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Iran : Révélations exclusives sur les prochaines législatives
07.03.2008

Le 14 mars prochain, le régime des mollahs organise des élections législatives. Le régime utilise les élections comme une vitrine de ses ambitions démocratiques et le taux de la participation comme le plébiscite de ses politiques régionales ou nucléaires. Cette recherche de plébiscite est incompatible avec le débat contradictoire d’idées entre les candidats. Le régime a donc supprimé le débat de fond, l’a remplacé par un show formel et médiatique de qualification ou disqualification des candidats. Il a fait durer ce show sur deux mois pour réduire la campagne à une courte période de 10 jours qui vient de débuter.



Comme nous l’avions prédit dans une analyse datant du janvier 2008, même dans cette période finale, les iraniens n’auront pas droit à un débat de fond mais à une longue lamentation sur les candidats non retenus. Officiellement pour faire des économies, le ministère de l’intérieur a interdit le collage d’affiches, la diffusion de tracts et même les débats télévisés. Parallèlement, différents personnages du régime (Khatami, Ebadi…) continuent à squatter les médias pour focaliser le débat encore et encore sur les candidatures refusées !

Les journalistes proches du régime sont également priés de focaliser le débat sur les candidats recalés au lieu d’évoquer de près ou de loin le débat de fond ou plutôt son absence. C’est ainsi qu’en France, Delphine Minoui du Figaro, l’attachée de presse non-déclarée du régime des mollahs, a aussi produit un long article sur le plus célèbre des candidats recalés : le petit-fils de Khomeiny.

Dans cet article, ni elle et ni ses deux experts attitrés, Fariba Adelkhah et Bernard Hourcade, ne parlent de l’absence du débat d’idées et de la théâtralisation du show de disqualification. Au contraire, tout est fait pour donner une forte dimension populaire à ces élections qui seront utilisées par le régime comme un plébiscite pour l’ensemble de ses politiques islamistes, régionale ou nucléaire. Cependant, cet article est un document précieux car en fait il ne parle pas de Khomeiny junior et ses déceptions, mais des futurs gagnants des élections du 14 mars !

Minoui et ses deux experts attitrés, Fariba Adelkhah et Bernard Hourcade, utilisent Khomeiny junior comme vecteur pour expliquer la victoire d’un nouvel acteur de scène politique iranienne.

En résumé, dans son article « Pasdarans et "turbans" se disputent le pouvoir en Iran », Minoui dénonce la militarisation ou Pasdarisation du régime. Cet argument revient régulièrement tous les quatre ans, il n’y a rien de nouveau.

Depuis décembre 2006, les journalistes comme Minoui ont expliqué le retour prochain des soi-disant modérés en insistant sur la mauvaise gestion d’Ahmadinejad. Le régime lui-même a forgé une stratégie de diabolisation d’Ahmadinejad afin de rendre plus plausible de retour des soi-disant modérés, retour qui était censé empêcher l’adoption de nouvelles sanctions contre Téhéran.

Or, entre temps trois sanctions ont été adoptées, le régime a besoin de se montrer dur et estime qu’il a encore besoin des agités au profil d’Ahmadinejad (nous l’avions d’ailleurs pressenti en décembre 2007).

C’est là que l’article de Delphine Minoui est très instructif : il justifie presque une victoire des « durs issus des Pasdaran ». L’article les décrit comme des ingénieurs émérites. Pourtant aucun de ces ingénieurs n’avait su déceler le ridicule de publier des photos de bateaux de plaisance déguisés en patrouilleurs furtifs. Quoi qu’il en soit Minoui et ses experts expliquent les raisons de la victoire prévisible de ces « pragmatiques proches du peuple » ! L’avenir nous dira si nous avons vu juste.

Minoui déplore la disqualification des candidats réformateurs, mais affirme que « la lutte entre conservateurs et réformateurs, qui occupa le devant de la scène pendant la présidence de Mohammed Khatami (1997-2005), n’est plus à l’ordre du jour ».

Hourcade, son expert attitré, renchérit : « C’est un renouvellement logique des générations politiques. Les pasdarans sont allés au front très jeunes pour défendre leur patrie, pendant que les religieux prenaient le contrôle du pouvoir économique et politique (…). Aujourd’hui, ils ont la cinquantaine. Ils sont ingénieurs, géographes. Ils veulent faire partie des décideurs. Ils visent des postes clés. »

Adel-khah, membre du lobby parisien du régime, en rajoute une couche : Il faut y voir, aussi, l’expression d’un vote populaire, celui des provinces, plus enclines à voter en faveur de « projets concrets de développement économique » proposés par ces nouveaux acteurs politiques que de slogans réformateurs sur « la démocratie islamique » qui peinent à se renouveler. « Aujourd’hui, les notions d’efficacité et de professionnalisme entrent en compte. En province, on ne vote pas pour des théories politico-religieuses mais pour des projets concrets » !

Ce discours est drôlement faux, car les pasdaran sont vus par les iraniens comme des voyous, des profiteurs et des trafiquants et non des amis du peuple. Il est aussi de notoriété publique que les Pasdaran importent surtout de produits interdits par le régime comme les cosmétiques, les médicaments et les paraboles. Les produits sont vendus sur le marché noir, confisqués puis revendus. Leur bilan est plus noir que le bilan des mollahs. Mais ceux qui défendaient hier Khatami et les réformateurs défendent aujourd’hui ces autres acteurs choisis par le régime.

Le régime des mollahs souhaite préserver son opacité et il introduit des inconnus dans l’arène politique. Bernard Hourcade nous parle des nouveaux acteurs : « Deux clans distincts sont à prendre en compte » !

Il y a au moins une constante : la dualité ou la guerre des clans ! Cet élément fondateur de l’opacité du régime est désormais enrichi d’un autre sous-ensemble.

Hourcade précise les contours de cette dualité comme les mollahs souhaitent nous la faire admettre : « Ils sont incarnés par deux figures politiques rivales. « D’un côté, vous avez un homme comme Ahmadinejad, qui privilégie l’idéologie islamique et la provocation sur la scène internationale. Et de l’autre, vous avez des personnalités comme Ghalibaf, le maire de Téhéran, ou encore Ali Larijani, l’ancien chef du Conseil suprême de la sécurité nationale, pour qui l’islam et le nationalisme sont des valeurs importantes qui doivent également se combiner avec une certaine forme de mondialisation, permettant d’éviter l’isolement de l’Iran. C’est ici que se joue la nouvelle bataille pour le pouvoir ».

On te croit Bernard. Merci aussi à Delphine Minoui.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

Le régime des mollahs doit préserver son opacité :
- Offre des « Six » : L’Iran à l’épreuve de la transparence
- (6 MARS 2008)

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