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Iran : La Russie en fait un peu trop
08.07.2008

Le Premier ministre russe Vladimir Poutine et Ahmadinejad ont eu une conversation téléphonique au cours de laquelle ils se sont prononcés pour l’achèvement dans les temps de la construction de la centrale nucléaire de Bouchehr en Iran. Ils ont également discuté des questions liées à la coopération bilatérale dans les domaines des transports et des équipements militaires, a annoncé le gouvernement russe dans un communiqué.



Il y a à peine 3 jours, lors du Congrès mondial du pétrole à Madrid, le ministre iranien du pétrole est allé à l’encontre du projet iranien d’un cartel d’Etats producteurs de gaz sur le modèle de l’OPEP pour adopter la version russe du projet, très loin des objectifs défendus par Téhéran. On aurait pu en conclure que les deux parties évoqueraient dans cette conversation téléphonique leur vision commune dans le domaine énergétique, mais pas du tout ! Ils ont en priorité évoqué l’achèvement de Bouchehr !

Le communiqué mentionne vaguement une coopération dans les domaines des transports et des équipements militaires, mais aucun projet précis. Ce détail n’est pas anodin.

A Madrid, la Russie a imposé aux iraniens une volte-face sur l’OPEP de gaz car elle a un formidable moyen de pression sur eux : l’achèvement de Bouchehr. Téhéran prétend qu’il enrichit de l’uranium pour fabriquer du combustible pour Bouchehr. Sans l’alibi de Bouchehr, Téhéran ne peut justifier le maintien de son programme nucléaire.

Connaissant l’importance rhétorique de cet équipement pour Téhéran, Moscou ne cesse de retarder son achèvement afin d’empêcher les mollahs d’aller dans le sens d’une entente séparée avec les Etats-Unis, entente qui anéantira sa mainmise sur le gaz de l’Asie Centrale. Actuellement, la Russie achète du gaz en Asie Centrale au prix de 170 $ les milles mètres cubes (ou Gm3) et les vend à 400 $ et bientôt à 500 $ aux européens. C’est grâce à ce commerce que Gazprom est devenu le géant qu’il est. Moscou ne peut tolérer un rapprochement entre Téhéran et Washington ni aucune négociation bilatérale à n‘importe quel prétexte. Au cours des derniers mois, les travaux d’achèvement de Bouchehr qui ont connu de nombreux retards en raison des multiples démarches iraniennes pour reprendre le dialogue avec Washington au prétexte de rétablir la sécurité en Irak.

Pour amadouer les russes, les mollahs ont consenti à abandonner leur projet d’OPEP de gaz qui allait également à l’encontre des ambitions planétaires de Gazprom. Après ce geste madrilène de Téhéran, la Russie qui a réellement besoin de l’Iran et de ce régime pour maintenir sa mainmise sur l’Asie Centrale a aussi fait un geste concernant Bouchehr. Poutine promet de reprendre les travaux d’achèvement et de les terminer dans les délais sans, selon son habitude, préciser de quels délais il s’agit tellement ces travaux ont été retardés malgré de précédentes promesses de ce cher Vladimir.

Cependant pour rassurer ses turbulents alliés enturbannés, Moscou n’avait pas besoin de révéler le contenu de leur conversation privée. En étalant cette conversation au grand jour, Moscou a rappelé aux mollahs leur degré de dépendance à son égard.

Pour insister sur cette dépendance iranienne, au même moment à Toyako, le président russe Medvedev s’est adressé à Bush pour plaider en faveur d’un dialogue avec l’Iran alors que ce dernier a encore refusé d’aller dans le sens des recommandations du Conseil de Sécurité. La Russie rappelle aux mollahs à quel point elle peut leur être utile dans tous les domaines et elle en fait un peu trop.

Téhéran a besoin d’une entente statu quo avec Washington et sous peu Moscou devra trouver un autre faux prétexte pour retarder l’achèvement de Bouchehr.

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Pour en savoir + sur Bouchehr :
- Iran – Russie : Le torchon brûle entre les deux alliées
- (16 MAI 2008)

| Mots Clefs | Nucléaire : Equipements & Centrales |

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