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L’Iran des mollahs est l’antithèse de la Perse antique
16.01.2007

Des artistes du théâtre moscovite sont à Téhéran pour le XXVe festival de théâtre FAJR, mot qui veut dire Aube en langue arabe et est censé qualifier l’arrivée de Khomeiny en Iran. Les journées commémoratives de FAJR sont débaptisées et renommées ZAJR par les Iraniens (en honneur de l’arrivée de Khomeiny en Iran). ZAJR veut dire torture. Ainsi par le biais de l’humour, les iraniens échappent à l’ambiance étouffante du régime des mollahs.



Les artistes moscovites découvrent la réalité artistique sous les mollahs : les femmes moscovites, actrices ou personnels techniques ont dû se soumettre aux restrictions vestimentaires pour respecter les normes islamiques. Elle ont été obligées de porter des habits couvrant le corps et les cheveux. Elles devront aussi modérer leur soif de vodka et faire l’impasse sur des repas mixtes et renoncer aux accolades et mêmes aux poignées de mains. Cette mésaventure nous a incités à vous proposer un bref regard sur l’art en Iran avant et après l’Islam, mais aussi avant et après cette révolution islamique qui nous a été imposée par Khomeiny et ses complices les Moudjahiddines et les marxistes iraniens.

Lors d’une de ses célèbres parties de chasse, le Roi (chasseur) Bahram, dit Gour [1] du nom de sa proie favorie, l’onagre), s’arrêta à un village et demanda l’hospitalité. Après avoir été restauré, il voulu être diverti par des musiciens et des danseurs, mais on lui répondit : « Sire, nous sommes trop humbles pour pouvoir entretenir des musiciens. Nous ne pourrons vous satisfaire. » Le roi Sassanide s’étonna, ne comprenant pas comment on pouvait vivre sans musique. Il ordonna alors qu’on fasse venir de l’Inde 40,000 musiciens et danseurs afin de parcourir le pays et de se produire dans les campagnes de l’Empire, pour le bonheur du peuple.

Dans la pensée mazdéenne de la Perse antique, la première mission du roi était d’assurer la joie de son peuple. Ainsi, dans son inscription à Persépolis, Xérxès remercie Ahura Mazda de l’avoir placé sur le trône et « d’avoir offert la joie à son peuple ».

A l’antithèse de la Perse antique et mazdéenne, le régime des mollahs s’est fixé comme principale responsabilité la tristesse du peuple iranien. Erigé au rang du dogme, l’idéologie du deuil et de la désolation envahit la vie de tout un chacun et sert comme instrument de domination par la dépression mentale du peuple, transformé en réel zombie.

A la base de cette machination diabolique se trouve la destruction de l’art populaire [2] et folklorique qui sont toujours la mère nourricière des formes savantes de l’art. Dénigrant leur supposé caractère vulgaire, le régime des mollahs les oppose à des créations faussement intellectuelles, dénuées de toute forme esthétique. Une armée entière d’artistes attitrés, bardés de récompenses internationales leur donnant autorité, a pour rôle la destruction pure et simple de la culture persane.

Cette destruction est sournoise mais efficace. La production des femmes en public étant interdite et le code de la tenue vestimentaire contraignante, les villageois oublient peu à peu leurs chants et danses folkloriques, leurs costumes et même leur architecture, abîmée par des inscriptions islamiques d’origine douteuse.

Dans les villes, les équivalents d’opéra bouffe et de théâtre de boulevard ont été contraints à la fermeture : la rue Laleh Zar à Téhéran où les théâtres d’Ispahan ne sont plus que l’ombre des lieux de joie populaires qu’ils étaient avant l’ère des barbus. L’industrie du cinéma, à l’origine copiant le modèle indien qui n’a plus à démontrer sa force et sa créativité, ressemble dorénavant au modèle soviétique des années Brejnev et ne plaît qu’aux journalistes occidentaux en manque du rideau de fer.

Curieusement, la joie et la gaîté ne sont même pas utilisées pour exalter les sentiments islamiques de la population. Tout doit être triste et laid. Mêmes les joyaux architecturaux de l’art islamique comme certaines mosquées d’Ispahan sont transformés en Foire du Trône grâce à une décoration d’un goût des plus discutables.

Le canon esthétique est la lamentation, la seule couleur appréciée est le noir, le son considéré comme le plus mélodieux est celui des sanglots. Le cimetière, qui par ailleurs doit être on ne peut plus laid, reste le lieu de promenade par excellence.

Face à cette machine de torture qui broie les esprits pour les transformer en néant, l’arme la plus efficace est de prendre à contre-pied le régime islamique et d’affirmer son attachement aux valeurs ancestrales basées sur la joie et le bonheur. Aujourd’hui, opter pour la couleur contre le noir est un acte de résistance, une résistance non seulement contre l’envahisseur islamiste, mais aussi contre la mort programmée du peuple d’Iran et de sa civilisation.

| Mots Clefs | Résistance : Identité Iranienne |

[1Bahram Gour | du nom de sa proie favorie, l’onagre|

[2Théâtre populaire iranien | Surtout à ne pas confondre avec le Ta’azieh, théâtre de rue islamique, qui plait tant aux intellos français.|