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Iran : des privatisations sur mesure
04.07.2006

Khamenei, le guide suprême des mollahs et « officiellement » la plus haute autorité de l’Etat [1], a fixé le cadre pour une privatisation de 80% des institutions publiques et étatiques, dont les grandes industries et les grandes sociétés.



Officiellement, sous le régime des mollahs, de larges pans du secteur économique sont étatisés. En réalité, ils sont des domaines réservés, gérés par des fondations « officiellement » publiques. Ces fondations sont dirigées par les pontes du régime : ce sont ces hommes barbus enturbannés et leur progéniture est constituée d’hommes d’affaires qui sont les actionnaires de la vie économique iranienne. Officiellement, il s’agit de fondations publiques voire caritatives, en réalité des sociétés écran pour gérer les affaires des mollahs et des Pasdaran. L’Iran est une oligarchie de mollahs et de miliciens mais aussi un conglomérat de holdings des fortunes personnelles des puissants du régime.

Ces fortunes ont été bâties après la révolution et pendant les années de la guerre Iran-Irak. Certaines proviennent des commissions occultes perçues sur les contrats d’armements ou d’autres des biens vendus sur les marchés noirs encouragés par le régime pendant les années de pénuries de la Guerre Iran-Irak.

La privatisation officialise une situation occulte. Les mêmes qui dirigent ces holdings vont les acheter ou les faire acheter aux membres de leurs familles pour créer de nouvelles alliances entre clans. Certains comme Rafsandjani pourraient s’emparer des fortunes de leurs petits camarades.

D’ailleurs il semblerait que ce soit bien le cas : la directive a été conçue par le Conseil de discernement dirigé par Rafsandjani [2]. Sa directive vise à privatiser tout le secteur public sauf la production d’hydrocarbures, domaine réservé de la famille Rafsandjani.

La directive de Rafsandjani épargne aussi sept grandes banques dont la Banque centrale, la Banque nationale d’Iran et la Banque de développement des exportations, l’Organisation de l’aviation, celle des ports, et les compagnies mères du secteur des télécommunications. Elle exclut également les industries « impliquées dans des productions (destinées à) la défense et la sécurité ». Par son architecture, elle permet de reconnaître les domaines réservés à Rafsandjani et ses protégés.

La directive Rafsandjani s’attaque ainsi à l’article 44 de la Constitution du régime des mollahs et vise à diminuer le nombre des secteurs classés comme domaines publics. Le projet visera à partager le gâteau entre les proches du régime pour contribuer à resserrer les rangs quand s’approche la menace des sanctions. Le régime veut impliquer plus officiellement ses composants paramilitaires dans la vie économique du pays afin de les dissuader de changer de camp et rouler pour l’opposition. On vend les bijoux de famille.

Encore un point intéressant : les détails de cette directive et notamment la liste des sociétés concernées seront adoptés par le Conseil de Discernement.

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[1Officiellement Khamenei est un adversaire politique de Rafsandjani, mais en réalité il son pion : À la mort de Khomeiny, les hauts responsables du régime se sont réunis pour décider de sa succession. Peu avant sa mort, Montazéri avait été écarté par Khomeiny, mais il restait le plus qualifié d’entre tous. Certains penchaient pour une solution différente et voulaient créer un Conseil (de trois ayatollahs) qui assumerait le rôle du Guide de la Révolution. Rafsandjani a falsifié avec l’aide d’Ahmad, le fils de Khomeiny, un testament dans lequel Khomeiny avait nommé comme son successeur Khamenei. La participation d’Ahmad a été décisive car ce dernier était le secrétaire particulier de Khomeiny. Khomeiny dictait ses ordres et Ahmad transcrivait : ainsi la totalité des documents attribués à Khomeiny vers la fin de sa vie avaient été rédigés de la main même de son fils Ahmad. Hojjat-ol-Eslam Rafsandjani (il n’est pas ayatollah) et Ahmad ont rédigé « le nouveau testament » au moment même où on s’acheminait vers la Création du « Conseil à trois ». Le texte stipulait que le fondateur de la République Islamique avait choisi Khamenei. Ce qui fit clore les débats et plaça un homme mou du giron de Rafsandjani à la fonction suprême de la république des mollahs.

[2Rafsandjani, actuel Chef du Conseil de Discernementest sous mandat d’arrêt International (depuis 1997) suite à l'affaire de la Tuerie du MYKONOS en 1992 (du nom d'un Restaurant Berlinois). Le mandat d'arrêt international de l'interpol empêche ce dernier de voyager hors d'Iran et de ce fait, il est réduit à occuper des fonctions occultes. Il ne fait aucun doute que l'approbation de la candidature de Khatami à la présidence n'avait pas été sans rapport avec les sanctions internationales contre Rafsandjani. Entre autre, l'étiquette politique du Khatami a donné un éclat politiquement correcte à la république islamique qui n'avait eu nul besoin de cette condamnation humiliante de Rafsandjani.

Selon le Ministère allemand des Affaires Etrangères, le jugement rendu en avril 1997 dans le procès relatif à l'attentat du restaurant Mykonos, dans le cadre duquel un tribunal de Berlin a constaté que les autorités iraniennes avaient été impliquées dans un autre attentat perpétré en 1992, a déclenché une crise prolongée. Il a fallu attendre 2000 pour que les relations retrouvent une base solide. La visite du Président Khatami en Allemagne en juillet 2000 a entraîné une augmentation sensible du nombre de visites dans chacun des deux pays.
- Rafsandjani, Maître absolu de la République Islamique

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