Accueil > News > Analyse : L’Iran ferme la porte et le Hamas ouvre une fenêtre



Analyse : L’Iran ferme la porte et le Hamas ouvre une fenêtre
13.02.2006

L’Iran relancera l’enrichissement industriel avant le 6 mars. Les négociations russo-iraniennes sur un plan d’enrichissement d’uranium iranien en Russie, prévues le 16 février, ont été repoussées à une date ultérieure, a par ailleurs indiqué lundi le gouvernement iranien.



La menace selon laquelle l’Iran entend relancer ses activités liées à l’enrichissement industriel de l’uranium avant la réunion du 6 mars de l’AIEA ou la menace de retarder la date du rendez-vous avec les Russes, sont deux tactiques qui participent à la politique nucléaire des mollahs qui désirent amplifier la crise et faire reculer la communauté internationale qui veut éviter un conflit ouvert avec l’Iran.

Les mollahs doivent signer avec les Russes, mais ils doivent en même temps neutraliser le Protocole Additionnel et son droit de visite des sites nucléaires. En amplifiant la crise, ils veulent obtenir le droit d’être exempté d’appliquer le Protocole Additionnel. Car s’ils signent la Proposition Russe de délocalisation de l’enrichissement, ils apportent de facto la preuve de leur bonne foi et la preuve qu’ils veulent abandonner leurs propres activités d’enrichissement et pour cela ils doivent également ratifier le Protocole. Un pays qui n’a rien à se reprocher peut autoriser toutes les visites de tous les sites suspects. Or, il n’en est rien.

L’acceptation de la Proposition Russe est pour les mollahs un moyen d’échapper aux sanctions et gagner un délai supplémentaire pour mener à terme leurs activités clandestines et dans cette perspective, le Protocole Additionnel peut leur créer des problèmes. Ils doivent neutraliser ce protocole et afin d’y arriver, ils ont recours aux procédés habituels :

Ils laissent planer le doute sur leurs intentions et multiplient les déclarations contradictoires et provocantes et les changements à rebrousse poils afin d’amplifier la crise et faire coïncider l’annonce de leur décision avec la date du 6 mars.

L’objectif est de contraindre la communauté internationale à « trouver de son côté » des conditions propres à satisfaire la république islamique. Mais en réalité, cette posture souveraine et autoritaire, qui laisse croire que ce sont les mollahs qui maîtrisent le jeu, cache le malaise du régime et un conflit des intérêts à court terme (éviter les sanctions) et des intérêts à long terme (avoir la bombe et le Leadership du Jihad).

Parallèlement, le régime des mollahs s’affaiblit sur plusieurs fronts, mais il ne peut montrer qu’il perd le contrôle de la situation. Si le régime donne cette impréssion les milices, qui le soutiennent en Iran, douteraient de son autorité et pourraient songer à lâcher le régime. Ils se déclareront neutres et cesseront de défendre le régime lors d’un changement de régime et ce afin d’échapper aux purges et d’être autorisées à se fondre éventuellement dans la future armée nationale. Les Bassidjis et les Pasdaran doivent penser à leur avenir…

C’est ce qui arrive aux autres alliés des mollahs : le Hamas et le Hezbollah. Jusque-là les mollahs ont toujours eu une assurance-vie extraordinaire qui était le terrorisme palestinien : ils utilisaient les groupes terroristes comme le Hezbollah et le Hamas pour faire indirectement pression sur la communauté internationale.

Le jour de la victoire du Hamas, Téhéran a félicité le Hamas mais le régime des mollahs s’est gardé d’organiser des manifestations « spontanées de liesses populaires » pour saluer cette victoire. Si cette élection est une victoire pour le Hamas, elle ne l’a pas été pour les mollahs qui ont compris instantanément qu’ils perdaient une recrue terroriste : le Hamas au pouvoir ne peut pas être identique au Hamas dans l’opposition et les mollahs n’ont pas besoin d’un Hamas politique et responsable mais d’un pit-bull irresponsable et dangereux.

Dans une interview au journal russe Nezavissimaïa Gazeta publiée lundi, Khaled Mashaal, le chef politique du Hamas affirme que la lutte armée cessera si Israël se retire des territoires occupés. C’est un premier pas très important et la première fois que le Hamas évoque un éventuel arrêt de la « résistance armée ».

Cette victoire du Hamas modifie l’équilibre des forces au Moyen-Orient. Le Hamas est identique à l’OLP des années 70. Mahmoud Abbas et Yasser Arafat étaient d’anciens terroristes qui sont devenus des politiciens salonnards. Le Hamas est aujourd’hui devenu légitime par le verdict des urnes et cette élection est un fait infiniment plus important pour cette organisation que ses prouesses paramilitaires ou son financement par les saoudiens ou les mollahs.

L’enjeu est très important pour le Hamas : il veut perdurer au pouvoir, recevoir l’aide internationale, demeurer au pouvoir et effacer les années Al Fath…

La république Islamique a perdu un très important allié et sa position au Moyen-Orient s’est considérablement affaiblie. Il est très probable que les Américains joueront de leurs influences pour proposer le même marché au Hezbollah afin de briser le dispositif du réseau terroriste des mollahs et libérer le Moyen-Orient de leur mainmise (et dissoudre le volet terroriste des partis comme le Hezbollah).

En même temps, le rassemblement pour l’anniversaire de la république islamique n’a même pas réuni 100,000 personnes à Téhéran soit le 7-millième de la population de la capitale iranienne. Le régime n’arrive même plus à mobiliser sa base.

Coupé de ses leviers terroristes à l’extérieur et de sa base à l’intérieur, il se réfugie dans la posture autoritaire et multiplie les menaces. Il est plus que probable que la désunion et le rejet du régime ne concernent plus seulement la base et les miliciens. Le doute s’est emparé de l’ensemble du régime. Il ne reste aux mollahs que le soutien de la diplomatie européenne et française qui disent s’opposer à un changement de régime en Iran.

Rappelez vous que la France s’opposait également à l’invasion de l’Irak !

Les mollahs sont bien seuls au lendemain du 27e anniversaire de la révolution qui s’est abattue sur l’Iran avec l’aide de la France. Le régime des mollahs continuent d’appliquer sa « diplomatie de chantage » qui lui réussissait quand il disposait d’un vaste réseau terroriste et d’une base solide.

Les mollahs n’ont pas mis au point une alternative pour sortir de la crise parce que ce régime vit en créant des crises et la fin de la crise sera la fin du régime.

PS. Plus que jamais, il devient évident que la libération de l’Iran apportera aussi des éléments de stabilité pour l’Irak : encore un élément qui échappe à Dominique de Villepin qui croit défendre la France mais contribue à renforcer les mollahs ou les Russes dans la région.


Vous avez sur ce site un moteur de recherche qui vous permet de retrouver des articles antécédents. Au cas où votre demande concernerait un sujet précis, vous pouvez nous écrire. Notre équipe vous aidera dans votre recherche.

Bonne lecture et à très bientôt.