La république islamique d’Iran a récemment proposé à la Russie de créer une Organisation des pays exportateurs de gaz, sur le modèle de l’OPEP. En près de cinquante d’ans d’existence, l’OPEP a permis à ses membres de s’assurer une juste rémunération de leur pétrole. Quant au gaz, aucune coordination comparable n’existe entre les pays producteurs et les prix se négocient entre l’acheteur et le producteur. Souvent, l’acheteur peut dicter son prix au producteur, en fonction des conditions géopolitiques propres à chaque situation. Cela est d’autant plus grave que, contrairement aux prix du pétrole, ceux du gaz sont négociés pour une durée de cinq ans. Le producteur est donc lésé durablement si les prix sont négociés trop bas.

Si les prix étaient harmonisés, les producteurs se trouveraient en position de force dans la négociation avec l’acheteur et pourraient atteindre l’équivalent du prix du pétrole, d’autant plus que le gaz a l’avantage d’être une énergie propre capable de supplanter les autres énergies fossiles. Aussi, un tel cartel serait une organisation économique permettant de faire contrepoids aux Etats-Unis et à l’Europe.

Ce projet reste néanmoins difficile à mettre en place. Le Qatar en est un membre potentiel mais, en tant que petit pays, il a besoin de la protection militaire américaine. Il ne pourra donc jamais s’engager sans l’accord des Américains, et il est peu probable que ceux-ci acceptent le projet. Le Turkménistan est lui aussi un membre potentiel mais, dans son cas, c’est la Russie qui aurait son mot à dire puisqu’il achemine son gaz à travers le territoire russe.

Selon des experts internationaux, d’ici dix ans, les revenus du pétrole en Iran auront diminué de façon spectaculaire. Notre économie est trop centrée sur les revenus liés au pétrole. L’Iran doit donc œuvrer à l’augmentation de sa part dans le marché mondial du gaz. Avec la Russie (26 %) et le Qatar (14 %), l’Iran (15 %) dispose des gisements de gaz les plus importants du monde. A terme, l’Iran doit remplacer ses exportations de pétrole par des exportations de gaz en mettant en place un programme d’envergure. Si l’Iran s’impose sur le marché mondial, il pourra conquérir les marchés asiatiques et européens, ce qui nécessite l’entretien de bonnes relations. L’exportation vers ces pays industriels accroîtra notre sécurité et notre pouvoir de dissuasion. Alors plus aucun Etat n’approuvera les interventions hostiles envers l’Iran.

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