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Pétrole : L’économie iranienne est un château de cartes
20.01.2006

Le vice-président américain Dick Cheney a estimé vendredi « entièrement possible qu’il y ait un pic sur les cours du pétrole, s’il y avait une sorte de crise avec l’Iran, …mais ses conséquences seraient nettement moins significatives que les conséquences de voir Ahmadinejad avec l’arme atomique ». Cette crise affaiblira surtout la république islamique : explications.



L’Iran produit environ 4 millions de barils par jour et en exporte 2,4 millions. L’Iran second producteur de pétrole au monde importe 60 % de son pétrole raffiné : on imagine aisément l’éffondrement économique que provoqueraient des sanctions sur le pétrole et l’essence …

La manne pétrolière laisse supposer que l’économie iranienne est solide et que la hausse des prix du baril renfoncera le régime actuel : il n’en est rien, les comptes sont dans le rouge et le pétrole qui constitue 85% des exportations de l’Iran n’enrichit que les intermédiaires.

L’Iran vend du brut et …. achète des produits raffinés. Or les mollahs vendent le brut en Buy-Back à un prix inférieur à celui du marché et achètent l’essence au prix fort. La technique du buy-back lie la république des mollahs à des firmes comme TOTAL (Fr), Gazprom (Ru), Statoil (No), Petronas (Mal) et ce type de contrat continue d’affaiblir l’économie iranienne.

Le Buy-Back est l’offre qui permet de vendre un droit d’exploitation d’un montant fixe pour les puits de pétrole. La capacité du puits est évaluée par un expert (indépendant!) avant la vente et l’acheteur n’est pas tenu de réévaluer l’estimation au cours les forages. Ainsi, le prix correspond à une estimation invérifiable.

Le prix d’achat du baril en Buy-Back se situe aux environs de 8 à 15 $ quand les prix ne cessent d’augmenter sur le marché. Le prix d’extraction tourne autour de 4 $ le baril pour l’ensemble des pays producteurs du Golfe. Les vrais gagnants sont évidemment les firmes comme TOTAL, Gazprom, Statoil, Petronas qui refacturent le baril et l’essence au prix du marché aux consommateurs français !

Le vrai perdant est le peuple iranien qui non seulement ne profite pas des bienfaits des hausses du prix du brut, mais il est obligé de payer l’essence importée au prix du marché (55 c / litre), soit environ 88 $ le baril (pour le baril du brut à 50 $).

L’Iran importe annuellement 24 milliards de litres d’essence et la vend au quart de son prix d’achat. Dans un pays où 85 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et le prix d’une voiture est l’équivalent de 5 ans d’un salaire moyen, le prix étonnamment bas de l’essence à la pompe est mystérieux.

Mais en Iran, l’économie est une affaire de marché noir et de trafic (contrebande). En fait la politique de subvention du régime des mollahs ne profite qu’à une toute petite partie de la population qui par ailleurs est en mesure de payer l’essence au prix pratiqué en France. La consommation intérieure ne rapporte que 3 milliards de $ !

Les mollahs déboursent 11 milliards de $ pour acheter de l’essence et leurs exportations pétrolières leur rapportent bien moins que les 39 milliards de $ annoncés : les revenus annoncés correspondent à la production « vendue au prix du marché ». En remplaçant le prix officiel par les prix Buy-Back, on arrive à des revenus sensiblement équivalents à 12 milliards de $ !

Faute de revenus, les mollahs n’ont pas investi dans le renouvellement des équipements de l’industrie pétrolière : sur les soixante principaux gisements pétroliers d’Iran, 57 ont besoin de réparations majeures, ce qui exigerait 14 milliards de dollars sur quinze ans, somme dont l’Iran ne dispose pas.

Les mollahs ont pratiquement détruit l’industrie pétrolière iranienne et les caisses sont vides. En 2005, la banque centrale iranienne (Bank Markazi) a dit que les dettes iranienens à court terme étaient de 10 milliards de $ et celles à long et moyen terme se chiffraient à 6,5 milliards de $.

Les chiffres donnés en 2004 ne faisait état que d’une dette de 12,5 milliards de $. L’économie iranienne perd pied, mais les mollahs persistent à maintenir le Buy-back pour s’attirer les bonnes grâces de leurs partenaires commerciaux afin d’influencer le Conseil des Gouverneurs de l’AIEA. Par ailleurs, une partie du brut iranien ne doit pas être comptabilisée car les mollahs fournissent gratuitement la Syrie en pétrole.

À l’image des Soviétiques, les mollahs annoncent des plans quinquennaux, des hausses de productions, des grands projets, et à l’instar de ces derniers, ils désirent aligner des têtes nucléaires qu’ils payent au prix fort, précipitant encore d’avantage l’Iran vers la banqueroute totale.

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| Mots Clefs | Enjeux : Pétrole & Gaz |

| Mots Clefs | Enjeux : TOTAL |

| Mots Clefs | Enjeux : Intérêts Européens en Iran |

Pour en savoir + :
- «La bourse iranienne dans le coma»

- «Le Figaro: Les capitaux iraniens fuient le régime islamique»