Cette chute de participation a même contraint les mollahs à modifier les reportages télévisés. Les images diffusées sur les chaînes iraniennes dont les chaînes d’info, Tehran TV, Khabar et Press TV sont les mêmes et montrent un court montage de 3 plans de quelques secondes chacun de la Place Azadi, lieu du rassemblement final où Ahmadinejad faisait un discours « interactif ». Il n’y a eu aucune prise de vue latérale montrant l’arrivée des foules vers la place ou encore le déroulement de la marche et des activités promises par le régime. Selon nos correspondants à Téhéran, par le passé, le régime plaçait des caméras tout au long du parcours et cette année, ils n’ont vu aucune caméra car les gens arrivaient par petits paquets et il n’y avait pas une foule compacte sur plusieurs kilomètres.

Les seuls endroit où il y avait une foule étaient les abords de la Place [1] et une voie souterraine [2] qui a induit les gens en erreur et créé un gros attroupement sans doute prémédité puisque le régime avait planqué des photographes en hauteur pour immortaliser ces foules compactes. En dehors de ces deux sites, il n’y a aucune photo prise depuis des immeubles et surtout sur la Place même où les photographes du régime ont privilégié les vues au ras du sol [3] ou des vues vers le ciel [4] !

Cependant, il ne s’agit pas d’un manque de moyen, puisque pour la traditionnelle photo d’immolation du drapeau américain, le photographe a été hissé en haut d’une échelle de pompier. Mais il n’existe pas de telle photo sur la place Azadi car la foule n’était pas au rendez-vous et tout au plus, le régime a pu réunir environ 35,000 manifestants dont des écoliers [5], des miliciens en tenue [6] et des miliciennes en tchador. Parmi les photos de cette place nous avons trouvé un exemplaire qui montre le centre de la place [7] : il est vide !

Pour pallier à ces défauts et néanmoins remplir le temps d’antenne, les services médias du régime ont privilégié des interviews de manifestants en cadrage serré ou sur une hauteur surplombant la foule (comme d’un camion). Les interviewés récitent des copies conformes des discours politiques du régime. Dans la soirée, des émissions avaient été préparées, émissions dans lesquelles des intervenants parlaient de la présence d’une foule dense et se remémoraient les propos dits par des jeunes interviewés quelques heures plus tôt et se félicitaient de l’engagement de la troisième génération des enfants de la révolution. Finalement, le régime a réussi à passer ce mauvais moment avec une foule d’artifices, mais au final les 13 millions d’habitants de Téhéran savent qu’ils n’y étaient pas et le régime sait qu’ils le savent.

Les 250 reporters étrangers en visite à Téhéran n’ont tourné aucune image afin de ne pas planter les efforts de leurs collègues iraniens du régime. Siavash Ghazi de RFI est même allé plus loin dans la complaisance en affirmant qu’il avait entendu les manifestants scander des slogans anti-français en raison des politiques hostiles de Nicolas Sarkozy. Cependant aucune des télévisions iraniennes ou étrangères n’en a parlé et Ghazi lui-même n’a pas jugé utile de faire une petite prise de son pour confirmer cette nouvelle. Nous sommes priés de croire sur parole cet homme qui n’en est pas à son premier mensonge.

D’autres médias favorables aux mollahs comme Reuters ont parlé d’une présence massive, mais là aussi, toujours pas d’images. Dans d’autres villes, la situation a même été plus dramatique qu’à Téhéran. A Ispahan, troisième ville du pays, le régime n’a pas réussi à mobiliser plus de 6000 personnes dans cette cité de 1,600,000 habitants. La mobilisation a encore été plus faible à Chiraz (3 à 4000) et à Machhad, seconde ville du pays (estimation impossible). Le régime n’a même pas publié de photos pour cette dernière.

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