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Révélations compromettantes du Rapport du Juin 2003 de l’AIEA
24.03.2006

LE MONDE | 21.03.06 : Alors que le Conseil de Sécurité de l’ONU ne parvient toujours pas à adopter une attitude commune face à la menace nucléaire iranienne, Téhéran a franchi, selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), une étape-clé dans sa maîtrise du cycle d’enrichissement de l’uranium en opérant les « dernières connexions » sur une cascade de 164 centrifugeuses, à Natanz.



D’après l’AIEA, l’Iran a l’intention de faire fonctionner 50,000 centrifugeuses dans des hangars souterrains, qui, en une année de fonctionnement, pourraient permettre de produire plusieurs armes nucléaires. Le processus peut cependant prendre des années : ce genre de phrase est régulièrement utilisé par l'AFP. Soit il s'agit d'une réelle méconnaissance du dossier, soit il y a volonté délibérée de tromper.

Méconnaissance ou tromperie dont nous apportons la preuve. Les Etats Européens veulent préserver de bonnes relations avec les mollahs. El Baradei lui-même continue de recommander le « dialogue ». Le document que nous reproduisons sur notre site apporte la preuve qu’aussi bien l’AIEA que la Troïka sont au courant de la capacité de nuisance nucléaire des mollahs. Ils ne peuvent également ignorer son implication dans le financement des mouvements islamistes, des chaînes jihadistes et leur complicité dans attentats à caractère islamiste. Mais les intérêts l’emportent sur le bien commun et les mollahs échappent à toutes les sanctions.

L'opinion internationale est tenue en état de veille par les services de presse qui minimisent les capacités nucléaires des mollahs.

Cette étude est fondée sur le premier Rapport de l'AIEA sur l'Iran et par la suite El Baradai n'a cessé de minimiser ses conclusions... notamment à propos de la provenance des pièces contaminées (voir nota 3), l'uranium métal, le nombre des centrifugeuses, le rôle de la Chine, etc. ...

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L’Iran et la question nucléaire

Collection dirigée par Pierre Jolicoeur, Chercheur associé au CEPES [1]

Les relations entre Téhéran et Washington sont certes tendues depuis la révolution islamique et la prise d’otages de 1979, mais depuis le discours de George W. Bush sur l’axe du mal, l’Iran est apparu comme une des principales sources de préoccupation de l’administration américaine. Dans le contexte de la polémique sur les possibles manipulations du dossier des armes de destruction massive en Irak (un autre membre de l’axe du mal), il peut sembler à propos de relativiser la menace représentée par la République islamique d’Iran. Or, depuis l’été 2002, et particulièrement depuis le dépôt d’un rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en juin 2003, la volonté iranienne de se nucléariser est de plus en plus souvent remise en question, ce qui semble accréditer la thèse américaine d’une menace nucléaire iranienne.

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Les sources d’inquiétude


Les installations nucléaires de Boushehr, près du Golfe Persique, représentent la première phase d’un vaste programme iranien de production électrique à partir de centrales nucléaires. Relancée en 1995, cette première phase, à laquelle participe la Russie, devrait être complétée en 2005 et permettra à l’Iran de produire annuellement 1000 MW d’électricité.

Au terme de son programme de développement électrique, l’Iran devrait avoir une capacité de 7000 MW. Pendant des années, plusieurs analystes occidentaux ont soutenu que le programme nucléaire iranien à Boushehr pouvait servir de prétexte au développement d’un programme nucléaire à des fins militaires, même si le but annoncé pour ces installations, opérées sous la surveillance de l’AIEA, est de fournir à l’Iran une source d’énergie alternative au gaz et au pétrole. La Russie, qui fournira le combustible nécessaire au fonctionnement des réacteurs de Boushehr, s’est assurée de récupérer le produit de la combustion nucléaire, qui, une fois retraité, pourrait être converti en plutonium.

Les préoccupations occidentales dans ce dossier ne sont pas tant que l’Iran puisse produire des armes nucléaires à partir de la centrale de Boushehr, mais plutôt que sous le couvert d’un programme de recherche civil, l’Iran puisse acquérir suffisamment d’expertise pour se procurer une telle capacité nucléaire. Depuis un an (2002, ndlr), une série de révélations a choqué les dirigeants de Washington et modifié leur évaluation de la menace iranienne. Le premier choc est survenu en août 2002, lorsqu’un groupe d’opposition iranien a révélé que l’Iran faisait construire des installations permettant l’enrichissement de l’uranium à Natanz (environ 350 km au sud de Téhéran).

- Quand le directeur général de l’AIEA, Mohammed El Baradai, a visité le site en février 2003, les installations de Natanz contenaient déjà 160 centrifugeuses fonctionnelles et des pièces pouvant permettre l’assemblage de 1000 autres.

L’objectif de l’Iran serait d’y avoir 50 000 centrifugeuses opérationnelles d’ici deux ans (2004, ndlr). Une fois en opération, ces dernières procureraient à l’Iran une capacité de produire 400 à 500 kg d’uranium enrichi annuellement, soit suffisamment pour alimenter une centrale ou pour confectionner de 15 à 20 bombes nucléaires.

De plus, l’Iran est en voie de compléter une usine à Arak, au centre du pays, pour la production d’eau lourde, qui peut certes être utilisée dans certains types de centrales nucléaires, mais qui peut également servir dans la production du plutonium. Suite à sa visite de février 2003, El Baradai s’interroge sur l’utilité pour l’Iran de produire de l’eau lourde, puisque ce pays ne possède aucune centrale à eau lourde. En mai 2003, l’Iran a annoncé la construction, devant débuter en avril 2004, d’une centrale à eau lourde d’une capacité de 40 MW.

- Dans son rapport de juin 2003, El Baradei soulève une autre question restée ouverte, à savoir l’usage que l’Iran entend faire des près de deux tonnes d’uranium acheté à la Chine en 1991, dont une partie prenait la forme d’hexafluorure d’uranium (UF6) et de tetrafluorure d’uranium (UF4). L’UF6 est une forme de gaz à partir duquel on peut enrichir l’uranium à l’aide de centrifugeuses. L’AIEA a noté qu’un des cylindres contenant l’UF6 importé pesait 1.9 kg de moins que déclaré, ce à quoi l’Iran a répondu que les quantités manquantes résultaient d’une fuite des cylindres, constatée un an auparavant.

- D’autre part, la plupart de l’UF4 importé a été converti en uranium métal. Pour l’AIEA, l’usage de cet uranium métal doit être éclairci, puisque aucun des réacteurs actuels (à eau légère), ni les réacteurs planifiés (à eau lourde) ne requièrent d’uranium métal pour la production d’électricité. Ce questionnement est lourd de conséquence, considérant que l’uranium métal est essentiellement employé dans la fabrication d’armes nucléaires.

À la vue de ces nouvelles informations, les premières estimations de la CIA, à savoir que l’Iran pourrait atteindre une capacité nucléaire d’ici cinq à huit ans, doivent être révisées. La nature de ces installations indique plutôt que l’Iran pourrait franchir ce seuil en trois ans (document rédigé le 15 septembre 2003- seuil de 3 ans = Eté/Automne 2006, Coïncidence avec la proposition Sawers* [2]). Pour Washington, l’aspect le plus alarmant dans ces découvertes est qu’une part croissante de cette technologie nécessaire pour assembler un devis nucléaire est produite localement. Les Iraniens acquièrent le savoir-faire nucléaire.

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L’Iran a-t-il contrevenu à ses obligations internationales ?


Malgré les apparences, on ne peut affirmer que l’Iran a contrevenu à ses obligations dans le cadre du Traité de non prolifération (TNP). Selon les dispositions de ce traité, la construction d’une usine d’enrichissement d’uranium n’est pas interdite. Ce serait la mise en opération d’une telle usine, sans en informer l’AIEA au moins 180 jours d’avance, ou le non respect des conditions de l’AIEA qui le serait. Si l’on considère que la visite de l’AIEA à Natanz en février 2003 a valeur d’annonce auprès de l’agence internationale, comme l’affirme le gouvernement iranien, ceci lui permet de débuter un processus d’enrichissement d’uranium à partir de l’été 2003. Pour l’instant, l’AIEA encourage l’Iran à attendre avant d’introduire du matériel nucléaire dans l’usine de Natanz, ce qui serait une « mesure d’établissement de la confiance ».

- Par ailleurs, certains experts croient que l’Iran n’aurait pas procédé au développement des installations de Natanz, assez considérables, sans avoir préalablement testé les centrifugeuses. Ce type de machine doit être calibré pour être pleinement opérationnel, ce qui ne peut se faire sans produire une petite quantité d’uranium enrichi. Ils suspectent l’Iran d’avoir procédé à de tels tests à sa centrale nucléaire de Kalaye, ce que dément le gouvernement iranien. Tout enrichissement d’uranium constituerait une violation du TNP. Or l’Iran n’a pas permis aux inspecteurs de l’AIEA de prélever un échantillon environnemental à Kalaye.

Au cours de l’été, des médias ont annoncé que des prélèvements environnementaux effectués plus tôt à Natanz avaient permis de détecter des traces d’uranium enrichi. Il s’agit probablement là de la donnée le plus incriminant d’un éventuel non respect iranien du TNP. Par ailleurs, il se peut que la présence de cet élément prohibé ne soit pas le fait d’une production domestique, mais qu’il ait été amené sur le site par des outils ou des pièces d’équipement contaminés, en provenance d’un autre site ou de l’extérieur du pays – comme par exemples sur les pièces des centrifugeuses (explication retenue par El Baradai en 2005 / polémiques) [3]. Il faut rappeler que l’Iran a le droit de posséder de l’uranium enrichi – dans le cadre de son programme civil et uniquement s’il le soumet à des inspections et le déclare à l’AIEA – pour certaines de ses installations de production électrique.

Il est difficile d’accuser l’Iran de ne pas avoir respecté ses engagements internationaux sur la question nucléaire. Le TNP permet aux États signataires de développer leur capacité nucléaire, à usage civil, en autant qu’ils permettent à l’AIEA d’effectuer des inspections de leurs installations.

- Sous couvert de ce traité, un État peut développer une formidable capacité nucléaire, qui peut ensuite être facilement détournée vers un usage militaire s’il se retire du traité. L’Iran affirme développer son programme nucléaire en vue d’atteindre l’autonomie dans l’alimentation de ses centrales nucléaires. Plusieurs se demandent cependant pourquoi l’Iran recherche une telle alternative à ses ressources hydrocarburées, qu’elle détient en quantité colossale.

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Les pressions sur l’Iran


Aujourd’hui, l’Iran est pressé de toutes parts de signer le Protocole additionnel au TNP. Ce Protocole avait été négocié à la suite de la découverte d’un programme nucléaire clandestin en Irak au début des années 1990. À ce jour, 78 pays signataires du TNP, sur les 188, ont signé ce protocole, mais pas l’Iran. Le Protocole additionnel procure à l’AIEA des pouvoirs étendus pour l’inspection de sites nucléaires, déclarés ou pas, comme la prise d’échantillons environnementaux ou la visite sans préavis de sites suspects. Sans de telles dispositions, l’AIEA affirme que sa capacité de fournir l’assurance d’une absence d’activités nucléaires non déclarées est limitée.

- Les craintes que peut susciter le développement d’une capacité nucléaire iranienne ont été alimentées par des essais iraniens sur des missiles de classe Shahab 3, menés avec succès au début de juillet 2003. D’une portée de 1500 km, ces missiles peuvent avoir une charge d’une tonne, soit suffisamment pour emporter une ogive nucléaire.

La possibilité de l’émergence d’un État nucléaire iranien vient brouiller un peu plus l’équilibre géopolitique du Moyen Orient, déjà passablement perturbé à la suite du renversement de Saddam Hussein en Irak.

Le moins que l’on puisse dire est que l’Iran développe rapidement et considérablement ses capacités nucléaires. Malgré quelques signes d’ouverture auprès de l’AIEA, Téhéran n’a pas encore montré sa volonté de rassurer la communauté internationale. À défaut de pouvoir l’accuser formellement de chercher à obtenir l’arme atomique, il est justifié d’exiger du régime de Téhéran davantage de transparence dans la gestion de ce dossier. Il est vrai que l’Iran s’est déclaré disposé à signer le Protocole additionnel au TNP en échange de la levée des sanctions économiques contre elle, mais le niveau de maîtrise de la technologie nucléaire fait cependant craindre qu’un tel geste ne soit pas suffisant pour empêcher l’Iran de devenir une menace nucléaire, s’il décide de se retirer du TNP.

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Texte en PDF & Sources d'information de l'auteur :

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L’Iran et la question nucléaire par CEPES - 2003

David Albright et Corey Hinderstein : « Iran, Player or Rogue ? »
- The Bulletin of Atomic Scientists, vol. 59, no 5 septembre/octobre 2003, pp. 52-58

Mohammed El Baradei : Implementation of the NPT Saveguard Agreement in the Islamic Republic of Iran, Rapport 2003/40 (PDF-Anglais) du 19 Juin 2003 du Directeur Général de l’AIEA, 9 p.

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Rapport 2003/40 : PDF - en version Française -


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[2*Sawers/Capacité nucléaire atteinte, l’été 2006 : Les Britanniques apportent un soutien implicite au régime des mollahs : John Sawers, haut diplomate britannique travaille avec ardeur, pour faire accepter par les 5 grands, « une stratégie » qui se veut « contre l’Iran » : elle remet à « mai / juin 2006 » tout recours à une résolution ou des sanctions. Et parallèlement, l’Institut Britannique d’IISS multiplie les expertises qui éloignent le délai de la maîtrise de la technologie militaire nucléaire par les mollahs. (Lire la totalité de la proposition abracadabrante de Sawers.).