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Revue de presse russe : La Russie et les Etats-Unis
17.09.2005

Article paru dans le Vrémia Novostéi - La dégradation des relations russo-américaines n’est pas visible aujourd’hui parce que les présidents Vladimir Poutine et George W. Bush se respectent et s’efforcent d’éviter tout conflit. Mais leurs bonnes relations personnelles sont nuisibles au développement des relations entre les deux pays, estime le directeur des programmes russes et asiatiques du Centre d’information militaire des Etats-Unis, Nikolaï Zlobine.



À son avis, après l’éclatement de l’URSS une chance inédite s’est offerte de changer l’ordre du jour, mais aucune des parties n’a fait le moindre effort allant en ce sens, estimant, sous l’effet de l’euphorie, que, ennemis jurés, la Russie et les Etats-Unis deviendraient automatiquement des amis fidèles.

« Aujourd’hui, nous ne sommes ni amis, ni ennemis mais quelque chose entre les deux », affirme M. Zlobine. « Certes, la probabilité d’un conflit armé entre la Russie et les Etats-Unis est nulle, mais les deux pays possèdent des centaines d’ogives nucléaires braquées les unes contre les autres. Les bases des relations bilatérales n’ont pas été jetées. La méfiance et l’irritation mutuelles ont atteint un degré plus élevé qu’il y a dix ou quinze ans », constate l’expert.

Il n’y a pas d’amitié entre la Russie et l’Amérique. Elles coopèrent là où leurs intérêts coïncident. Quand ils divergent, Poutine et Bush se téléphonent et s’entendent pour mettre le problème de côté. Le résultat est qu’en raison des bonnes relations d’abord entre Eltsine et Clinton et puis entre Poutine et Bush ces problèmes sont sans cesse refoulés au lieu d’être résolus.

« Par exemple le problème nucléaire de l'Iran aurait pu être réglé, il y a dix ans (Clinton-Eltsine), mais alors nous étions tombés d’accord pour le mettre en dépôt. Idem pour d’autres problèmes - les conflits gelés dans l’espace post-soviétique, la politique stratégique concernant la Chine, la stabilisation du marché des matières énergétiques - qui attendent toujours leur règlement. C’est une situation indigne des deux puissances », affirme l’expert.

Aujourd’hui les deux pays se laissent tromper par les nombreuses rencontres au sommet et par le décor publicitaire dans lequel on les place, affirme M. Zlobine. Il serait plus utile que les deux présidents soient un peu moins amis et clarifient leurs relations du point de vue de la défense des intérêts de leurs pays respectifs.

En 2008 la situation ne sera plus la même. Les présidents qui leur succéderont auront des relations personnelles plus froides et on s’apercevra alors de la vacuité catastrophique des relations entre la Russie et l’Amérique, conclut l’expert.

Et pourtant, Moscou continue de confirmer sa position en ce qui concerne le programme nucléaire de l'Iran et la normalisation de la situation dans la péninsule de Corée.

Il n’y a pas de véritable divergence entre les commentaires de Vrémia Novostéi et les déclarations diplomatiques russes au sujet des activités nucléaires des mollahs. Les Russes comme les Chinois et les Américains sont conscients des dangers d’une République Islamique Atomique et ils ont en main le moyen de neutraliser les mollahs : c’est une excellente nouvelle pour le peuple iranien. L’Iran rebasculera dans le camp occidental.

La partie se joue en ce moment et les Russes comptent tirer contrepartie de leur droit de veto. C’est ce marchandage « malheureux » qui est au centre du non-dit russo-américain. C’est le point de rencontre des points de vue du journal russe et des déclarations de la diplomatie russe. Ce marchandage est la conséquence d’un véritable problème russe. La Russie doit choisir son camp et elle hésite entre l’Amérique ou la Chine ! Dans la nouvelle guerre froide qui opposera les Etats-Unis à la Chine, chaque pays doit choisir son camp, les Russes et les Européens tardent à définir leur priorité et plongent le monde dans l’incertitude (et retardent le règlement de la situation en Iran).

Ce sont les conséquences de ces choix qui détermineront l’avenir de l’Asie Centrale, celui de ses riches gisements pétroliers et pourront contrôler la croissance économique du géant chinois.