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Haaretz : L’Iran n’est pas bombardable
19.04.2006

Nous publions cet article malgré notre désaccord sur les conséquences de la guerre sur le peuple iranien. L'unification du peuple et des mollahs n’est pas à l’ordre du jour et la majorité des Iraniens sont en colère parce que les Etats-Unis ne tiennent pas leurs récentes promesses : se tenir à côté du peuple iranien et à côté ne veut pas dire à 18000 Km de distance. Car nous sommes des opposants et à l’instar du Général de Gaule, nous attendons que des troupes internationales débarquent sur « nos plages normandes » pour nous délivrer d’un régime qui nie l’identité iranienne et se réclame d’un totalitarisme extra-national qui menace le monde. Nous ne sommes pas Pétainistes ou Vichyste, mais Gaullistes.



Ahmadinejad le président iranien ne comprend pas la nuance, lorsqu’il fait un « cadeau » au reste du monde, comme un sauvage il déchire l’emballage. Il annonce que son pays a enrichi de l’uranium et est une puissance nucléaire. Vrai ou faux, cela n’a aucune espèce d’importance, pas plus de savoir à quel moment l’Iran sera une vraie puissance nucléaire avec des bombes, que cela soit dans six mois, un an ou deux. Il n’y a plus de doute sur les visées nucléaires militaires de ce pays même si ses dirigeants continuent de clamer qu’il n’y a pas de programme militaire. L’Iran d’Ahmadinejad exige d’être membre du club des puissances nucléaires ou alors leur fera la guerre. Ainsi Ahmadinejad se sort de l’imbroglio pour le mettre dans les mains du « monde » et spécialement des USA.

L’option militaire peut présenter des intérêts et déjà dans quelques endroits du monde, il se trouve des personnes prêtes à appuyer sur le bouton de déclanchement des tirs, mais malgré cela Ahmadinejad peut dormir tranquille. Car en effet cette attaque fait quand même peur à Washington, qui redoute plus que tout une riposte iranienne sur les cibles américaines en Irak mais aussi sur un déclanchement d’attaques terroristes massives par les mouvements irakiens qui sont aux ordres de Téhéran. Une attaque sur l’Iran unirait aussi les Iraniens, y compris les opposants aux ayatollahs, ce qui renforcerait leur régime et éloignant du même coup tout espoir de renversement du régime.

Une attaque contre l’Iran ferait aussi de ce pays une victime des États-Unis tout spécialement aux yeux du monde arabo-musulman qui se solidariserait avec ce pays. Cela entraînerait une gêne pour la Russie et bien sûr un accroissement du sentiment anti-américain au Proche-Orient. Et cela avant même qu’il soit clairement défini quelles sont les cibles et si même les renseignements occidentaux connaissent toutes les cibles.

Ces dilemmes sont le résultat de deux échecs d’envergure : une surveillance internationale faible et déficiente d’une part et la croyance que la communauté internationale peut dicter une politique antinucléaire globale d’autre part.

Toutefois il est trop facile d’incriminer la surveillance internationale, ainsi en Irak les inspecteurs internationaux ont bien annoncé que Saddam Hussein ne possédait pas d’armes de destruction massive sans pour autant être écoutés à Washington, la guerre a quand même eu lieu. D’un autre côté la Corée du Nord possède des matières fissiles, mais pour des raisons politiques n’est pas dans la ligne de feu des USA, pas plus que des menaces de sanctions ne planent sur Israël, l’Inde ou le Pakistan.

El Baradai de l’AIEA a proposé de créer une sorte de banque mondiale des matières fissiles où les pays dignes de confiance et sous contrôle international pourraient se servir de ce dont ils ont besoin dans un but pacifique, El Baradai reconnaissant que la surveillance internationale était problématique et que n’importe quel état désireux de devenir une puissance nucléaire le pouvait malgré tous les contrôles. La proposition d’El Baradai a un effet anti-sanction et vise à encourager la coopération internationale. Comment offrir une incitation positive à l’Iran qui a déjà titillé la queue du diable dans la course à l’armement et qui est dirigé par un chef illogique et zélote qui peut aussi être fou et incontrôlable.

La réponse est simple et les USA ont déjà engagé des pourparlers avec l’Iran à propos de l’Irak. Ils contredisent d’ailleurs leurs propres arguments sur la folie iranienne car comment admettre qu’ils peuvent discuter avec un aliéné ? Et si l’Iran est un état fou quelles sanctions appliquer ? Ce n’est pas la sémantique qui va pouvoir décider mais bien la prise de conscience qu’il n’y a personne en ce moment qui puisse réellement attaquer l’Iran, qu’il va donc falloir trouver une solution aux dilemmes qu’une attaque créerait.


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