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Le Figaro | La méthode Chirac critiquée chez Sarkozy
19.01.2007

Dans l’entourage du candidat de l’UMP, on dénonce les risques et l’inefficacité du cavalier seul diplomatique tenté par le président de la République.



« LA FRANCE ne réglera pas isolément les problèmes internationaux, faire cavalier seul ne doit pas être une fin en soi » : dans l’entourage de Nicolas Sarkozy, on réfute vivement le projet, finalement abandonné, qui aurait consisté à dépêcher Philippe Douste-Blazy à Téhéran pour parler du Liban.

« Deux choses sont apparues particulièrement gênantes pour Nicolas Sarkozy, précise-t-on de même source. Primo, le contexte de la conférence sur la Shoah qui s’est tenue récemment à Téhéran, émaillée de propos inacceptables. Secundo, le fait d’aller en Iran pour s’occuper quasi exclusivement du Liban, alors qu’au Moyen-Orient toutes les questions sont liées. » Dans ces conditions, indique-t-on encore, « nvoyer un ministre français pour discuter avec le gouvernement iranien risquait de conférer à ce dernier une importance excessive et un rôle d’arbitre ».

Pourtant, dans l’entourage de Nicolas Sarkozy, on assure que l’Iran est pour lui un « vrai sujet de préoccupation ». Une question complexe sur laquelle, ajoutent ses proches, « la doctrine est loin d’être arrêtée ». Contrairement à Ségolène Royal, le candidat UMP pense que l’Iran a droit au nucléaire civil. Il estime que la France doit éventuellement être prête à l’aider, « en liaison avec la communauté internationale et sous conditions ». « Il faut pour cela des garanties », relève-t-on place Beauvau.

Au total, on tient à préciser autour de Nicolas Sarkozy que celui-ci ne conteste pas le principe d’un dialogue avec Téhéran, mais qu’il dénonce la méthode, le calendrier et l’isolement dans lequel cette affaire a été envisagée à l’Élysée. Un hommage au Quai d’Orsay, « qui considérait que l’idée d’une visite n’était pas bonne », permet aussi de décocher une flèche contre la diplomatie présidentielle.

| « Naïveté » | « Prendre cette décision sur un coup de tête alors que la communauté internationale insiste sur le fait que l’Iran ne présente pas de garanties suffisantes et n’a pas donné les gages minimaux de la confiance relève de la naïveté », lâche-t-on dans l’entourage du ministre.

« Il y a des équilibres régionaux dont il faut tenir compte. Quel est l’intérêt d’aller à Téhéran sans contrepartie ? » s’interroge-t-on aussi en insistant sur la nécessité d’une démarche internationale pour exiger de Téhéran la reconnaissance d’Israël, la coexistence pacifique avec ses voisins et la fin de son appui aux groupes armés, en Palestine, en Syrie et au Liban.

« Procéder comme on a voulu le faire, c’était à coup sûr créer des problèmes plutôt qu’une solution qui ne peut être obtenue qu’avec nos partenaires arabes mais aussi avec l’Union européenne et les Américains », explique-t-on de même source. « La diplomatie personnelle ne mène à rien, ce n’est pas celle que veut mener Sarkozy », dit-on encore dans son équipe. On y est prompt à souligner que Jacques Chirac a demandé l’annulation, à la fin de l’an dernier, de la conférence de presse que Nicolas Sarkozy devait tenir devant l’Association de la presse diplomatique et de la convention de l’UMP consacrée à la politique étrangère.