Officiellement : Tout a commencé à la suite d’un dessin humoristique où l’on voyait un cafard parler en azéri, le langage vernaculaire des populations d’Azerbaïdjan (un dialecte persan turquisé). La caricature aurait provoqué l’ire de ses gens... c’est du moins la version officielle, et soi-disant pour calmer les esprits le dessinateur de la caricature du journal « Iran » vient de se faire arrêter. D’ailleurs les manifestations se sont calmées aujourd’hui.

Mais là où le bât blesse, c’est que dans les faits ces manifestations qui se déroulent dans les provinces périphériques de l’Iran ne sont pas si spontanées qu’on ne le prétend mais « aidées » et « téléguidées » par des états étrangers et des organisations dites de résistance à la république des mollahs.

Ce n’est un mystère pour personne que certains anglais, certains israéliens, certains américains, encore plus de russes et beaucoup d’arabes font un forcing en ce sens et nous devons le déplorer malgré notre désir le plus cher de libérer l’Iran des religieux islamistes. Une libération ne se fait pas au prix de l’anéantissement du pays, détruire le pays ne le libérera pas.

Contribuer à la partition d’un vieux pays comme l’Iran qui est un des rares pays du monde à avoir des frontières historiques et une unité millénaire serait une grave erreur selon nous. Pour la première fois dans son histoire, les voisins de l’Iran et de nombreux pays étrangers peuvent miser sur la colère des régionaux pour encourager les sentiments indépendantistes ou séparatistes.

La situation est très confuse dans les régions frontalières de l’Iran. Les voisins qui sont intéressés par le démembrement de l’Iran paient des groupes minoritaires pour provoquer des affrontements, certains think Tank américains poursuivent le rêve de la balkanisation ethnique (ou raciale) de l’Iran et l’encouragent en organisant des conférences qui tentent de donner une légitimité internationale ces groupuscules. Il est nécessaire de rappeler que nombre d’entre eux étaient financés, il y a peu, par Saddam. D’autres ont pris le relais de cet ennemi de l’Iran.

Le régime lui-même participe à la fête, n’hésitant pas à jeter de l’huile sur le feu pour diaboliser les manipulations étrangères en Iran et justifier une répression encore plus importante.

Dans ces conditions, le démembrement serait relativement aisé à obtenir. Ce qui importe pour le régime des mollahs a toujours été l’obéissance au Chiisme, le nationalisme iranien lui importait peu. La nature islamique du régime est entrée immédiatement en conflit avec la réalité multi-ethnique et multi-confessionnelle iranienne et ce conflit n’a cessé de s’amplifié au cours de ces 27 dernières années. Le régime islamique n’a cessé de maltraiter ces populations qui ont le tort d’être sunnites et donc suspectes aux yeux du gouvernement chiite ! De plus ces populations sont suspectes de connivences avec les pays voisins qui exploitent cette situation.

Tout cela fait que les velléités d’affranchissement de ces régions se soient développées et que le ressentiment vis-à-vis de Téhéran se soient accru. Et cela sans oublier que les représentants du gouvernement islamique et leurs armées religieuses (pasdaran et bassidjis) dans ces provinces se sont arrogé des droits et des pouvoirs qui sont très oppressifs et quasiment sans limites.

En admettant que ces manoeuvres aidées par les puissances étrangères aboutissent et que les provinces en question se lancent vers une indépendance, on assistera à des guerres qui par comparaison risquent fort de faire paraître la guerre des Balkans comme une aimable sortie de scouts. Non seulement l’Iran sombrerait encore plus, mais ses voisins, la région (le Moyen-Orient, l’Asie Centrale et le Golfe Persique) seraient à leur tour atteints. Avec les Américains, les Russes et les Chionis qui se disputent ces régions inflammables, il ne faut pas se faire d’illusion nous sommes dans un processus de Guerre mondiale. Si nous prenons cas par cas, la démonstration est on ne peut plus claire :

• Si l’Azerbaïdjan iranien quitte l’Iran, il y aura ceux qui voudront rejoindre la Turquie et ceux qui voudront rejoindre l’Azerbaïdjan (ex-province d’URSS), on ira invariablement vers des guerres internes azéris sans compter le problème qui se posera pour une Arménie chrétienne encerclée.

• Si le Kurdistan iranien quitte l’Iran, c’est les autres états qui disposent de minorités importantes kurdes qui seront touchés, le désir d’union kurde peut être élevé mais le problème religieux surgira aussi, la Turquie sera impliquée, l’Irak aussi et la Syrie dans la foulée.

• Si la province arabe de Khouzestan fait cessession, elle tentera peut-être une union avec leurs voisines irakiennes mais les provinces arabophones iraniennes sont souvent sunnites et leurs voisines irakiennes sont chiites en majorité, là encore on se dirige vers des guerres longues et meurtrières.

• Si le Baloutchistan réussit à se couper de l’Iran, c’est cette foi au Pakistan que se dérouleront les heurts, les baloutches pakistanais ont déjà l’envie d’indépendance et ils ne sont pas des modèles de pacifisme.

• Dans le sud de l’Iran, ce serait aussi l’embrasement, entre les territoires revendiqués par les pétromonarchies et les Hormozganis (iraniens riverains du Golfe Persique) qui rêvent de s’emparer des émirats.

• En remontant plus au Nord-Est de l’Iran les relations entre les populations afghanes et les ex-républiques soviétiques de l’Asie Centrale ne seront pas simples non plus, si on prend en compte les ethnies rivaux qui se côtoient dans ces régions très convoitées.

Le projet du démembrement de l’Iran ouvrira la Boîte de Pandore. Ce sera jouer avec le feu, tirer la queue du diable et tout cela sans oublier que du matériel de guerre, du matériel nucléaire se trouve disséminé dans toutes ces zones. Ces zones de plus sont peuplées de populations rivales les unes des autres avec des personnes prêtes à tout pour prendre le pouvoir et éventuellement se venger d’actes passés…

Avec tout cela on voit qu’il est probablement plus qu’hasardeux de se lancer dans ce genre de pari de faire chuter le régime central de Téhéran par les provinces périphériques.

A n’en pas douter, par réaction une union regrettable à nos yeux se feraient alors derrière les mollahs de « ce qui resterait d’Iran », ne faisant ainsi que multiplier un problème existant plutôt que de le résoudre.

Il faut se débarrasser des mollahs et de ce régime mais pas au prix de l’émiettement de ce pays, le danger ne ferait qu’être éparpillé, mais les particules seront toujours aussi redoutables que l’ensemble homogène.

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