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Iran : l’évènement du siècle tourne à la bastonnade
06.08.2006

Ce n’est pas un conte pour enfant mais bien les aventures qui viennent de se dérouler à Téhéran : Les journalistes de la presse écrite, télévisée, radiodiffusée et tout ce que la république islamique compte d’agences de presse gouvernementales (et elles sont légion) ont été invitées à se rendre au pavillon d’honneur (dit pavillon de la république) de l’aéroport Mehrabad de Téhéran.



Tout cela pour écouter ce qu’avait à leur dire Ahmadinejad à son retour de la conférence des pays islamiques qui s’est tenue à Kuala Lumpur. Originellement, Ahmadinejad devait annoncer l’événement du siècle : l’association du Venezuela à la conférence des pays islamiques en tant que membre observateur ! Le Venezuela rejoint ainsi la Russie comme pour confirmer notre théorie d’une alliance géostratégique Iran-Russie-Venezuela

Seulement voilà, le hic est que la très prétorienne garde rapprochée d’Ahmadinejad, l’homme qui prétend ne pas avoir besoin de garde du corps, n’était pas au courant de la communion annoncée entre le président et la presse. Et c’est ainsi que ces gens qui ne sont pas spécialement réputés pour leur délicatesse s’en sont pris au parterre de confrères barbus ou voilées…

Tout a commencé lorsqu’un des pasdarans (puisque tous les gardes d’Ahmadinejad sont des pasdarans) a empêché les journalistes de l’agence Fars (les premiers sur les lieux) d’entrer. Le responsable des voyages à l’étranger a prétendu que « Son excellence M. Ahmadinejad ne désire pas de cérémonie de bienvenue » (ceci nous apprend également que le journaliste est pour les mollahs un portier cantonné aux cérémonies d’accueil présidentiel). Ce responsable a alors annoncé qu’il n’y aurait pas de conférence et encore moins de réponses aux questions des journalistes.

Les journalistes sur le terrain ont alors pris contact avec divers responsables tant de leurs journaux que des services officiels et ces derniers par la voix du responsable de l’harmonisation des journalistes (ça existe !) leur a demandé de quitter les lieux. Pendant ce temps, d’autres journalistes, cameramen etc... arrivaient sur les lieux, lieux qu’on leur demandait de quitter immédiatement. Mais alors que ceux-ci ne partaient pas (sans doute alléchés par l’événement du siècle), une équipe de gros bras des services de la protection présidentielle est intervenue et à commencé à distribuer des baffes à tous les hommes et femmes présents.

Des renforts ont même été dépêchés sur place pour prêter main-forte aux pasdarans et vers deux heures et demie du matin, l’ensemble des journalistes s’en est retourné dans les rédactions, les mains vides, les visages portant les marques de la gratitude présidentielle. Certains de ces messieurs dames n’ayant pas apprécié le procédé ont alors décidé de joindre quelques rédactions iraniennes à l’étranger capables de diffuser la nouvelle qui serait interdite de publication en république islamique.

Selon les dires de ces journalistes, les heurts entre les services de la présidence et les journalistes ont augmenté depuis ces derniers moins, tant en nombre qu’en violence. C’est aussi comme cela que nous avons appris ce que nous ignorions, comme par exemple le même type de heurts lors du dernier séjour d’Hugo Chavez (le nouveau bâtisseur) en Iran. C’est aussi l’agence de presse gouvernementale Fars qui fait actuellement le plus souvent les frais de la colère des séides du président de la république islamique, ainsi ils ont été interdits d’embarquement lors de la dernière visite présidentielle. Motif : ils n’avaient pas l’accréditation pour aller dans les hélicoptères...