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Les différents scénarios à l’issue de la réunion de l’AIEA
20.09.2005 ( Le Monde )

L’exécutif de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a commencé, lundi 19 septembre, une réunion d’une semaine à Vienne qui doit surtout être consacrée au refus de l’Iran de renoncer au combustible nucléaire. La Troïka européenne et les Etats-Unis devraient presser le bureau directeur de l’Agence d’adopter une résolution exigeant le renvoi du dossier nucléaire iranien devant le Conseil de sécurité des Nations unies.



Traditionnellement, le bureau directeur de l’AIEA ne vote pas les résolutions, mais les adopte par consensus. Mais, d’après des diplomates, l’éventuelle résolution de l’UE appelant à la saisine du Conseil de sécurité devrait être soumise au vote, comme ce fut le cas en février 2003 concernant le nucléaire nord-coréen.

Le Conseil des Gouverneurs de l’AIEA est composé de trente-cinq pays. L’Inde, le Pakistan, le Venezuela et l’Afrique du Sud sont opposés à une saisine du Conseil de sécurité, tout comme la Chine, la Russie et le Brésil. À l’issue de la réunion de l’AIEA, trois scénarios sont possibles :

Échec de la résolution : Les pays occidentaux, emmenés par l’UE et les Etats-Unis, perdent le vote de la résolution. L’Iran échappe par conséquent à la menace de sanctions de la part de l’ONU.

Ultimatum : Les Occidentaux acceptent le compromis proposé par le directeur général de l’AIEA, Mohamed El Baradei. Ce dernier suggère qu’un ultimatum soit lancé à l’Iran pour qu’il suspende ses activités nucléaires sensibles, dont il a annoncé la reprise le mois dernier. Cette solution semble bénéficier d’un large soutien au sein du conseil des gouverneurs et permettrait de repousser une éventuelle confrontation avec Téhéran.

Résolution approuvée : Si la résolution américano-européenne est approuvée, le Conseil de Sécurité de l’ONU est alors saisi. Or l’Iran avait menacé dans ce cas de reprendre ses activités d’enrichissement sur le site de Natanz et de réduire sa coopération avec l’AIEA.

En cas de saisine du Conseil de Sécurité de l'ONU, la Chine et la Russie, qui y bénéficient d’un droit de veto en tant que membres permanents, peuvent s’opposer à toute prise de sanctions. Dans le cas de la Corée du Nord, le Conseil de Sécurité n’a pris aucune mesure depuis sa saisine, en février 2003. Si Moscou et Pékin n'usent pas de leur droit de veto, le Conseil de Sécurité peut publier une déclaration soutenant le travail de l’AIEA et appelant Téhéran à suspendre ses activités d’enrichissement.

Le Conseil de Sécurité pourrait accorder des pouvoirs accrus aux inspecteurs de l’AIEA, comme ce fut le cas en Irak avant le déclenchement de la guerre en 2003. Il exigerait alors des comptes-rendus réguliers de la part e M. El Baradei sur l’évolution des inspections. En théorie, le Conseil peut donner son feu vert à des actions militaires, hypothèse peu probable selon des diplomates.

Les Etats-Unis et l’UE pourraient également presser l’ONU d’adopter des sanctions diplomatiques et des interdictions de déplacements pour les responsables du régime iranien. Des sanctions économiques, comme celles imposées à la Libye et à la Chine pourraient aussi être décidées.