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Iran : Attentats et improvisations malencontreuses
20.05.2008

Comme nous l’avions dit dans nos premiers commentaires consacrés à l’attentat de Chiraz, cet attentat mis en scène par le régime n’avait pas dit son dernier mot et risquait de nous réserver de nouvelles surprises. C’est le cas ! Au gré de ses besoins quotidiens, le régime y ajoute des éléments, parfois même à l’improviste, sans avoir réfléchi aux conséquences de ce collage infernal.



Dans un premier temps, le régime avait annoncé un suspect arrêté et un tué, tous deux liés à Washington et à Londres : il s’agissait de protester contre la décision anglo-américaine de retirer les Moudjahiddines du peuple de la liste britannique des groupes terroristes. Par la suite, le régime a enchaîné les annonces pour alimenter l’affaire : on est ainsi passé de 1 à 12, puis à 15 suspects afin de prétendre que les américains entretiennent des réseaux de terroristes, l’annonce étant une réplique aux derniers discours de Bush avant sa tournée où il qualifiait les mollahs de parrains du terrorisme.

C’est à ce moment-là que le régime a arrêté les 7 chefs Bahaïs : aussitôt il a été annoncé qu’ils faisaient partie du réseau des auteurs de l’attentat de Chiraz. Les Bahaïs sont une minorité influente aux Etats-Unis, les inclure dans le fourre-tout de cet attentat revient à assurer le succès médiatique de l’affaire.

Cependant il s’agit d’un rajout improvisé car initialement cette arrestation semble avoir été programmée pour faire de la publicité au Rapport de Shirin Ebadi sur les questions des droits de l’homme. Le rapport évoque opportunément les brimades imposées aux Bahaïs (mais ne cite aucun autre groupe brimé comme les sunnites ou les réfugiés afghans) et l’actualité rattrape le rapport avec cette arrestation délibérément ostentatoire qui a lieu deux jours avant la publication. Sans doute, l’avocate Ebadi défendra ces innocents injustement accusés, mais le régime a fait une erreur en essayant de rentabiliser simultanément les deux affaires (Chiraz et l’actualité de Shirin Ebadi).

Effectivement, ce rajout publicitaire improvisé risque de desservir l’affaire car il rappelle la fausse accusation d’espionnage des 13 juifs iraniens sous Khatami, accusation qui rappelons-le n’avait suscité aucune réaction de la part de la future lauréate du prix Nobel de la Paix !

Ce n’est pas la seule erreur d’improvisation dans cette affaire. Quand les russes ont bloqué une cargaison destinée à Bouchehr, pour leur faire peur, le régime a laissé entendre que les diplomates russes résidant en Iran pourraient être victimes d’un attentat à l’explosif. Pour informer les russes du sérieux de ses menaces, il a prétendu qu’il venait de déjouer un attentat par les auteurs de l’affaire Chiraz. Les russes avaient aussitôt débloqué la cargaison et promis de ne plus recommencer.

Mais cette improvisation ouvre une polémique puisque le régime avait prétendu que le groupe de Chiraz était lié à Washington. A présent les mollahs se retrouvent face à un problème inattendu : l’accusation indirecte que Washington paierait des terroristes pour tuer les diplomates russes ! Moscou n’a certainement pas besoin de ce genre de problème… Afin de ne pas nuire à la qualité de leurs relations avec les russes, les mollahs devront revoir leur copie sur ce point également.

C’est peut-être la raison des retards de la publication des éléments du dossier dans la presse iranienne. Les mollahs cherchent sans doute à rescénariser l’implication des Bahaïs et des russes (pour contourner ses effets indésirables).

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

Pour en savoir + sur cette affaire :
- Iran : Le régime accuse les monarchistes d’un attentat à Chiraz
- (9 MAI 2008)

| Mots Clefs | Terrorismes : Attentats en Iran |

| Mots Clefs | Institutions : Désinforamation et fausses rumeurs |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Alliance IRAN-RUSSIE |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : USA |