Après la crise des otages, et une libération que Téhéran a présentée comme preuve de sa capacité à négocier, le régime des mollahs voulait, paradoxalement, faire un test de compatibilité afin de sonder le dégré de sympathie de ses interlocuteurs à l’égard d’une négociation sans pré-conditions (comme dans le cas des otages).

Paradoxalement encore, la réaction des Etats-Unis a été plutôt molle et l’administration Bush n’a pas profité de l’occasion pour isoler encore d’avantage le régime des mollahs. Cette attitude est liée à la volonté affichée des Américains de pousser les mollahs à composer avec eux sur le plan régional. Cette première réaction ambiguë a influencé les réactions de deux autres puissances en jeu : la Russie et l’Union Européenne.

Russie | Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, a relativisé l’annonce par Téhéran de son passage à l’enrichissement industriel d’uranium, déclarant ne « pas avoir connaissance de percées technologiques » à ce niveau dans le programme nucléaire iranien. Selon lui, les mollahs ont tendance à embellir le caractère des travaux effectués en matière d’enrichissement en Iran.

Lavrov a également insisté sur la coopération avec l’AIEA et le respect des résolutions du Conseil de Sécurité. Pour le chef de la diplomatie russe, c’est aux experts de l’AIEA de confirmer ou infirmer l’annonce faite par les mollahs. La réaction Russe est donc classique et inoffensive pour les mollahs car on évoque à nouveau à demi-mots un retour à l’AIEA et cette dernière est totalement impuissante en Iran.

Europe | Londres a également réaffirmé que l’Iran devait se plier aux résolutions du Conseil de Sécurité lui imposant de suspendre ses activités nucléaires sensibles. A Paris, Douste-Blazy le ministre français des Affaires étrangères a « déploré » les annonces faites hier qui sont selon lui, « un mauvais signal » et il a appelé les mollahs à respecter les résolutions du Conseil de Sécurité…

Pétrole | Les prix du pétrole étaient stables mardi, plombés par l’importance des réserves américaines de brut : les stocks gonflent en raison de l’augmentation des importations de brut en provenance du Canada par les Etats-Unis. En janvier 2007, les importations Américaines de brut et de pétrole raffiné canadiens ont atteint 76.568 barils sur 422.325 au total, faisant du Canada le premier fournisseur des Etats-Unis, grâce aux réserves des sables bitumineux de l’Alberta, qui représentent la deuxième réserve d’or noir mondiale derrière l’Arabie Saoudite.

Impact et évolution | Au lendemain de ce test, c’est le statu quo. Les interlocuteurs des mollahs n’ont guère envie de saisir l’occasion pour les attaquer. Malgré une certaine forme d’unité dans les réactions, il n’y a pas d’unité de vue, et chaque bloc est plutôt attentiste. On ne peut pas parler de réussite pour les mollahs : normallement, ils devraient réagir par une nouvelle provocation.