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La Prière de Vendredi ridiculise Ahmadinejad : décodages
11.06.2006

Depuis l’instauration de la République Islamique en Iran, chaque fin de semaine a lieu la [Prière du Vendredi] (jour férié musulman). La Prière du Vendredi de la ville de Téhéran donne aux mollahs l’opportunité de faire des déclarations officielles dans un cadre officieux. Jannati, le porte-parole officieux de Khamenei a fait un discours remarqué sur le droit à l’enrichissement. Ce sermon a été interprété à l’envers par les occidentaux.




Le Sermon de Jannati..
Ahmadinejad nous a toujours dit : je suis votre larbin et il a affirmé qu'il voulait servir comme un larbin, il a toujours dit qu'en tant que larbin, il voulait l'avis de ses chefs, il a toujours insisté pour que l'on les lui donne.

Il a toujours voulu qu'on le corrige en cas de faute ou d'erreur, c'est pourquoi nous (Jannati) n'avons jamais cessé de lui ordonner nos recommandations en personne ou par personnes interposées. Au sujet du nucléaire, on a longuement discuté (il est «nous» et «on» et Mahmoud est perçu comme un «jeune fou fou» qu’il faut guider - ndlr), et pour ainsi dire, vous avez vu que notre (les iraniens - ndlr) obstination a été payante face aux complots, les tentations (les propositions européennes) et les manigances. Ils (les occidentaux) ont commencé par des avertissements et des réprimandes pour nous faire fuir, tout le monde a résisté et n'a pas abandonné l'arène et du coup, ils ont reculé et accepté implicitement que nous l'ayons (le nucléaire) !

Mais à nouveau, ils veulent secrètement nous priver de nos privilèges (l’enrichissement - ndlr). Ils nous ont apporté un paquet (au sens de cadeau emballé). Un paquet à leur image, il ne convient pas à moi, à nous ou au peuple iranien. Il y a une chose indéniable qu'il faut qu'ils sachent : tous ceux qui ont un rôle dans ce pays dans la direction des affaires ne sont pas satisfaits que nous reculions ne serait-ce que d'un pas de nos positions légitimes.

Cris de bénédictions à la gloire du Prophète, Dieu est Grand et Khomeiny est mon guide (la rengaine du régime) suivis du désormais inoubliable : L'énergie atomique est mon droit indéniable qui remplace l'autre slogan scandé : mort à l'Amérique ! et de nouveau : L'énergie atomique est mon droit indéniable ! Mon droit indéniable ! Mon droit indéniable !

Jannati répond : Je souhaite votre succès. Mais oui ce droit indéniable, vous l'obtiendrez. Notre histoire a prouvé que l'obstination était payante : quand nous avons tenu, nous avons toujours gagné et quand nous n’avons pas tenu, nous avons perdu. C'est notre expérience historique (de la république islamique) et nous devons tenir bon dans la situation actuelle, nous devons avoir le droit à enrichir de 3,5 à 5% et ils doivent l'accepter, même s’ils ne l'acceptent pas ce n'est pas grave car nous ne pouvons renoncer sur ce sujet qui est fondamental pour nous.

Le discours est important à plusieurs titres qui sont complémentaires et que nous allons passer en revue. Le premier est l’humiliation paternelle imposée au jeune Ahmadinejad par un aîné. Il est dépossédé de son rôle de décideur au profit d’un ou plusieurs bons conseillers qui savent ce qui est bon pour le pays et qui d’ailleurs le savent mieux que Ahmadinejad. Cette approche présage peut-être un changement. En réalité, le régime veut se donner des options pour sortir de la crise sans avoir l’air d’avoir eu peur des sanctions américaines.

Le second point est l’insistance du vieux mollah sur le niveau de l’enrichissement, ce qui dépasse son niveau de compétence. Ces caractéristiques ont été suggérées par l’Institut des Etudes Stratégiques du régime qui définit les discours du moment. Il n’est pas improbable que l’une des options prévoie de faire endosser la responsabilité de la défaite au Commandant du moment, c’est-à-dire dans notre cas, Ahmadinejad. La suite se passera en deux actes.

Ce n’est pas un cas inédit ; c’est ce qui arriva à la fin de la guerre Iran-Irak. Pendant huit ans, Khomeiny avait martelé que la guerre était une bénédiction ; quand finalement il dut accepter la fin des hostilités, dans un premier temps Rezayi, le chef des pasdaran, se rendit à la télévision en pleurant pour admettre l’infériorité de l’Iran (Saddam avait lancé le bombardement des villes et les combattants ne voulaient plus se battre). Après cet épisode larmoyant, vint le second acte : Khomeiny déclara qu’il s’apprêtait à boire la coupe du poison (renoncer à la victoire sur Saddam).

Dans notre cas, à défaut d’un remake, Ahmadinejad sera sermonné par les vieux et devra se retirer les sanglots dans les yeux et le guide Suprême, remplaçant de Khomeiny, boira la coupe de poison du renoncement à l’enrichissement à 99%. La prière de vendredi et l’insistance du vieux Jannati considéré comme le porte-parole de Khamenei prépare le terrain, on humilie Ahmadinejad qui est qualifié de « larbin » et l’on insiste sur l’exigence de 3,5 à 5% comme le droit indéniable des Iraniens. Le discours de Jannati n’est pas le début d’un changement de cap mais le début d’un plan B. Mais, le régime des mollahs n’est pas en reste dans le domaine des plans B et il a lancé un autre plan encore mieux troussé.


Plan C..
Ce plan est celui d’une soi-disant offre faite ; aux mollahs par les Américains en 2003 selon la version Russe ou, la même offre, faite par les mollahs à Bush selon la version iranienne.

Dans la version Russe livrée par Ria Novosti, il est question de négociations qui auraient eu lieu entre les mollahs et un certain Flynt Laverett qui est présenté comme le directeur de la Brookings Institution de Washington. Brookings est un Think Tank démocrate qui milite en faveur de la reprise des relations entre les USA et les mollahs et ce au nom de valeurs qui nous échappent.

Brookings est très apprécié en France et en Russie qui sont deux états qui partagent des points de vue similaires sur l’Iran tout en restant concurrents. Flynt Laverett était un ancien directeur d’un département Moyen-Orient de Brookings, son nom ainsi que le nom de son épouse sont cités dans un seul article qui révèle l’existence de l’opération « SUPER OFFRE 2003 » aux mollahs !

L’auteur de l’article est un certain Martin Walker qui s’est illustré notamment dans la diffusion de la rumeur de la Bourse Iranienne du Pétrole cotée Euro (Iranian oil bourse ou IOB), rumeur qui s’est vite avérée n’être qu’un hoax (rumeur virtuelle). M. Martin écrit sur un site anti-américain nommé Mondialisation.ca, site où l’on apprend par exemple que les Américains ont créé une légende Zarqawi pour justifier leur occupation de l’Irak. Mais le site regorge de talents méconnus comme Thierry Meyssan, l’ami de notre Larijani. Nous vous conseillons d’y faire un tout si vous voulez enrichir votre liste d’agités du net qui œuvrent pour les intérêts des mollahs. Le plus étonnant est la participation de Brookings et de Laverett à cette opération qui fleure bon l’opération pro-mollahs ! Même si Brookings est hostile à un changement de régime pour une démocratie en Iran, nous espérons que l’institution américaine se soit fait piéger et qu’il ne s’agit pas d’actes délibérés comme nous l’avons vu avec les colloques organisés par un autre Think Tank pour encourager la balkanisation de l’Iran.


Le Deal ou l’offre.
devait assurer l’accord de l’Iran avec la stratégie des « deux Etats, Israël et la Palestine », le renoncement de Téhéran à appuyer le Hamas, le Hezbollah et les autres mouvements terroristes, la coopération de l’Iran avec les Etats-Unis en Irak et en Afghanistan, la lutte commune contre Al-Qaïda et enfin, la conclusion par l’Iran d’un accord global de sécurité avec les pays du Golfe Persique, prévoyant notamment le renoncement à y déployer des armes nucléaires.

En contrepartie, l’Iran demandait aux Etats-Unis la reconnaissance diplomatique totale, la levée des sanctions unilatérales et l’abandon des plans de remplacement du régime iranien.

Selon la version occidentale (révélée par Ria Novosti), l’affaire aurait échoué après le refus du binome Cheney-Rumsfeld, dans la version iranienne divulguée par un certain Trita Parsi (un jeune lobbyiste iranien travaillant avec Bob Ney, un autre figurant de l’affaire Euro [1]), le dénouement négatif est dû à l’arrivée au pouvoir de Ahmadinejad. Dans cette version, on parle d’un renouvellement de l’offre en 2006 avec à la clef, une demande de Ahmadinejad sur le droit à la recherche dans le domaine de l’enrichissement d’uranium.


C’est très compliqué et tarabiscoté,
mais ce ramassis de charabia est le plan C des mollahs. La rumeur est censée prouver que les Américains ont besoin de s’entendre avec les mollahs et que les mollahs sont loin de sacrifier leurs idéaux pour un compromis. De plus la reconnaissance d’Israël est le centre de cette affaire, surtout quand on se souvient des dérapages verbaux de Ahmadinejad, un détail qui met en doute la véracité de ce soi-disant plan de réconciliation. En vérité ce plan s’inscrit dans le vieux rêve du régime d’être reconnu par les USA.

Cette affaire diffusée sur Internet par les amis de Thierry Meyssan est une création pour prouver l’indispensabilité et la puissance des mollahs qui finiront par plier les Américains. L’avantage de la diffusion de cette imposture est qu’elle donnera une nouvelle interprétation de l’absence d’accord possible avec l’Iran à l’avantage de ce pays et de ses dirigeants. Et le point important est la reconnaissance d’Israël et non pas le nucléaire. La subtilité est là. Si un accord est conclu sur une petite dose d’enrichissement, les mollahs peuvent dire qu’ils ont refusé le volet consacré à Israël donc victoire partielle. Si le régime n’arrive pas à ses finns, ce sera une victoire éclatante, car ils auraient refusé tout compromis.

Les plans A, B et C du régime sont uniquement des manœuvres : Il s’agit encore d’une ruse car il suffirait d’accepter les propositions européennes pour en finir, mais le régime des mollahs maintient le cap pour obtenir le droit à la recherche et continuer ses activités nucléaires qui seront son billet d’accès à la technologie de la bombe.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

[Recherche Par Mots Clefs : Prière de Vendredi]

[1Ron Paul, congressman républicain isolationniste américain qui a lancé le concept de la Bourse Iranienne du Pétrole (Iranian oil bourse ou IOB). Dans un discours datant de février 2006, Ron Paul s’est adressé aux autres élus expliquant que Saddam Hussein avait le même projet de la Bourse pétrolière en Euro, ce qui avait causé sa perte. Enchaînant sur le fait que Hugo Chavez y avait travaillé, ce qui lui avait valu également la haine de Bush, le sénateur citait la république Islamique comme le dernier exemple de ce projet d'émancipation monétaire. Ron Paul appartient à un groupe de politiciens américains qui font du lobbying pour le régime des mollahs et pour son allié Chavez en stigmatisant la guerre en Irak afin d’encourager l’opinion américaine à ne pas soutenir une intervention en Iran qui serait motivée par des raisons totalement indépendantes de la sécurité des Etats-Unis (Pétrole, capitalisme & dollar). Lobby Ron Paul : le groupe comprend 30 congressmen et 12 sénateurs. Les personnalités les plus réputés de ce groupe sont : Amo Houghton, Patrick Kennedy, Edward Kennedy, Bob Ney, Jopseh Biden. John McCain est lié à ce groupe sans en faire partie.