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L’Iran ravi par les manifs anti-Pape en Turquie
29.11.2006

Khatami, l’homme éternellement présenté comme réformateur, était à la mi-novembre à Istanbul pour une ultime réunion sur l’alliance des civilisations. Mais il a jusqu’ alors surtout parlé des relations entre l’Iran et la Turquie.



Ces relations ont souvent été houleuses, et même l’élection d’Erdogan ne les a pas améliorées. Très récemment encore, les Turcs ont été contraints de prendre des mesures très strictes pour arrêter le flux des faux réfugiés iraniens envoyés dans ce pays pour organiser des groupes islamistes hostiles à l’entrée de la Turquie en Europe. Nous en avions rendu compte dans un article consacré à des manifestations anti-françaises qui ont eu lieu en Turquie suite à la loi française pénalisant la négation du génocide arménien.

Khatami s’est exprimé devant le Parlement turc en insistant dans ses propos sur la nécessaire obligation pour les deux pays de se rapprocher. Khatami, le doux réformateur et ami de la troïka, a ainsi déclaré que l’Iran et la Turquie étaient deux très grandes nations islamiques et à ce titre qu’elles avaient de nombreux ennemis… Khatami a également fait malicieusement remarquer que l’hostilité de certains (comprendre les électeurs européens) faisait qu’Ankara avait le devoir de regarder plus à l’Est (comprendre vers l’Iran).

On le sait les mollahs sont hostiles à l’entrée de la Turquie en Europe et cette hostilité a des motivations géopolitiques régionales, aux nombreuses conséquences économiques et pétrolières. En effet, les deux pays sont en lutte d’influence dans les ex-républiques soviétiques (d’Asie Centrale) où des populations iranophones et turcophones se côtoient.

Les Européens s’intéressent au pétrole de la mer Caspienne qui pourrait être une alternative pour se libérer de leur dépendance vis-à-vis de l’Iran et de la Russie. Le pétrole de la Caspienne doit passer par un pays tiers et la Turquie est idéalement placée pour assurer l’approvisionnement de l’Union Européenne.

Sans cette alliance, le pétrole ou le gaz de la région Caspienne devraient transiter par la Russie, par l’Iran ou l’Afghanistan. L’Iran et la Russie doivent contrer toute tentative qui libérerait leur client de leur dépendance vis-à-vis d’eux et de leur territoire. Ainsi l’Iran et la Russie font front commun pour réduire à néant toute tentative de créer un accès des pays producteurs de la Caspienne vers l’extérieur. L’Iran et la Russie fournissent armes et refuge aux Talibans pour empêcher l’évacuation des hydrocarbures par ce pays.

Parallèlement l’Iran et la Russie font le nécessaire pour empêcher un rapprochement Turquie Europe. Les Russes agissent par le biais de lobbies d’intellectuels hostiles à la Turquie, mais favorables à des alliances économiques et énergétiques avec la Russie. Les mollahs aussi utilisent des lobbies d’intellectuels, de journalistes ou d’élus, mais également ils alimentent les islamistes ultra extrémistes de la Turquie (comme au Liban ou en Irak) afin que ces derniers donnent une épouvantable image de leur pays. Évidemment la candidature Turque n’est pas exempte de défauts mais les problèmes économiques comme les conflits turco chypriote peuvent aussi être résolus mais les manifestations anti-pape, anti caricatures, anti-arméniens ou anti français ravivent les peurs légitimes des Européens aussi bien catholiques que laïques.

La Turquie doit être empêchée d’adhérer à l’Europe et l’Iran des mollahs y veille. C’est de la géopolitique et cela ne risque pas de changer à moins que l’on migre vers une autre planète !

Et si suivant les plans du Quai d’Orsay on soutient une balkanisation dans cette région sensible, les problèmes se multiplieront proportionnellement au nombre de nouveaux pays fantoches créés !