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Iran : Les virtuosités de la diplomatie Russe
08.08.2007

Téhéran refuse de céder sur le dossier nucléaire tout en tentant des manoeuvres susceptibles de prouver sa bonne foi. Ainsi, dernièrement le régime des mollahs a autorisé des visites d’un de ses sites nucléaires afin de prouver que le dossier progresserait certainement mieux s’il était géré par l’AIEA et non par le Conseil de Sécurité. Mais vraissemblablement ces efforts ne feront pas résoudre la crise et Téhéran devra faire face à une nouvelle résolution et de nouvelles sanctions. A ce propos la dernière décision de Moscou est un chef d’oeuvre diplomatique.



Moscou a fait savoir qu’il avait demandé au régime des mollahs de dissiper les zones d’ombre sur son programme nucléaire controversé sinon la Russie s’abstiendrait de toute livraison de combustible pour la centrale nucléaire de Bouchehr que la Russie construit actuellement en Iran.

En voilà une excellente idée qui ressemble à s’y méprendre à une sanction pragmatique et ce d’autant plus que depuis longtemps les Américains aimeraient inclure des restrictions au sujet de Bouchehr dans une future résolution de l’ONU.

Moscou vient de prendre les devants, mais cette mesure est loin d’être un geste de bonne volonté des Russes en direction des Américains ou en direction du Conseil de Sécurité.

En effet, il y a deux grandes subtilités dans cette proposition. La première est une nouvelle manière de retarder l’achèvement de Bouchehr et la seconde est un véritable cadeau au régime des mollahs.

Les Russes sont les alliés stratégiques des mollahs, mais ces derniers sont des alliés incommodes sans cesse tentés par des alliances éphémères avec les adversaires de la Russie (la Chine ou l’Europe) et surtout enclins à trouver une entente durable avec les Etats-Unis.

Bouchehr est l’unique point de « pression soft » des Russes sur les mollahs. La Russie tient les mollahs en haleine en leur refusant l’achèvement de la centrale de Bouchehr. L’achèvement de cette centrale est crucial pour le régime des mollahs qui justifie la poursuite de ses activités nucléaires sous prétexte de vouloir approvisionner sa future centrale électrique avec du combustible nucléaire iranien.

Cet argument est entièrement sans fondement d’un point de vue technique car les machines Russes ont été réglées pour un combustible spécifique développé par la Russie. Par ailleurs, les Russes sont tenus par contrat d’approvisionner cette centrale électrique en combustible.

En refusant cet approvisionnement, les Russes justifient indirectement l’argument iranien selon lequel l’Iran est à la merci du bon vouloir des Russes pour la livraison du combustible nucléaire.

C’est ce que l’on peut appeler un coup de maître : les Russes retardent encore l’achèvement de Bouchehr, ils font plaisir aux Etats-Unis en acceptant de diminuer leur « coopération nucléaire avec l’Iran » et ainsi ils anticipent les exigences de la future résolution. Mais surtout, les Russes renforcent l’argument choc de leurs alliés stratégiques indispensables.

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Pour tout savoir sur ces retards délibérés et les enjeux de Russo-iraniens :
- Iran : Bouchehr, la centrale Russe, otage de Moscou
- (6 juillet 2007)

| Mots Clefs | Nucléaire : Equipements & Centrales |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : RUSSIE |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Alliance IRAN-RUSSIE |

| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions (du Conseil de Sécurité) |