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Coup double : L’Europe sauve la face ... et ses intérêts en Iran
25.09.2005 (nos commentaires)

La résolution de l’Allemagne, de la France et de la Grande-Bretagne (UE3) condamnant l’Iran, notamment pour avoir repris la conversion d’uranium en août, ne demande pas expressément la Saisine du Conseil de Sécurité de l’ONU à ce stade - contrairement à un projet précédent -, mais elle établit les conditions d’un transfert ultérieur.



C’est la première fois depuis 2003, et un vote sur l’envoi du dossier de la Corée du Nord au Conseil de Sécurité, que le Conseil des Gouverneurs ne prend pas de décision à l’unanimité.

22 des 35 pays du Conseil des Gouverneurs, l'exécutif de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), ont voté « pour », un (le Venezuela) a voté « contre » et douze, dont la Russie et la Chine, se sont abstenus, a précisé la porte-parole, Melissa Fleming.

Des modifications proposées par les Russes ont été repoussées par les Britanniques, d’après un diplomate occidental. Les Russes se sont donc abstenus malgré ce refus.



« Si l'Iran persévère dans la voie qu'il suit aujourd'hui, les risques de prolifération sont trop élevés. Nous espérons que tous les membres de la communauté internationale resteront unis. Il nous appartient collectivement de relever le défi », écrivaient en début de semaine les trois ministres européens qui peinent à convaincre les mollahs d’abandonner leur politique de prolifération.

Si les Européens, comme ils le prétendent, étaient réellement préoccupés par les risques, ils ne tarderaient pas à limiter leurs relations commerciales avec ce pays afin de démontrer la détermination du plus important partenaire commercial de l’Iran. La France, l’Allemagne et l’Angleterre monopolisent plus de 52 % du marché iranien hors pétrole. N’est-ce pas suffisant pour mettre la pression à l’Iran ?

Il faut admettre que cette relation tient en respect les Européens plus qu’elle ne pourra jamais tenir en respect leur turbulent partenaire.

Nous l’avons vu cette semaine, d’autres très importants partenaires commerciaux des mollahs, comme les Japonais et les Australiens se sont prononcés en faveur d’une Saisine et de Sanctions. La Chine et la Russie se sont abstenues. Il n’est donc pas impossible de se montrer ferme tout en étant très diplomate ou très inflexible ce qui à l’évidence ne fait pas partie des options de l’UE.

Les Européens ont voulu, semble-t-il, condamner l’Iran afin de préserver l’autorité de l’Agence. Nous pensons que l’ambiguïté de leur politique à l‘égard de la République Islamique constitue un obstacle majeur à l’aboutissement pacifique de cette affaire. Ils menacent de saisir, Ils changent d’avis, sont conciliants ou au contraire adoptent des postures courroucées. Cette versatilité nuit à leur propre autorité alors comment imaginer qu’ils puissent restaurer l’autorité de l’AIEA qui n’en a jamais eu et dont l’application du TNP ne fait partie de ses obligations ?

Avant de restaurer l’autorité de l’AIEA et d’appeler à l’unité de la communauté internationale, les Français, les Allemands et les Britanniques feraient mieux de restaurer leur propre autorité en cessant leur politique à géométrie variable.

Les Européens ne sont pas au bout de leurs peines et leur manque d’autorité et de direction claire encourageront les mollahs à persévérer.

Nous verrons quels autres astuces les Européens trouveront pour surtout ne pas être les initiateurs de la saisine.