Un papier dans le Figaro et une interview accordée à Proche-Orient.info et à chaque fois Alexandre Adler se livre à une analyse complexe de la situation en Iran. Une analyse qui s’appuie sur des critères de politique internationale de relations régionales et sur des rumeurs internes que le régime des mollahs laisse savamment se répandre.

Cette analyse complexe et riche en détails ne s’attarde guère sur l’engagement Khomeyniste des réformateurs, ni sur le contenu réel ou supposé des réformes, ni même sur le passé chargé des réformateurs (autrefois preneurs d’otages, inquisiteurs, tortionnaires, membres de pelotons d’exécution), encore moins elle ne s’attarde sur le propre c.v. de Khatami.

L’analyse d’Alexandre Adler ne se préoccupe pas des images choquantes du Voyage aux pays des Mollahs ou Forbidden Iran [1] , des amputations ou des pendaisons publiques (hier, le 18 Février 2004 à Bandar-Guaz, 2 opposants d’une vingtaine d’années ont été pendus). Il ne s’embarrasse point de la mort de Zahra Kazemi, ni de l’exécrable condition de la femme. Encore moins du taux du chômage qui est de l’ordre de 40%, ou du taux de toxicomanie des 9-25 ans qui est de l’ordre de 10% d’après une étude officielle.

85% des foyers iraniens vivent avec moins de 130$ par mois, rappelons que le niveau du seuil de pauvreté est fixé à 250$ et que le salaire mensuel d’un ministre iranien dépasse les 20,000$ ! Le système économique est à bout de souffle. Et la répression fait rage. Aux dernières élections de ce régime intégriste, terroriste et raciste, seulement 7% des Iraniens se sont déplacés pour voter.

Selon Alexandre Adler, Khomeyni était un socialiste Berjnevien, Khatami un Gorbatchev et l’Iran de la République Islamique, un modèle réduit de l’Union soviétique. Adler déclare que Khatami ne voulait pas « réformer » le régime mais l’adoucir. M. Adler auriez-vous oublié vos propres articles durant les huit dernières années ? Auriez-vous oublié votre soutien à Khatami ? Et si vous vous trompiez à nouveau ?

Je me rappelle avoir entendu A. Adler déclarer que « comparaison n’est pas raison » mais finalement,

 que Khomeyni ait été un socialiste Brejnevien ou le sanguinaire mollah qu’il était réellement,

 que Khatami ait été un Gorbatchev ou simplement le valet de pied de Rafsandjani, le bourreau en chef des opposants iraniens ;

les commentaires et analyses d’Alexandre Adler négligent un élément décisif : ces 85% de foyers iraniens qui vivent avec moins de 130$ par mois. Ces 55 millions de personnes affamées, humiliées, réduites à l’esclavage qui sont lasses de la violence, mais sont encore capables de se soulever.

Pour l’instant, ils montrent leur besoin de changement dans le cadre du Mouvement de l’Insubordination Civique. Ils désirent informer les états européens qui soutiennent ce régime sanguinaire et affairiste qu’il faut compter avec eux, le peuple iranien.

Et qu’importe si les faux réformateurs, les conservateurs et leurs protecteurs de l’Union Européenne s’approprient cette victoire annoncée du Mouvement de l’Insubordination Civique. Les Iraniens savent qu’ils vont gagner leur liberté et le régime sait qu’il a perdu son autorité parmi les piliers du régime (pasdarans, bassidjis et militaires, tous ceux qui sont sensés se sacrifier pour sauver le régime). Le boycott aura des conséquences déterminantes. Nous espérons que M. Alexandre Adler sera sensible à cette action de boycott de nos compatriotes et qu’au-delà de son admiration pour l’Ayatollah Rohani, il analysera le boycott non pas du point du vue des mollahs mais du point de vue du peuple iranien.