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Iran-Otages : Tout le monde en redemande !
09.04.2007

L’affaire des ex-otages britanniques aurait été la meilleure chose qui soit arrivée cette années aux mollahs au pouvoir en Iran. Non seulement, elle a créé une diversion dans la crise nucléaire mais elle a aussi permis aux mollahs de prétendre que l’on peut tout résoudre par des négociations.



Pourtant la nuance a échappé à un certain nombre d’observateurs politiques qui ont relevé qu’il s’agissait d’un dénouement heureux d’une prise d’otages. Mais on ne peut pas prendre en otage des personnes, et en les libérant prétendre que l’on est modéré. La prise d’otages ou le chantage sont en soi des solutions négociées et pourtant ils sont punis par la loi et par la morale. La négociation n’est aucunement une preuve de modération ou de pacifisme.

Comme nous l’avons écrit précédemment, l’affaire a surtout permis aux mollahs de créer une vaste diversion qui cache leur refus d’accepter les recommandations du Conseil de Sécurité : désormais on ne parle que de cette affaire qui n’existe plus. Mais la diversion sert aussi tous les Etats qui ont des intérêts en Iran, elle leur permet de masquer le refus persistant de Téhéran dans le bras de fer nucléaire. C’est pourquoi personne ne lâche un si bon paliatif et de tout part on réalimente l’affaire en polémiques aussi multiples que secondaires et dérisoires. Cette affaire continue de proliférer dans les médias et son succès dépasse les attentes des partisans de la diversion.

D’abord il y a eu la libération ; les séances en costumes offerts par les mollahs et des sacs de cadeau (le célèbre nougat iranien, d’autres friandises, des produits manufacturés ainsi qu’un vase qui a son importance). Puis, il y a eu les déclarations des otages qui ont affirmé que la détention fut pénible surtout les deux dernières semaines : ce qui est fort drôle car les otages ne sont restés en Iran que 13 jours ! Et à chaque nouvelle parole dite par « les otages », le régime des mollahs réagit et les médias diffusent les paroles et les réactions puis les réactions aux réactions.

Plus qu’une bombe nucléaire et une réaction atomique en chaîne, les mollahs semblent maîtriser la réaction en chaîne médiatique. Les otages en rajoutent désormais eux aussi, pris dans le tourbillon des interviews qu’ils accordent moyennant finances. Selon certains médias, les ex-otages pourraient gagner, ensemble, dans les 250.000 livres (493.500 dollars). Faye Turney, la femme otage a, quant à elle, gagné le gros lot en vendant d’ores et déjà le récit de sa captivité à 150.000 livres (300.000 dollars).

Cette course aux biftons encourage donc les ex-captifs à se montrer inventifs, et ils rajoutent tous les jours une nouvelle couche. Chacun a son petit mot pour corser l’affaire et son propre récit dans l’espoir de griller la politesse à ses petits camarades : l’un affirme que qu’on leur avait lié les mains et bandé les yeux avant de les isoler en les menaçant de sept ans de prison, un autre dit qu’ils se sont rendus pour éviter un incident diplomatique majeur… Et pourquoi pas la 3e guerre mondiale ? Peut-être pas, car le business prime avant tout : il serait question de mettre en vente sur E-bay les 15 vases offerts par Ahmadinejad aux ex-captifs ! [1]

La Grande-Bretagne elle–même appartient au lot des pays ravis de ce battage médiatique de diversion : le ministère britannique de la Défense a accordé une dérogation aux ex-otages afin qu’ils puissent vendre leurs témoignages aux médias !

Le ministère de la Défense a estimé que cette autorisation était « la solution la plus pragmatique » ! Il est clair que cette solution permet de continuer de médiatiser une affaire qui masque totalement l’autre crise avec l’Iran, la vraie et unique crise qui engendre toutes les autres. La Grande-Bretagne qui a des très importants intérêts commerciaux en Iran encourage donc cette médiatisation.

Pour William Hague, porte-parole du Parti Conservateur pour les affaires étrangères, cette décision crée un précédent discutable et l’opposition compte bien soulever le problème à la Chambre des communes à la réouverture de la session le 16 avril. Hague a ajouté que les forces armées risquaient de perdre le respect du public si leurs membres étaient autorisés à vendre le récit de leurs malheurs. Menzies Campbell, qui dirige le Parti libéral démocrate, également dans l’opposition, a jugé que la décision du ministère tombait très mal, car durant la semaine de leur libération, six soldats britanniques avaient été tués en Irak.

Mais les adversaires politiques de Tony Blair, l’Observer qui a reporté l’affaire et les Britanniques indignés par ce commerce cynique se trompent, la Grande-Bretagne a des intérêts supérieurs en Iran qui sont pleinement satisfaits par la sur-médiatisation de cette crise de diversion.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

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| Mots Clefs | Terrorismes : Prise d’otages |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Grande-Bretagne |

[1Nous n’attendons plus que les mugs, les T-shirts et la ligne de lingerie de Faye Turney !