La bourde de l’AFP
06.10.2005
Iran : des voix s’élèvent pour critiquer la diplomatie nucléaire ! ! !
Selon une dépêche de l’AFP, la diplomatie nucléaire du nouveau gouvernement du président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad est de plus en plus critiquée en Iran alors que sous la pression des Occidentaux le dossier iranien pourrait être envoyé au Conseil de sécurité des Nations Unies.
Les premières flèches ont été lancées par l'ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani, l'un des plus hauts personnages du régime iranien.
« La question nucléaire n'est pas un terrain pour lancer des slogans, c'est la place de la diplomatie et des négociations. Il faut mener une action diplomatique importante, sage et logique et agir avec patience et retenue (...) sans donner de prétextes à l'ennemi », a-t-il déclaré lors de la prière de vendredi de Téhéran.
Peut-être que les traducteurs de l’AFP maîtrisent mal la langue persane. Voici la traduction exacte des paroles de Rafsandjani, le maître absolu de l’Iran :
« Le Nucléaire est vital pour notre pays. Nous n’accepterons pas de Capitulation, la technologie nucléaire est notre droit et nous avons prouvé notre désintérêt pour les aspects militaires de cette technologie. Nos interlocuteurs sont convaincus que ceci n’est pas notre droit, nous pensons le contraire. Il n’y a aucune marge de manœuvre et nous devons mettre au clair cette affaire. Si les pays qui sont opposés à la République Islamique désirent nous faire peur avec ces multiples résolutions, ils doivent savoir que nous agirons de sorte que notre pays puisse disposer de cette technologie. La voie de l’affrontement ne sera pas pour eux comparable à une autoroute mais un chemin miné qu’ils ne s’y engagent pas. Nous avons les moyens de les combattre. »
Par ailleurs, cette dépêche de l’AFP apporte de l’eau au moulin des mollahs en écrivant :
Depuis l'élection de M. Ahmadinejad et la mise en place de la nouvelle équipe de négociateurs, dirigée par le conservateur Ali Larijani, les négociations avec les trois grands pays européens ont été rompues. Après les propos de M. Rafsandjani, les mises en garde et les critiques contre les « erreurs de jugement » de la nouvelle équipe nucléaire se sont multipliées ces jours-ci.
Des voix se sont élevées pour mettre en garde contre un isolement international de l'Iran et ses conséquences, y compris sur le plan économique.
Et l’agence française cite des députés « modérés », « minoritaires » qui auraient accusé les responsables nucléaires de « ne pas tenir compte des intérêts nationaux dans leurs déclarations ».
L’AFP rapporte que ces députés « modérés » déplorent que « malheureusement, la première décision du gouvernement a été de changer l'équipe de négociateurs »… Et l’agence française cite « l'ancien vice-ministre des Affaires étrangères, fidèle de l'ancien président réformateur Mohammad Khatami » qui déclare : « La résolution de l'AIEA est lourde de conséquence et il y aura de nombreux problèmes pour notre politique étrangère ».
Il a ajouté que « la résolution est le plus grand échec de notre diplomatie depuis l'affaire Mykonos », qui avait vu l'Iran condamné en 1997 par un tribunal allemand pour l'assassinat de quatre opposants kurdes iraniens à Berlin en 1992.
Mitraillage du restaurant Mykonos à Berlin : Le procès Mykonos a établi la responsabilité de Rafsandjani dans cette affaire de meurtres des opposants kurdes. Il est depuis sous mandat d’arrêt international.
Mais le plus choquant n’est pas l’amnésie du journaliste qui a rédigé cette dépêche, mais sa méconnaissance du système politique de la république islamique !
Les pouvoirs du Parlement sont quasi inexistants : Le Guide Suprême et le Conseil des Gardiens de la Constitution avaient tous deux le pouvoir d’annuler les textes qu’il élaborait et depuis le mardi dernier, Rafsandjani est devenu le maître absolu du système. Désormais Rafsandjani, chef du Conseil de Discernement dessine la politique générale de l’Iran dans tous les domaines et supervise les trois pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.
Comment est-il possible que le journaliste de l’AFP ait pu laisser passer une telle information ?
La bourde a échappé à la vigilance du comité de rédaction de l’AFP.
Le journaliste, sans doute un pigiste, revient sur le clivage réformateur-conservateur sans rappeler les décevantes déclarations de Khatami qui a, tout récemment encore, salué l’action du Hezbollah et rappelé la nécessité de maîtriser le cycle de la production des combustibles nucléaires.
Nous espérons que le Comité de Rédaction de l’Agence française ne nous ne nous en voudra pas pour ces remarques qui sont réalistes et considérera avec attention nos propos.
Les réformateurs, les modérés et les conservateurs de la république islamique soutiennent avec le même égal enthousiasme le Hezbollah ou la Syrie, la sévérité exempte de toute réhabilitation de la Charia, le projet terroriste de la destruction d’Israël ou encore les ingérences des mollahs en Irak.
Nous prions le comité de Rédaction de l’AFP de se montrer vigilant dans la rédaction des dépêches au sujet de l’Iran et de ne pas tomber après huit ans d’erreurs consécutives dans le piège des réformateurs et des conservateurs.
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