Les Etats-Unis ne souhaitent pas accuser les dirigeants du régime des mollahs d’être à l’origine du terrorisme en Irak. Les Américains veulent arriver à une entente régionale avec les mollahs pour avoir un allié chiite puissant dans le Moyen-Orient à dominant sunnite. Et s’ils les accusaient, ils seraient embêtés par la suite, quand il faudrait pactiser avec les mêmes qui seraient de facto responsables du meurtre de sang froid de leurs soldats et de milliers de civils irakiens.

Par conséquent, les Etats-Unis doivent éviter de porter des accusations explicites comme ils doivent éviter d’adopter des mesures économiques efficaces qui seraient susceptibles de renverser les mollahs.

En revanche, les mollahs sont depuis toujours à la recherche d’une reconnaissance américaine de leur capacité de nuisance et ils exploitent la situation en faisant le maximum de dégâts, en espérant que les Américains demanderont leur arbitrage pour mettre fin aux attaques. Ce qu’ils font actuellement.

L’attaque contre le camp Victory ou le quartier général de l’armée américaine en Irak a eu lieu seulement deux jours après la déposition des responsables de l’administration Bush devant le Congrès. Cette attaque devait relancer le processus du dialogue.

Le processus du dialogue est un élément fondateur de la reconnaissance par les Américains du rôle d’arbitre que veut jouer Téhéran : Pour relancer cette reconnaissance, Téhéran a besoin d’être consulté quand les choses vont mal et quand elles ne vont pas assez mal, le régime des mollahs se charge de donner un coup de pouce à l’affaire. Une attaque du quartier général de l’armée américaine aurait dû déclencher une folle envie de dialogue avec les mollahs !

L’Armée Américaine dans sa communication a fait preuve de la même volonté de dissimulation ce qui lui a permis de ne pas reconnaître le rôle revendiqué des mollahs en Irak, tout en évitant d’accuser les mollahs afin de ne pas compromettre les négociations bilatérales en cours entre les deux Etats.

Le communiqué de l’armée américaine a studieusement appliqué la ligne officielle dictée par Washington, il a minimisé les dégâts en précisant que la seule victime de l’attaque n’était même pas un Américain. Le communiqué a également réduit l’affaire à un seul tir d’une roquette de 240 mm, du type de celles fournies par « des sources iraniennes » aux membres de l’armée du Mahdi de Moqtada Sadr.

« Fournies par des sources iraniennes » est la formule magique utilisée par l’administration Bush pour accuser mollement les mollahs sans les rendre responsables de la mort des soldats américains...

L’armée américaine est même allée encore plus loin pour disculper les mollahs : le communiqué officiel reconnaît que la roquette a été tirée à partir du quartier de Rachid, dans l’Est de Bagdad, connu pour être un fief de l’armée du Mahdi, mais il déclare officiellement ne pas être en mesure de prouver la responsabilité de la milice chiite de Sadr ou la provenance iranienne de l’engin.

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