En février 2008 dans son rapport au Conseil de Sécurité, El Baradei avait affirmé avec certitude que Téhéran disposait d’une nouvelle génération de super-centrifugeuses, et dans la foulée il avait demandé que l’on reconnaisse au niveau international la compétence nucléaire des mollahs. Il avait alors évoqué comme preuve de cette compétence, l’existence de nouvelles centrifugeuses sur la base d’une rumeur répandue par les britanniques via l’agence Reuters. Les mollahs ont reconnu avoir été à l’origine de cette rumeur : cela n’a pas perturbé El Baradei !

Il y a toujours eu une interaction entre les attentes de Téhéran et les rapports d’El Baradei, mais cette affaire (à répétition) des super-centrifugeuses de Téhéran a surtout mis en valeur une interaction entre El Baradei et les britanniques. En produisant des rapports qui reconnaissent à la fois les compétences nucléaires des mollahs sans affirmer qu’il peut y avoir un volet militaire, El Baradei satisfaisait certes Téhéran, mais bien plus Londres qui ne souhaite aucun changement américain de régime en Iran. C’est pourquoi Londres a toujours œuvré en coulisse pour renforcer Téhéran afin de lui obtenir une reconnaissance internationale qui rendrait ce régime ami inamovible.

Londres est même intervenu en Irak en proposant gentiment de prendre en charge le sud chiite où il a toujours laissé les mollahs agir à leur guise aussi bien via les policiers irakiens rémunérés par Téhéran que via des rapports diplomatiques qui prônent une plus grande ingérence iranienne en Irak. C’est Londres qui souhaitait épauler les mollahs pour obtenir une reconnaissance de leur droit à l’enrichissement afin de neutraliser le plan américain qui consiste à sanctionner les mollahs avec un prétexte nucléaire pour les affaiblir et les soumettre à un deal américain.

Cependant, les britanniques ont estimé que les mollahs avaient dépassé les bornes et leurs récentes revendications nucléaires toutes en images pourraient donc conduire à un effet inversé. Il y a 4 jours, ils ont changé leurs fusils d’épaule pour affirmer dans le quotidien The Independent que les mollahs avaient des performances très limitées avec leurs 3000 vieilles centrifugeuses [1], sans faire aucune allusion à de nouvelles super centrifugeuses !

Aussitôt, El Baradei s’est cyniquement aligné sur Londres [2]. L’objectif de ces plans médiatiques reste le même : rallonger les délais pour attendre Obama qui souhaite rompre avec la politique de Bush, et aider Téhéran à obtenir une dérogation pour un droit à l’enrichissement, dérogation qui neutralise définitivement les prétextes utilisés par Washington pour malmener les mollahs, ces amis centenaires du Foreign Office.

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