Shirin Ebadi : c’est notre Ally Mc Beal voilée !
08.03.2006
L’avocat iranien Abdolfattah Soltani, collaborateur du Nobel de la paix Shirin Ebadi, a été libéré sous caution dimanche 5 mars, a indiqué son épouse. Il a été détenu pendant plus de sept mois.
L’Iran avait annoncé en 2004 avoir arrêté une dizaine de personnes espionnant les activités nucléaires nationales pour le compte des Etats-Unis et d’Israël. Soltani appartient au cabinet d’avocats du prix Nobel Shirin Ebadi, qui traite les dossiers de ces « espions nucléaires ».
Le tribunal a accepté de baisser le montant de la caution de Soltani de 874,000 à 109, 000 dollars et un certificat de propriété d’un montant équivalent donné par ses amis au tribunal en guise de caution.
Soltani a été détenu 218 jours, dont 43 en isolement et après sa libération, le tribunal n’a fixé aucune date pour le début de son procès et, d’après les journaux, ses avocats n’ont pas eu accès au dossier d’accusation.
© WWW.IRAN-RESIST.ORG
Il s’agit encore d’une « fausse affaire » de violation des droits de l’homme orchestrée par le régime. Les mollahs connaissent la capacité des institutions comme Amnesty International ou Human Rights Watch à réagir face aux injustices. Ils préparent des feuilletons pour capter leurs attentions et détourner ces associations fondées pour combattre la répression.
Ainsi, des personnages qui n’ont jamais combattu le régime sont arrêtés afin de focaliser l’ensemble des énergies des militants des droits de l’homme sur leurs cas. Pendant ce temps, le régime peut continuer à violer discrètement les droits de l’homme et la focalisation des ONG sur les fausses affaires lui est très utile.
L’arrestation de Soltani et son importante couverture médiatique en Iran avaient pour objectif de relancer la renommée de Shirin Ebadi. Cette dernière a cessé d’intéresser les Iraniens car elle sillonne le monde pour défendre l’Islam au pouvoir alors qu’elle a reçu le Nobel de la Paix pour dénoncer les injustices subies par les femmes et les mineurs dans le monde musulman. Les Iraniens ont constaté qu’elle ne profite pas de son statut pour dénoncer ce qui se passe en Iran, mais qu’elle est devenue une porte-parole bis et politiquement correcte du régime des mollahs.
Ses prises de positions pro-voiles et anti-laïques ont alarmé l’opinion tant en Iran qu’en occident. Décriée à l’intérieur et de moins en moins sollicitée à l’étranger, cet alibi du régime est en perte de vitesse.
Le régime a voulu lui donner un coup de main en arrêtant son collaborateur, et redorer son image de « femme persécutée » et « avocat des causes perdues » (comme le droit à l’enrichissement nucléaire !). Cependant cette affaire n’a pas passionné les Iraniens, le régime lâche donc le bonhomme pour relancer le débat autour de sa libération.
Les futurs épisodes de cette « Ally Mc Beal qui aime l’Islam » se dérouleront autour d’interminables efforts des avocats de Soltani pour accéder à son dossier ! Malheureusement pour le moment, cette libération a surtout suscité la colère des prisonniers politiques qui accusent Ebadi de ne se démener que pour libérer ses amis entre deux voyages promotionnels.
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