Pour Maurin Picard, les inspecteurs nucléaires, « bras armé » et « fins limiers » de l’AIEA, sont de véritables « cerbères de la lutte contre la prolifération nucléaire ». Maurin Picard estime que les inspecteurs sont sur la sellette et seront les premières victimes du régime des mollahs.

Maurin Picard, journaliste au Figaro, nous rappelle pourtant que : « Téhéran n’a jamais fait mystère de son agacement envers ces Sherlock Holmes », et le journaliste dresse la liste des difficultés que les mollahs créaient à ces importuns : tracasseries administratives, attribution tardive de visas, harcèlements quotidiens, arrestations par des agents des Renseignements, atmosphère oppressante dans les hôtels, filature sur la route, entre la capitale et les sites visités…

Pourtant selon Picard, qui visiblement admire El Baradei, le bilan de trente-cinq mois d’inspections, reste largement positif. Pourtant El Baradei est aujourd’hui incapable de dire si le programme nucléaire des mollahs est pacifique ou inquiétant et de plus il est ouvertement hostile à un recours au Conseil de Sécurité, assimilant ce recours à une agression militaire alors qu’il s’agit d’une démarche diplomatique. Nous connaissons les raisons de cette attitude particulière de El Baradei. Il est en premier lieu hostile à la force nucléaire israélienne et considère les activités nucléaires des mollahs comme une réponse justifiée à cette provocation permanente. Ses motivations se situent au-delà des réserves imposées par son mandat et de ce fait il n’accorde aucune attention à l’aspect terroriste du régime des mollahs.

Maurin Picard écrit que selon El Baradei, le travail des inspecteurs a permis « une bien meilleure connaissance du programme nucléaire iranien », resté largement clandestin durant dix-huit ans, entre 1984 et 2002. Picard n’est pas sans savoir que ce sont les Américains qui ont détecté ces activités clandestines et ce sont les informations divulguées par un groupe terroriste (CNRI) qui ont mis les fins limiers de l’AIEA sur les bonnes pistes et non pas les compétences de l’AIEA ou la finesse des analyses de El Baradei.

Maurin Picard cite ses deux sources d’informations (CNRI & les services de renseignements occidentaux), mais oublie de rappeler que El Baradei n’a cessé de dénigrer ces informations. En lisant le titre de son article : « Les inspecteurs de l’AIEA sur la sellette », nous nous sommes dits : « enfin la presse française s’intéresse aux dysfonctionnements de l’AIEA ! ». Mais il n’en est rien et Maurin Picard ne soulève aucune vague, pire encore il contribue à entretenir les rumeurs.

1. Les inspecteurs ont pu mettre à jour de nombreuses activités douteuses et dresser une carte détaillée, certes incomplète, des ambitions nucléaires iraniennes. Cette carte n’existe pas. Personne ne connaît l’existence des sites secrets et l’emplacement des tunnels du Metro de Téhéran qui sert de lieu de stockage pour les matériaux prohibés par le TNP.

2. À Natanz, les spécialistes de l’AIEA ont découvert en 2003 un immense souterrain capable de contenir des milliers de centrifugeuses. Oui mais d’après des renseignements fournis par des informateurs !

3. À Parchine et Lavizan : l’accès reste tout bonnement interdit aux inspecteurs, malgré les forts soupçons pesant sur ces deux complexes proches de Téhéran. Pourtant El Baradei a affirmé qu’il avait fait visiter le site et que les inspecteurs n’ont rien trouvé de suspect.

Les inspecteurs de l’AIEA sont effectivement sur la sellette pour leur manque de résultat et non pas comme le prétend cet article pour avoir malmené les activités suspectes du régime des mollahs.

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