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L’Europe peine à isoler Téhéran sur le nucléaire
03.09.2005 ( nos commentaires )

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) devait remettre aujourd’hui un rapport constatant que l’Iran maintient des activités nucléaires sensibles, au risque de sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU. Le texte devrait détailler les activités de conversion de minerai d’uranium en gaz à l’usine d’Ispahan. Mais il va aussi confirmer que Téhéran n’a pas repris l’enrichissement proprement dit de l’uranium, une étape ultérieure, qui permettrait de produire du combustible, pouvant être ensuite utilisé pour la bombe atomique.



Confrontée, avec le nucléaire iranien, à son premier test diplomatique important, l’Europe peine à faire ses preuves. Après avoir subi l’affront, cet été, de la reprise des activités de conversion à la centrale d’Ispahan, la troïka européenne (France, Grande-Bretagne, Allemagne) prêche aujourd’hui, mais sans succès, le renvoi du dossier devant le Conseil de sécurité de l’ONU. « A moins que l’Iran ne revienne à la suspension de ses activités, le Conseil de sécurité de l’ONU doit être saisi de la question », a insisté Jack Straw, le chef de la diplomatie britannique, devant ses homologues européens réunis à Newport.

L'Union européenne attend avec inquiétude le rapport de l'AIEA sur l'Iran, rendu public aujourd’hui. Moins sévère que prévu, le diagnostic du Dr Baradei pourrait fragiliser la position européenne. La stratégie de l’Union, exposée par la présidence britannique à Newport, consiste à réclamer une saisine «soft» du Conseil de sécurité de l’ONU, fin septembre. « Malgré la violation des accords de Paris, nous ne cherchons pas, à ce stade, à brandir la menace de sanctions », explique un diplomate européen. « Nous voulons surtout bâtir un consensus international autour de notre position en saisissant l’ONU », assure-t-on côté français.

La tactique européenne se veut subtile et distincte de Washington. Mais, pour l'instant, elle a échoué. Mercredi, à l’occasion d’une réunion à Paris, la troïka n’est pas parvenue à convaincre les Russes de la nécessité de saisir l’ONU. « Mais leur position peut évoluer », explique un diplomate.Tout aussi stratégique dans cette affaire, la Chine reste totalement sourde aux arguments européens, lesquels seront défendus par Tony Blair en marge du sommet UE-Chine, lundi à Pékin. S’ils veulent obtenir un consensus au sein du bureau des directeurs de l’AIEA, les Européens doivent également séduire les pays non-alignés, notamment l’Inde et l’Indonésie.

Alors que la troïka s'échine à convaincre une communauté internationale peu enthousiaste du bien-fondé de sa politique, l’Iran déploie tous ses talents diplomatiques pour diviser l’Union européenne, en décrédibilisant le travail de Paris, Londres et Berlin. Interrogé sur le sujet, Jack Straw a défendu la position de la troïka, mandatée, a-t-il répété, pour « parler et agir au nom des Vingt-Cinq ».

D'ici au 19 septembre, date de réunion de l'AIEA à Vienne, les diplomates européens vont multiplier les contacts en coulisses pour obtenir une saisine du Conseil de sécurité. Si le consensus est d’usage, un vote à la majorité peut suffire en théorie. « Si nous n’obtenons pas l’unanimité, ce qui apparaît probable, nous sommes prêts à passer au vote », assure un diplomate britannique, convaincu d’obtenir une majorité de voix au sein de l’AIEA pour le renvoi du dossier iranien à New York fin septembre.

L’Europe peine à admettre l’échec de sa diplomatie, elle ne donnera pas une nouvelle orientation à celle-ci et continuera à vouloir marchander (en cachette) avec les Mollahs…