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Iran : L’origine du monde et le dialogue des civilisations
25.11.2007

Le photomontage d’un artiste marocain a déclenché la colère du représentant du régime des mollahs au Mexique. L’œuvre qui est une relecture de la peinture de Courbet : « l’origine du monde » avait été envoyée au musée San Pedro museo de Arte de la ville de Puebla au Mexique pour une exposition réunissant 60 œuvres photographiques d’artistes du Moyen-Orient. Cette exposition avait pour objectif de construire des ponts entre l’Orient et l’Occident.



Justement, son excellence Ghadiri Abyaneh, le milicien représentant du régime des mollahs, a franchi l’un de ces ponts pour prendre à partie l’artiste Fouad Bellamine et les organisateurs de l’expo. Pendant la soirée de vernissage, ce barbu issu des Pasdaran a cru reconnaître dans cette œuvre qui superpose la célèbre toile de Courbet et un dôme, le Dôme du Rocher de Jérusalem, estimant que l’artiste avait offensé l’Islam, il a demandé le retrait immédiat de la photo.

L’artiste a rétorqué que le dôme n’avait rien à voir avec les observations de l’offensé. Ghadiri Abyaneh a insisté, s’est même disputé avec l’artiste et il a finalement quitté les lieux, fâché avec tout le monde tout en promettant une crise diplomatique entre l’Iran et le Maroc ou encore le Mexique. Cependant, Téhéran n’a pour l’instant pas repris cette demande car les mollahs sont fort isolés et n’entendent pas se fâcher d’un seul coup avec deux pays. Si l’artiste avait été français, on aurait déjà eu droit à quelques protestations d’Ali Ahani, l’ambassadeur des mollahs à Paris.

Mais l’artiste marocain qui n’était pas familier du vocabulaire fleuri et des manières abruptes des Pasdaran a eu peur et il a publié un communiqué de presse pour expliquer autant que possible son oeuvre. « J’ai travaillé à partir de l’origine du monde de Gustave Courbet… J’ai plaqué à cette image un dôme qui, avec l’arche, constitue un de mes motifs préférés apparaissant dans presque toutes mes œuvres. Il est absurde d’y voir spécialement une mosquée et encore plus absurde d’y reconnaître le Dôme du Rocher de Jérusalem », a écrit l’artiste marocain.

Bellamine a également précisé que par essence une œuvre artistique était ouverte à toutes les interprétations et c’est de la liberté du spectateur d’y voir ce qu’il veut.

Les mollahs parlent souvent de leur projet de dialogue des civilisations, mais dans leur cas, il ne s’agit pas de jeter des ponts entre l’occident et l’orient mais de remettre en cause l’universalité des acquis démocratiques occidentaux. L’affaire Bellamine aurait pu être une occasion idéale pour que les artistes iraniens ou les journalistes soi-disant dissidents (comme Derakhshan ou Ganji) s’expriment enfin, et réagissent en soutenant la liberté de création. Mais comme d’habitude, ils n’ont rien ressenti, rien vu et rien dit, tout simplement parce qu’ils n’ont pas la grille de lecture d’un vrai dissident.

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| Mots Clefs | Réformateurs : Les Intellectuels « apolitiques » iraniens |

| Mots Clefs | Institutions : Dialogue des Civilisations |

| Mots Clefs | Enjeux : Islam & Modernité |