Dans l’article «les leçons de Shanghaï», nous avons analysé le changement de discours chez les divers protagonistes. Les Chinois ont rompu leur réserve pour encourager vivement leurs « amis » iraniens à étudier l’offre européenne et à négocier, pour ne pas dire qu’ils ont très poliment demandé aux mollahs d’accepter cette offre généreuse.

A l’inverse, les Russes ont donné le signal pour un raidissement de la position iranienne, afin qu’ensemble, ils puissent contribuer à amplifier la crise dans le but d’obtenir des avantages des Américains et affaiblir l’exigence Américaine car à l’inverse de la Russie ou de l’Iran, les Etats-Unis ont à compter avec la pression de leur opinion publique.

Depuis le retour de Ahmadinejad de Shanghai, le régime des mollahs a mis le turbo dans cette politique dont il s’est fait une spécialité  : des changements à rebrousse poils… (liens) Il souffle le chaud et le froid dans le but de retarder l’annonce d’une décision.

D’ailleurs, le régime des mollahs n’a même pas épargné camarade Poutine de cette technique quand il devait accepter ou rejeter la Proposition d’un enrichissement délocalisé en Russie : encore aujourd’hui nul ne peut affirmer si cette proposition a une chance de réussite ou pas. Le changement à rebrousse poils donne l’espoir et préserve l’ambiguïté !

Samedi 17 juin, le ministre des Affaires étrangères des mollahs, l’ex-milicien Mottaki : « La réponse de l’Iran au paquet d’offres faites par l’Europe, tout comme le processus d’enrichissement d’uranium (en Iran), sera absolument transparente ».

Pour ce qui est de la Transparence, Mottaki n’a pas tenu parole. Le lendemain, cet ex-barbouze refusait de répondre à la question de savoir si l’Iran acceptait de suspendre ses activités d’enrichissement d’uranium en ayant recours à une excuse inappropriée : « Permettez-moi de respecter l’accord avec les Européens pour ne rien dire de l’offre ».

Il ne faut s’attendre à une transparence de la part des mollahs, encore moins à de la cohérence. Alors que l’on aurait pu s’attendre à une certaine réserve de la part des mollahs du moins pendant le temps qu’ils prétendaient étudier ou examiner l’offre des P5+1 [1], Assefi, le porte-parole de la diplomatie iranienne a déclaré que l’Iran refusait toute condition préalable au dialogue avec les grandes puissances à propos de son programme nucléaire, rejetant implicitement toute suspension de son enrichissement d’uranium.

La République islamique d’Iran « ne renoncera pas à ses droits » en matière d’enrichissement d’uranium. Et par-dessus le marché, Mottaki reprenait la parole pour affirmait que le régime des mollahs n’ont que faire de la date limite du 15 juillet correspondant à la réunion du G8 en Russie car Kofi Annan lui aurait donné tout le temps dont ils auraient besoin pour examiner l’offre. Mottaki a ajouté que son pays avait « commencé à examiner sérieusement l’offre » et donnera « sa réponse » après avoir terminé son examen. Selon Mottaki, à cet effet plusieurs comités ont été créés pour étudier les propositions et préparer la réponse iranienne.

Dernière Trouvaille. L’excuse selon laquelle il faudrait des délais aux comités pour mener à bien l’examen, semble peu convaincante. Les mollahs ont d’ores et déjà armé leurs fameuses mitraillettes à idées pour couper court aux protestations des Européens. Il faut reconnaître que leur dernière trouvaille ne manque pas d’ingéniosité. Cependant ceci prouve leur mauvaise foi à toute épreuve et la volonté de ne pas coopérer, et ce dans absolument tous les domaines.

La dernière trouvaille a été annoncée par Mottaki : il a accusé dimanche les Etats-Unis de tenter de détourner l’Union européenne d’un éventuel compromis avec Téhéran sur le nucléaire. De quel obstacle s’agit-il ? de la date limite.

« Nous avons formé différentes commissions pour étudier le paquet. Quand les commissions auront tiré leurs conclusions, nous enverrons notre réponse immédiatement aux Européens », c’est là la définition de la transparence selon les mollahs !

Le seul défaut de cette tactique dilatoire est que les mollahs doivent se montrer offusqués par l’incroyable mauvaise foi des américains : Téhéran vient d’ailleurs de refuser de discuter avec les Etats-Unis sur l’Irak. Rappelons que les mollahs font tout leur possible pour enflammer l’Irak dans l’espoir d’obtenir des négociations en direct avec les USA du moins sur l’Iran.