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Iran : le malaise américano-russe
10.04.2006

Voilà la question que se pose Peter Gontcharov, le commentateur de Ria Novosti, un journal russe dont le pays est peut être le seul à avoir la réponse ! Il est intéressant de lire ce que ce journaliste généralement bien au fait des questions stratégiques écrit et de le comparer à nos analyses précédentes...



Les grandes manoeuvres Payambar é azam (prophète suprême) ont eu un écho très important alors même que les images que l’on a pu en obtenir semblent indiquer qu’il ne s’agit de rien que de la sortie de quelques malheureux petits navires faisant pâle figure face à ceux déployés dans la région tant par les voisins immédiats de la république islamique que par les marines des grandes puissances mondiales. Ces manoeuvres ont été présentées par le régime de Téhéran comme la démonstration de leur capacité alors que beaucoup y voit un coup de bluff.

Est-il vrai que comme l’a annoncé la presse iranienne, les plus récents et les plus modernes modèles d’armes ont été testés et que certains seraient sans rivaux sur terre ?

L’envoi de missile supersonique et muni de système de guidage thermique ?
- Réalité ou bluff ?

L’envoi de missile de courte portée muni de système autonome de détection ?
- Réalité ou bluff ?

Le test de missile russe dont la vitesse aurait été augmentée de 100 noeuds ?
- Réalité ou bluff ?

En principe l’Iran contrôle un détroit par lequel plus de 80 % du pétrole extrait dans la région transite et a donc les capacités théoriques de couper cet approvisionnement. Les principaux ennemis désignés de l’Iran, les USA et Israël ont de sérieux doutes, selon eux Téhéran bluffe et cela parce qu’il n’a pas les moyens d’accéder à une telle technologie, ne serait ce que du fait de l’embargo qui le frappe.

On ne peut comparer les manoeuvres iraniennes avec la puissance de feu des 6 groupes de porte avions, 4 dans le Golfe Persique et 2 sur les rives de la Méditerranée. Sur chacun de ses porte-avions il y a entre 80 et 90 chasseurs bombardiers récents à mettre en parallèle avec les 360 vieux avions iraniens dont 40 à 60 % sont inutilisables et un tel déséquilibre est donc non seulement évident, mais signifie que la seule force aérienne américaine ne laisserait aucun avion iranien prendre les airs mais pourrait aussi détruire tous les missiles au sol, et que les Fadjr 3 sur lesquels mise et communique l’Iran ne pourraient être qu’envoyé depuis un bâtiment en mer.

Aussi que ce soit en matériel ou même en hommes mobilisables et techniquement aptes, en cas de conflit l’Iran sera perdant et on peut alors se demander quel était le véritable but de ces manoeuvres. A n’en pas douter on peut rebaptiser les manoeuvres Payambar é Azam du grand bluff spécialement quand on sait que certains spécialistes ont vu dans ces manoeuvres des manoeuvres contre l’Iran lui-même !

Ast-ce la feuille de route selon Moscou ?

L’Iran a encore le temps, du temps pour réfléchir et du temps pour discuter avec le Conseil de Sécurité de l’ONU et du temps même pour entamer des négociations avec les USA. L’Iran a encore du temps pour marchander, l’Iran a encore du temps pour fléchir sa position intransigeante.

Selon toute vraisemblance une attaque américaine ne pourrait intervenir -si elle devait avoir lieu- avant le mois de Septembre. Et cela pour la bonne raison que l’ensemble des forces de l’OTAN, en Afghanistan et dans le Golfe seront sous contrôle de généraux américains. Des généraux qui prévoient que le feu sera éteint en Afghanistan avant Novembre. Et que par ailleurs ce sera l’époque des élections au Congrès US. Voilà pourquoi si la volonté américaine était dans une confrontation avec l’Iran, la meilleure période serait à partir de Septembre.

L’Iran a donc encore du temps, pas mal de temps pour réussir même à convaincre le monde au sein du Conseil de sécurité de son droit à l’enrichissement et de l’illégalité d’une attaque US. Du temps qui permettrait à l’Iran de démontrer que les USA n’ont pas tant de force et ne sont pas la super puissance mondiale à craindre. L’Iran a du temps pour convaincre les Nations Unies que son dossier nucléaire ne relève que de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), pour négocier encore avec l’UE3 et aussi menacer de se retirer du Traité de Non Prolifération des armes atomiques.

Mais Téhéran n’est pas décidé à céder devant Washington sans la contrainte et la force, autrement dit sans guerre... mais si la diplomatie l’emportait alors le bluff iranien aurait fonctionné ! Dans le cas contraire on se demandera toujours à quoi servaient ces manoeuvres ?

Le régime des mollahs sait qu’il doit multiplier les provocations pour amplifier la crise. Il veut amplifier la crise pour la désamorcer. Il se dit qu’il pourra de toutes les manières signer in extremis (avec l’UE ou avec la Russie) pour prétendre « empêcher l’escalade » et « sauver la paix »... Les Russes ont à peu près le même comportement. ET nous nous demandons s’il s’agit d’un appel à la raison, d’une vraie analyse ou encore de judicieux conseils pour perturber le Conseil de Sécurité et neutraliser les efforts des Etats-Unis ?

Depuis les manoeuvres et l’exhibition des armes non-défensives que les Russes ont vendues aux mollahs, la cote de la Russie est en baisse aux Etats-Unis. Les Américains parlent de représailles économiques et de rupture.

D’ailleurs, l’excellente analyse de Peter Gontcharov est révélatrice de ce malaise car il n’aborde jamais le sujet de la controverse et ne mentionne pas les missiles vendus aux mollahs par la Russie : le propos de cet article est de répliquer au malaise créé par ces manoeuvres et les armes mises en avant par les mollahs... Goonacharov dit que les Américains pourraient facilement détruire les missiles à même le sol !

Effectivement, ils le pourraient si les Russes les aidaient en leur donnant les codes des missiles et leurs emplacements...

Les Russes reprennent à leur tour la rumeur inventée par Seymour Hersh d’une attaque militaire contre les mollahs en essayant d’atteindre plusieurs objectifs en même temps : en priorité réparer le malaise des missiles vendus aux mollahs, mais aussi blâmer les mollahs, les raisonner voire même justifier une éventuelle attaque contre l’Iran...

Comme nous l’avons dit à plusieurs reprises sur ce site, c’est un Iran en crise qui satisfait les intérêts Russes dans cette région.


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