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Atelier | Iran : la révolution politique ne passera pas par les blogs
12.04.2008

Les iraniens bénéficient d’une des blogosphères les plus riches du net. Un univers virtuel vaste, mais qui reste peu politisé.



Contrairement à l’idée qui voudrait que les bloggeurs iraniens soient des jeunes démocrates critiquant le régime, la blogosphère iranienne est largement composée de religieux conservateurs soutenant le gouvernement. C’est en tout cas ce qu’estime le Berkman Center for Internet and Society, qui établit dans un rapport un panorama du paysage web en Iran. L’étude, nommée « Mapping Iran’s Online Public : Politics and Culture in the Persian Blogosphere » revient en effet sur l’un des réseaux web les plus riches et les plus étendus du monde : celui constitué par les blogs, forums et espaces de chat de la Perse. Un réseau vaste (il contient près de 60,000 blogs), qui réunit une foule variée et hétéroclite de bloggeurs : membres du Hezbollah, adolescents de Téhéran, expatriés aux Etats-Unis, poètes, journalistes dissidents etc. Mais qui apparemment ne constitue pas un média alternatif à ceux considérés comme « à la solde du régime ». L’un des facteurs explicatifs pouvant être que le gouvernement bloque l’accès à la plupart des blogs dissidents, et envoie de nombreux auteurs en ligne en prison.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

Le web repère les opposants

Ces actions sont cependant moins dissuasives qu’on pourrait l’imaginer. Les chercheurs indiquent ainsi que les discussions politiques se sont peu à peu déplacées des blogs aux forums, où elles sont moins facilement repérables. « On aimerait nous faire croire que les blogs nous offrent un espace d’expression libre », explique l’opposant au régime Kaveh Mohseni, fondateur du site d’analyse de l’information iranienne Iran Resist. « Mais ils restent avant tout un moyen de dénicher les dissidents ». Kaveh Mohseni reste ainsi sceptique quant à l’impact du web sur l’évolution politique de l’Iran. Selon lui, la majorité des sites et blogs sont contrôlés en permanence et soumis à la censure. « J’ai pu remarquer que parmi les visiteurs de mon site, pas un seul n’avait une adresse IP provenant d’Iran. Ce que je ne peux m’empêcher de ne pas trouver étonnant... » [1] Il en est de même pour la télévision par satellite : « les chaînes sont peu à peu vidées de leur contenu », déplore-t-il.

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La politique ne passe pas par Internet

Par ailleurs, les sujets les plus discutés sur la Toile ne comprennent pas la politique. La religion arrive en haut de la liste, puis on trouve l’histoire et la culture perse, et plus particulièrement la poésie. Une diversité qui traduit parfaitement la culture complexe de l’Iran. Mais qui ne fait pas d’Internet un média alternatif pour les dissidents du régime. Le fondateur d’Iran Resist indique que la situation iranienne n’est pas comparable avec la révolution orange en Ukraine. « A mon grand désespoir, la jeunesse iranienne reste peu politisée et utilise Internet plus comme un outil de divertissement que comme une véritable source d’information alternative », regrette-t-il. Reste que l’étude démontre une véritable intrusion du web dans le quotidien des iraniens. Au-delà de la diversité des sources d’information que procure le Net et des nombreuses interactions qu’il facilite, il dessine surtout une nouvelle sphère publique dans laquelle les internautes pourront peu à peu contribuer à la discussion politique. C’est du moins l’espoir que formule le rapport.

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Par Marion Roucheux
Source : www.atelier.fr

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Pour en savoir + :
- Scénario pour un retour des américains en Iran
- (18 JUILLET 2008)

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[1Notre site est bloqué en Iran. Les internautes iraniens utilisent des sites Anonymiser, c’est pourquoi ils sont comptabilisés comme non-iraniens.