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À la mémoire d’Amir mort du SIDA
28.03.2006

Amir, gay iranien, son histoire au pays de la peur et de la délation...



J’étais dans une soirée privée gay, nous étions environ 25, tous des amis proches. Un des garçons, Ahmad Reza, dont le père était colonel des services de renseignements du régime islamique, qui était déjà connu des services de police comme étant gay, nous a trahi et a alerté les autorités du déroulement de la soirée. Ahmad Reza a attendu que tous soient là avant d’alerter le bureau de promotion de la vertu et prohibition du vice, dirigé à Chiraz par le colonel Safaniya qui débarqua dans les minutes suivantes avec ses troupes de barbus.

La porte vola en éclats et les policiers se ruèrent sur nous en nous insultant et demandant qui se mettait dessus et qui se mettait dessous. Ils nous frappèrent sous la direction du colonel Javanmardi et lorsqu’on leur demanda d’arrêter, ils nous aspergèrent avec des sprays au poivre. Une de nos invités était une transsexuelle qu’ils frappèrent si fort que son oreille fut arrachée et qu’elle décéda à l’hôpital.

Ahmad Reza le traître nous identifiait pendant que les policiers nous frappaient. Ils nous bâillonnèrent, bandèrent les yeux et entravèrent avant de nous jeter à l’arrière de camionnettes puis nous mettre dans des cellules au quartier général du ministère de l’Intérieur, un endroit d’aussi sinistre réputation à Chiraz que l’ancienne Loubianka de Moscou.

J’ai été le troisième à être interrogé, les policiers visionnaient nos vidéos et dans l’une d’elles je récitais un poème que les policiers me demandèrent de réciter à nouveau. Lorsque j’ai demandé lequel je devais réciter, ils commencèrent à me battre uniquement au visage. J’ai même essayé de nier que j’étais gay et à ce moment-là, ils m’ont déchaussé et m’ont frappé la plante des pieds avec des câbles électriques, la douleur était tellement atroce que je m’évanouissais.

Ils découvrirent aussi dans la maison où se déroulait la fête des vibromasseurs avec lesquels ils ont commencé à nouveau à me frapper avant de m’en enfoncer un dans la bouche. J’ai essayé de dire que j’étais fils d’un martyr mort pendant la guerre Iran Irak et les coups ont redoublé. Ils ont pris ma carte de fils de martyr soutien de famille et l’ont déchiré en m’annonçant que l’université où j’étudiais l’informatique serait informée de mon homosexualité, ce qui signifiait mon expulsion...

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Amir, l’auteur de cette lettre, décédé du sida en septembre 2005


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