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Iran : La semaine en images n°36
26.10.2008

Les projets de développement de la production du gaz sont en panne et les investissements étrangers sont bloqués par les sanctions américaines. Par conséquent, l’Iran manque de gaz pour faire fonctionner ses centrales électriques et donc son industrie et en même temps il manque de devises et ne peut donc importer le gaz nécessaire pour ses besoins domestiques. Face à la cascade de problèmes qui attend le régime avec l’arrivée de l’hiver, il a décidé d’afficher sa sérénité sur les thèmes rebattus de sa réussite dans les domaines gaziers, économique et social. Mais la 36ième édition de la semaine en images nous montre des photos tronquées pour cacher une réalité plutôt morose.



La première opération de communication du régime a été l’annonce tonitruante de l’inauguration de la phase 6 du champ gazier South Pars et l’évocation d’une rentrée de 4 milliards de dollars de revenus. Il s’agissait de rassurer les entrepreneurs iraniens très inquiets par le spectre des pénuries, mais l’annonce est fausse car la phase 6 n’avait pas été conçue pour l’approvisionnement des besoins domestiques, mais pour être injectée dans les puits de pétrole pour y maintenir la pression et son entrée en fonction ne pourra suffire à subjuguer la pénurie. Par ailleurs, cette phase 6 n’est même pas achevée : le régime a dû tronquer les photos pour dissimuler le chantier en cours !

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

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Mais le régime joue de la malchance : il a toujours privilégié une multiplication des agences de presse pour proposer une multitude de versions pour chaque nouvelle. Or, chaque agence a son service photographique et chacune doit trouver un angle inédit. C’est pourquoi on arrive quand même à trouver des photos qui s’écartent du cadrage officiel imposé. C’est ce qui nous permet d’alimenter cette rubrique chaque semaine. Voici là, la phase 6 qui est loin d’être en fonction et les visages consternés de ses visiteurs qui accompagnent Ahmadinejad (cadrages serrés vers le ciel).

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Ces images ne sont pas l’œuvre d’un photographe rebelle, mais d’un iranien normal habitué à vivre dans les gravas de travaux interminables, commencés mais jamais achevés. Actuellement, deux des principales avenues de Téhéran ont depuis 7 mois une allure de Bagdad et cela ne risque pas de s’arranger avec l’arrivée des premières pluies transforme les villes iraniennes en égout à ciel ouvert.

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Parallèlement à l’annonce bidon de gaz à flots de la phase 6 de Pars sud, le régime nous a proposé les scènes de présence massive d’Iraniens qui se seraient déplacés pour accompagner les cercueils de trois martyrs à l’Université de Téhéran pour y être enterrés dans les jardins en honneur de la commémoration de la disparition du 5ième imam du chiisme. La quasi-totalité des agences ont fait des cadrages serrés sauf l’une d’entre elles, l’ISNA. Ces photos nous montrent une foule d’environ 650 manifestants dont une dizaine de pleureuses professionnelles au coût horaire de 20 dollars pour les réunions privées et 100 dollars pour des opérations médiatiques (les hommes prennent moins chers). Ce n’est pas négligeable, c’est le salaire mensuel d’un ouvrier. Mais les photos serrées ont aussi leur importance : on voit clairement que les cercueils sont vides, un héritage des procédés révolutionnaires de Khomeiny !

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le pack des 200 pleureuses à 20 $

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Le Pack, unité de comptage est au fond !

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Tout est instrumentalisé en Iran par les mollahs, car figurez vous que le régime n’a pas pleuré toute la semaine en attendant la commémoration de la mort de son 5ième imam ! Le régime a même organisé des évènements très joyeux cette semaine dont un festival de théâtre comique qui a succédé à une soirée très joyeuse pour la distribution du 1er prix Gol Agha du nom d’un quotidien satirique soi-disant très critique à l’égard du régime. Quand l’AFP Téhéran, qui est devenue la succursale des Pasdaran, avait publié un article sur ce quotidien, nous avions remis en cause sa version : notre commentaire se confirme avec la présence de la directrice du titre à cette soirée organisée par le régime où elle rit de bon cœur avec ceux qu’elle est censée dénoncer.

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Si les mollahs ont ri la semaine et aligné le samedi 25 dans les rues leurs pleureuses professionnelles, c’est qu’ils avaient un compte à régler avec l’histoire en ce 25 octobre. Ils voulaient prétendre que le peuple est derrière eux pour pleurer ses martyrs et non pas « l’autre né un 25 octobre » . Cet autre, le shah d’Iran, fait peur aux mollahs bien qu’il soit mort depuis longtemps. Il n’a même pas besoin de dire qu’il avait réussi à façonner un pays moderne, une université laïque, une société avec des femmes libres et surtout une économie prospère avec une croissance supérieure à 13% bien avant que les prix du pétrole passent de de 5 à 10 dollars ! Et s’il ne reste rien de ces progrès, il reste ceci (et là, on rit moins).