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Ségolène Royal et l’Iran : une diplomatie dangereuse
18.11.2006

Louis Gautier, délégué national du PS aux questions stratégiques a écrit un court texte dans libération du vendredi 17 novembre 2006 sous le titre prometteur de « Ségolène Royal et l’Iran ».



L’exposé du problème et sa simplicité nous incitent à nous adresser à la candidate socialiste afin de l’informer que son collègue Louis Gautier n’a pas réellement étudié le problème. Il ne fait que reprendre en termes encore plus simplistes des positions exprimées par l’actuel ministre des affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, en août 2005 alors que l’Iran n’avait pas encore commencé l’enrichissement et se contentait de le préparer. Douste-Blazy avait alors parlé de cette formule magique reprise par Louis Gautier : adopter dans les discussions avec Téhéran une position certes exigeante mais pas fermée. La formule de Douste Blazy s’était enrichie et simplifiée au fil des mois pour donner vers le décembre 2005, ceci : Oui aux négociations, fermeté et main tendue !

On connaît l’efficacité de cette approche car aujourd’hui le régime des mollahs (et non pas l’Iran) a commencé la recherche dur l’enrichissement de l’uranium et il a même inauguré une usine de production d’Eau Lourde et l’AIEA a trouvé sur le territoire iranien des traces de plutonium. Nous sommes donc en mesure de juger que Louis Gautier se trompe quand il prétend que la situation serait simple et mériterait donc une solution simple.

La situation est telle qu’elle est, dans une impasse, car on a sans cesse prétendu qu’elle était simple et l’on a voulu gommer les aspects incompatibles avec la solution simple que Louis Gautier a la naïveté d’exprimer en diplomate peu expérimenté qu’il est. Ces aspects incompatibles sont les ramifications terroristes du régime islamique iranien et l’emplacement de l’Iran sur la carte du monde. En tenant compte de ces aspects, de l’ingérence des mollahs en Irak et au Liban et de l’existence des branches de Hezbollah dans 17 pays du monde, on ne peut réduire le conflit Iran-Occident à des désaccords nucléaires techniques comme le taux d’enrichissement et ce afin de justifier la poursuite de négociations avec les mollahs pour s’incruster sur le futur marché nucléaire iranien. Si le nucléaire iranien est un enjeu majeur pour la sécurité de la France, ce pays devrait oublier son affairisme et raisonner en gestionnaire d’une crise internationale et prévoir l’annonce de la possession d’une bombe nucléaire par l’Iran. Cette bombe aura des conséquences néfastes pour la dissuasion française : elle la rendra caduque. Nous invitons la candidate socialiste à consulter nos textes et à se chercher un conseiller sur la question iranienne à même de la préparer à la crise qui se dessine à l’horizon.

La crise actuelle est voulue par l’Iran pour obtenir des Garanties de sécurité régionales : il s’agit en soi d’un problème très peu simple qui exige une solution qui ne peut en aucun cas être simpliste.

La crise est voulue par le régime iranien actuel car il a la possibilité d’y mettre un terme en revenant aux accords d’Eurodif dans le cadre de sa signature du Traité de Non prolifération signé en 1970 par le Shah d’Iran.

En réalité, les mollahs n’ont pas signé ce traité, ils en ont hérité comme du contrat Eurodif. Le traité avait été signé par le Shah d’Iran dont l’un des désirs était de réduire le rôle du pétrole comme combustible, de le remplacer par l’énergie nucléaire afin de consacrer le pétrole aux produits dérivés pétrochimiques.

L’Iran avait été l’un des premiers à signer le TNP et il avait choisi en conformité avec l’esprit de ce traité de déléguer l’enrichissement à un consortium étranger. Ce consortium s’appelait Eurodif.

Afin d’assurer du combustible aussi bon marché que possible, le Shah avait consenti un prêt d’un milliard de dollars à la France pour la création d’Eurodif. En échange l’état iranien avait droit à 10% de la production de combustible nucléaire civil produit par les Français. Ce contrat est encore en vigueur et Louis Gautier serait bien inspiré de s’en souvenir.

Dans le cas où l’Iran n’aurait pas été victime de cette révolution, il serait actuellement doté d’une dizaine de centrales de technologie européenne qui auraient reçu un combustible gratuit, et dans le cadre d’inspection de l’AIEA, il aurait été l’exemple d’un pays musulman sous gouvernance laïque et ne nourrissant aucune haine anti-occidentale. Les 10% de la production d’Eurodif, l’Iran y a droit gratuitement. De ce fait on est en mesure de se demander pourquoi ce pays a mené des activités nucléaires clandestines pendant 18 ans et a consenti de faire des acquisitions d’ingrédients nucléaires de contrebande avec un coup prohibitif s’il avait le droit à du combustible nucléaire prépayés par le régime du Shah ?

Si Louis Gautier n’insiste pas sur ces aspects incompatibles avec la volonté de négocier avec les mollahs, il ne peut y avoir que deux explications à cela : soit Louis Gautier est mal informé ou soit il est mal intentionné. Il entend encourager le parti socialiste à maintenir le régime des mollahs au pouvoir en Iran.

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<HTML>A propos de l’enjeu français de sécurité nationale :
- CHIRAC, LA DISSUASION NUCLÉAIRE ET LE SYNDROME MAGINOT
- (09.09.2006)