens, comme un parfum d’élégance perdue. Si ces fous rire du passé n’avaient pas une charge émotionnelle forte, ils ont un goût de reproche, le régime aurait diffusé des images de cette époque. Mais il ne l’a pas fait. il a décidé de diffuser des images peu parlantes d’archives, de registres.
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Mais le vieil archiviste n’a pas ouvert son cahier au hasard, on y voit des noms célèbres : un grand journaliste monarchiste mort récemment en exil, un musicien de renom qui reste La référence pour les jeunes musiciens : 1ere photo). Voici cet Iran que nous aimons tous et qui fait rêver le peuple, un Iran où la radio était la maison des artistes comme le poète Rahi Moayyeri (dernière photo à gauche en compagnie de Davoud Pirnia le responsable du cultissime programme musical "les fleurs éternelles").
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