Accueil > Photos > Iran - Total : Rafsandjani éclaboussé dans la guerre de succession de la (...)



Iran - Total : Rafsandjani éclaboussé dans la guerre de succession de la direction du principal groupe pétrolier français
24.03.2007

Dans un précédent article, nous avions évoqué la possibilité selon laquelle l’actuel n°1 de Total aurait pu échapper aux poursuites. Cette affaire recèle des finesses qui nous avaient échappés. L’implication de l’Iran où la France a de nombreux intérêts et l’implication de Rafsandjani qui est le véritable dirigeant du régime des mollahs et le garant de ses intérêts en Iran nous ont perturbés au point de ne pas voir de quoi il s’agissait : la guerre de succession de la direction de Total.



Récit officiel | Christophe de Margerie, le patron du groupe pétrolier français Total, a été mis en examen jeudi soir pour « corruption d’agents publics étrangers et abus de biens sociaux » dans l’affaire concernant le contrat signé en 1997 avec la société pétrolière nationale iranienne NIOC pour l’exploitation d’un champ gazier offshore appelé South Pars : une information confirmée par le groupe Total qui semble satisfait de l’énoncé officiel des faits. Or, à l’époque des faits, Christophe de Margerie était directeur Moyen-Orient et numéro 2 derrière Thierry Desmarest.

A aucun moment la justice ou la presse ne s’intéressent dans cette affaire à Thierry Desmarest. Par ailleurs quatre autres cadres et anciens cadres dirigeants de Total, également placés en garde à vue mercredi - le directeur financier Robert Castaigne, le patron de la filière gaz Philippe Boisseau, l’ancien responsable pour Total de South Pars Michel Naylies et l’ancien cadre du groupe Patrick Rambaud - ont été remis en liberté mercredi soir, sans poursuites.

L’enquête reste donc concentrée sur Christophe de Margerie. Et comme le confirment les différentes dépêches, le groupe Total confirme cette version où n’apparaît que la responsabilité de Margerie et pas celle de Thierry Desmarest. Il semble que Christophe de Margerie est désigné pour porter le chapeau dans cette scandaleuse affaire de corruption.

Christophe de Margerie a versé un pourboire de 60 millions d’euros à Rafsandjani. Un point c’est tout... Cette somme a transité sur deux comptes en Suisse. Le juge Courroye s’interroge en particulier sur 38 millions de dollars (28 millions d’euros) versés par une entité liée à Total entre 1996 et 2003 au secrétaire de Mehdi Rafsandjani. L’argent versé en Suisse a abouti en partie à Doubaï, sur des comptes bancaires d’entités considérées comme proches de l’Iran.

Des documents d’une procédure judiciaire norvégienne similaire ont aussi fait apparaître comme possible acteur de la corruption Mehdi Rafsandjani. Mais, l’avenir de la procédure judiciaire du juge Courroye est incertain. Ce magistrat a été nommé mardi dernier procureur de Nanterre. Il cessera d’instruire une fois installé officiellement, à une date qui n’est pas connue. L’avenir de l’enquête est d’autant plus plombé que le dossier sera alors transmis à la juge Xavière Simeoni, co-saisie de l’affaire, qui n’a même pas participé à l’interrogatoire de Christophe de Margerie et ses complices !

En d’autres termes, l’enquête a été très ciblée et formatée pour avoir une durée précise afin qu’elle ne puisse aller plus loin.

Entre temps, Christophe de Margerie a été transféré au pôle financier du TGI, placé sous contrôle judiciaire, et remis en liberté. Il ne compte pas démissionner et entend continuer à exercer ses fonctions. Il a néanmoins l’interdiction de rencontrer l’ex-président Akbar Hachémi Rafsandjani (1989-1997), son fils Mehdi Hachémi Rafsandjani, ainsi que plusieurs autres dirigeants du régime des mollahs. On frise le ridicule. Il y a presque dix ans, cet homme avec le consentement de sa direction, et la complicité des comptables du groupe pétrolier et le consentement du pouvoir politique a versé l’équivalent 60 millions d’euros au fils attardé de Rafsandjani et c’est aujourd’hui qu’on lui défend de prendre contact avec ses ex-interlocuteurs iraniens !

Le fraîchement nommé patron de Total, de Margerie, semble avoir été désigné pour servir de bouc émissaire par le biais une enquête très ciblée, calibrée pour accuser un seul homme, afin de trouver un coupable dans un ensemble d’affaires de corruption qui entachent le nom du groupe pétrolier français. Par ailleurs et principalement, le but de cette opération judiciaire a été de démontrer que le « le pouvoir » ne protège pas Total au moment où l’Affaire Erika pourrait le laisser supposer.

Christophe de Margerie a été sacrifié au nom de l’entreprise et sera remplacé probablement par un homme politique sûr pour clore ce dossier.

Malencontreusement, l’affaire éclabousse ce fripon de Rafsandjani... à moins que ce ne soit délibérément que la France l’ait impliqué comme ripoux afin de le mettre sous pression pour le pousser à composer avec l’Europe dans le règlement de la crise nucléaire... (c’est-à-dire qu’il renonce à une entente avec les Etats-Unis)... Reste à savoir comment réagiront les membres du Lobby Rafsandjani en France. C’est la loi des séries qui se déchaîne contre ce criminel que les Américains ne veulent plus avoir comme interlocuteur, espérant pour leur part une normalisation du régime des mollahs selon leurs attentes spécifiques.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

| Mots Clefs | Mollahs & co : Rafsandjani |

| Mots Clefs | Enjeux : Pétrole & Gaz |

| Mots Clefs | Enjeux : TOTAL |