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L’aventure Kurdo-Chiite (Irakienne) des mollahs
06.10.2005

La guerre au sommet entre d’anciens « protégés » des mollahs : Les dirigeants kurdes Jalal Talabani et Massoud Barzani, qui reprochent notamment au Premier ministre Ibrahim Jaafari d’accaparer le pouvoir exécutif, ont mis en garde contre un retrait de leur soutien au gouvernement, a affirmé lundi un membre du parti de Massoud Talabani.



« Si vous ne résolvez pas rapidement ces problèmes, cela affectera notre alliance », ont affirmé le président irakien et le président du Kurdistan d’Irak dans une lettre envoyée, ces derniers jours, à Jaafari.

Les deux chefs kurdes reprochent au Premier ministre de ne pas respecter un accord d’alliance signé avant la formation du gouvernement, après les élections de janvier, remportées par les listes chiite et kurde.

Il est judicieux de rappeler l’historique des liens entre Talabani et Barzani qui sont bien mal placés pour donner des leçons de morale à Jaafari.

Jalal Talabani, 71 printemps, est un curieux personnage. Ses premiers amours l’ont conduit en URSS et en Chine. En 1970, il a dû s’exiler de l’Irak après sa révolte contre son mentor, le Général Barzani, le père de Massoud Barzani. Il a alors vécu à Beyrouth et à Damas, où il a noué d’étroites relations (selon sa biographie officielle) avec les dirigeants palestiniens parmi lesquels Georges Habache, du FPLP (liens syriens qui auraient pu lui être utiles pour se rapprocher des mollahs de la république islamique d’Iran).

Talabani et les Barzani (père et fils) ont eu des liens avec le régime des mollahs.

Durant la guerre Iran-Irak, les mollahs ont recruté le clan Barzani et le PDK pour aider à combattre le PDK iranien, pendant que l'UPK de Talabani formait une alliance avec Saddam qui n’a pas duré.

En 1987, le PDK et l’UPK ont formé une alliance avec les mollahs contre Saddam. En mars 1988, cet accord a permis aux Gardiens de la Révolution de rentrer dans les territoires kurdes et de s’emparer de la ville de Halabja que Saddam attaquait immédiatement avec des armes chimiques (tuant selon les estimations plus de 6.000 civils).

Suite à l’invasion irakienne du Koweït, le PDK et l’UPK ont uni à nouveau leurs forces contre Saddam, mais l’armée a déraciné la résistance kurde.

En mai 1992, des élections furent tenues au nord de l’Irak menant à la création d’un Parlement et d’un gouvernement régional kurdes. Le PDK et l’UPK ont partagé tous les sièges du nouveau Parlement de manière égale et ont déclaré être en faveur du fédéralisme et qu’ils respectaient l’intégrité territoriale de l’Irak. Le mois suivant, le PDK et l’UPK rejoignaient les rangs du CNI « Congrès National Irakien » d’Ahmad Chalabi (actuel vice-premier minsitre et adjoint de Jaafari , l’islamiste de vervice) qui s’est avéré être un agent des mollahs. Quand ces derniers organisaient des attentats contre les membres du gouvernement provisoire, il était l’informateur qui renseignait les mollahs sur les itinéraires de ces collègues.

Leurs efforts (PDK+UPK) pour construire un gouvernement stable dans le nord de l’Irak étaient vains. Incapable de contrôler et d’administrer un territoire ravagé, le gouvernement kurde a laissé les milices du PDK et de l’UPK pour faire respecter la loi et l’ordre.

Les milices se sont détournées des institutions civiles, suivant soit les ordres directs de Barzani ou de Talabani, et ont plongé les Kurdes une fois encore dans une spirale de violence tribale avec le PDK opposé à l’UPK dans une véritable guerre civile.

Barzani contrôlait les régions situées le long de la frontière turque « le Barzani land » et aidait Ankara à mater le PKK (aidé par la Syrie et les mollahs) en échange d’un soutien logistique, pendant que Talabani en contrôle des régions situées le long de la frontière iranienne « le Talabani land » aidait les mollahs à pourchasse les Kurdes iraniens en échange de quelques bombes pour les larguer sur le territoire du PDK (août 1996).

Barzani a fait des représailles avec l’aide de Saddam Hussein. Ce dernier envoya son armée bombarder le Talabani land.

Le plus drôle reste le crêpage de chignon entre Talabani et Jaafari car tous deux ont été soutenus financièrement par le régime des mollahs et gardent des liens avec l’axe irano-syrien. D’ailleurs, le 5 septembre 2005, Talabani déclarait : « les Irakiens et plus particulièrement les kurdes sont redevables à la République Islamique pour leur soutien durant la dictature de Saddam ». Vrais spécialistes du coup fourré, Talabani et Barzani changent d’alliance comme de chemise. ». Il semblerait que leur cas ne soit pas unique.

Ibrahim Jaafari, un médecin âgé de cinquante-quatre ans natif de Karbala, a adhéré au parti islamiste clandestin du Dawa en 1966. Au début de la guerre Iran-Irak, son parti déclenche des actions armées contre le régime de Saddam et contre Saddam lui-même. Il est contraint de s’enfuir. Il se réfugie en Iran où il noue de solides amitiés parmi les cercles du régime. Puis il quitte ce pays en 1989 et s’installe à Londistan.

Le Dawa est partisan de l’islam comme source exclusive de la législation. Le parti d’Iyad Allaoui accuse Jaafari d’être un allié des mollahs et de tenir un discours à la carte : radical quand il s’adresse aux chiites religieux, modéré en direction des laïques et des Kurdes.

- Talabani et Barzani, les deux frères ennemis n’ont plus besoin des mollahs et sentent la fin de leur régime et ne prêtent plus attention aux intérêts de ces derniers. Un discours d’éloge et la page est tournée.

- Les kurdes par l’intermédiaire de Hoshyar Zebari ont même adressé un message de détresse à la ligue Arabe qui semble plus fiable comme partenaire que les mollahs. C’est du « chacun pour soi » …



Il semblerait que l’aventure Irakienne (kurdo-chiite) des mollahs tourne au fiasco.


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