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Vente d’armes à l’Iran : la Russie cherche un bouc émissaire
02.07.2006

Déjà en septembre 2005, le rapport du Département d’Etat américain accusait la Russie d’exporter des armes prohibées vers l’Iran et d’enfreindre ses engagements dans le cadre de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques, biologiques et toxiques.



Le 18 octobre de la même année, le Sunday Telegraph, citant des hommes des services de renseignements occidentaux non identifiés, révélait que d’anciens militaires russes avaient secrètement apporté leur aide à l’Iran afin que ce pays obtienne auprès de la Corée du Nord la technologie nécessaire à la fabrication de missiles, capables d’atteindre des capitales européennes.

A chaque fois, les russes ont apporté des démentis formels à ces accusations. Jusque-là, ils déclaraient que la Russie ne fournissait à l’Iran que des armements défensifs, ce qui est très inexact. Il existe une liste plutôt détaillée des armes vendues et des licences de fabrication d’armes vendues au régime des mollahs. Mais par la suite, il y a eu également, une importante vente de missiles anti-navires d’une portée de 300 km qui ont été disposés le long des côtes iraniennes et très probablement sur l’île d’Abou Moussa qui attire de nombreux « pêcheurs » égarés [1].

Les manœuvres aéronavales des mollahs dans le Golfe Persique ont envenimé les choses. Les mollahs prétendaient posséder des armes extraordinaires dont des missiles balistiques furtifs (lien ci-dessous), une technologie sophistiquée détenue entre autres par les Russes. Même si une grande partie des armes en question relevait de l’invention, une autre était estampillée Made-in Russie. L’affaire a créé un malaise dans les relations Russo-américaines. Les Russes avaient démenti en faisant valoir qu’il s’agissait de rumeurs provenant des média iraniens, mais l’exhibition de torpilles a rouvert le dossier des ventes d’armes russes non défensives aux mollahs. De plus, encore plus récemment, le Washington Post a affirmé que des experts iraniens en missiles avaient reçu une formation à l’Université aérospatiale de Samara en Russie. Depuis, les Russes insistent avec véhémence qu’il n’y a jamais eu d’accord sur le transfert à l’Iran de la technologie des missiles Russes.

« Au cours des cinq à six dernières années, le problème des fuites au sujet de la technologie des missiles a toujours été abordé dans notre dialogue avec les Etats-Unis. La Russie a répété à plusieurs reprises que notre position était claire comme le cristal », a affirmé vendredi dernier le ministre russe de la Défense, Sergueï Ivanov. Cependant, cette affirmation est bien présomptueuse car dans le cas de fuite (comme le cas évoqué par le Sunday Telegraph), l’intégrité de l’état Russe n’est pas remise en question. C’est pourquoi la réaction de la Russie paraît exagérée.

Plus maladroitement, alors qu’ils sont soupçonnés d’avoir aidé les mollahs pour des missiles balistiques qui menacent l’Europe, les Russes tentent une diversion et rejettent très grossièrement la faute sur leur bouc émissaire préféré : l’Ukraine. Vendredi, lors d’une conférence de presse au siège de RIA Novosti, le ministre russe de la Défense Sergueï Ivanov a explicitement accusé la firme ukrainienne Progress, d’avoir livré en 2000 et 2001 six missiles de croisières aériens à grand rayon d’action K-55 (missiles soviétiques) à la Chine, et six autres missiles du même type à l’Iran.

De 2000 à 2001, l’Ukraine était encore un allié de la Russie post soviétique et n’avait pas fait souffler un vent de rébellion au sein de la Communauté des États indépendants (CEI qui regroupe 12 des 15 anciennes républiques d’URSS [2]). Cependant les dates n’ont pas été choisies au hasard, de 1999 à 2001, la future [3] 1er ministre très opposée à la politique énergétique de Moscou, la séduisante Yulia Tymochenko était vice-premier ministre du gouvernement du président Youchtchenko. La Russie poursuit sa vendetta contre l’Ukraine. « Il s’agit de l’unique cas de violation du régime de non-prolifération constaté jusqu’à présent dans l’espace de la CEI », a précisé le ministre.

« En ce qui concerne les Etats indépendants qui avaient eu, à l’époque soviétique, des sites nucléaires sur leur territoire, aucune violation n’a été repérée, à l’exception du cas de la firme ukrainienne citée plus haut », a ajouté le ministre russe de la Défense.

Mais il est fort probable que la Russie découvre d’autres violations de ce genre dans la CEI, à chaque fois que son nom sera cité dans une inquiétante affaire de transfert de technologie ou de ventes de missiles balistiques à l’Iran.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

Sur la coopération militaire russe :
- La liste non-exh. des contrats militaires entre la Russie et l'Iran
- (04.12.2005)

Sur la coopération nucléaire clandestines entre l’Iran et la CEI :
- Décodages : L'Iran ne possède pas de missiles furtifs
- (03.04.2006)

Sur les rumeurs militaires diffusées par les mollahs :
- Estimation de la capacité nucléaire de l’Iran en 2007/2008
- (21.04.2006)

Sur le front énergétique Anti-russe initié par l'Ukraine :
- Aucune alternative énergétique viable pour l'Europe (si les mollahs demeurent au pouvoir...)
- (27.05.2006)

[1Un Allemand et un Français sont détenus en Iran depuis fin novembre pour avoir pénétré « par inadvertance » dans les eaux territoriales iraniennes lors d’un tour en haute mer… Les deux hommes avaient loué le 29 novembre un bateau pour aller en haute mer. D’après le journal régional allemand Die Rheinpfalz, ils s’étaient rendus au sud de l’île d’Abou Moussa, au large de Dubaï, à l’ouest du détroit d’Ormuz. Paris et Berlin s’efforcent d’obtenir leur libération. Les deux hommes prétendent qu’ils étaient partis des Emirats arabes unis (EAU) pour une partie de pêche et se seraient fondés sur des cartes maritimes issues des Emirats et n’avaient donc pas conscience d’enfreindre des eaux territoriales iraniennes ou d’être dans une zone contestée.

Les autorités émiratis avaient rejeté ces accusations et avaient répliqué que la zone (d’Abou Moussa) est signalée aux navigateurs et qu’elle se trouvent au-delà de la zone conseillée pour la pêche sportive .Le Golfe Persique est une destination touristique prisée depuis quelques mois. Il y a environ deux mois, ce sont deux anglais qui avaient également pénétré «par inadvertance» dans les eaux territoriales iraniennes qui ont été libérés après quelques semaines de négociation. Eux aussi avaient loué un bateau pour aller en haute mer et s’étaient rendus «par inadvertance» sur une île. Le sort du Français et de l'Allemand écroués en Iran sera lié au Nucléaire |

[2La CEI est une collectivité intergouvernementale de coopération dont l’identité politique et juridique reste incertaine. Elle a été créée par Boris Eltsine, Leonid Kravtchouk et Stanislaw Chouchkevitch le 8 décembre 1991 lors de leur réunion à la résidence de Viskouly. L’accord constitutif de la CEI était supposé faciliter l’accès à l’indépendance des républiques soviétiques et développer la coopération multilatérale sur l’espace post-soviétique . Le 21 décembre 1991, lors du sommet de Alma-Ata, la CEI est élargie à huit autres Etats issus de l’URSS : la Moldova, l’ Arménie, l’ Azerbaïdjan, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Turkménistan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan. Tout comme l’Ukraine, la Fédération de Russie et le Bélarus ils détiennent le statut de membre fondateur de la Communauté. La Charte de la CEI a été adoptée en 1993, la même année les Etats indépednants ont créé une union économique dans le but de developper la coopération économique et commerciale. La Géorgie a été contrainte de demander l’adhésion à la CEI en raison de la déstabilisation de la situation politique en Abkhazie et dans la région de Tshinvali. Entre 1994 et 1999 la CEI s’est trouvé en paralysie. Une réforme de ces organes exécutifs ont été entrepris dans les années 2000. La majorité de projets initiés dans le cadre de la CEI ont échoué. En 2005 le Turkménistan a fait connaître sa décision de dégrader sa participation au niveau d’observation. La Géorgie, la Moldavie et l’Ukraine ont informé de leur éventuelle sortie de l’association.

[3Tymochenko, l’ex 1er ministre de l’Ukraine est en passe de retrouver son poste selon un accord de coalition à Kiev.