La Russie utilise l’Iran des mollahs contre l’Europe
12.01.2006
Selon l’AFP, Moscou, allié traditionnel de l’Iran, a réagi par deux fois pour critiquer la reprise la veille par Téhéran des activités de recherche liée à l’enrichissement d’uranium après deux années de suspension, qui envenime la crise avec l’Occident.
« La décision unilatérale prise hier (mardi) par les autorités iraniennes de retirer les scellés d’une série de sites nucléaires importants, dont celui de Natanz me déçoit personnellement et suscite en moi une certaine alarme », a déclaré le ministre de la Défense Sergueï Ivanov, également vice-Premier ministre.
« La situation n’évolue pas, à mon avis, selon le meilleur scénario », a souligné Ivanov.
Tout en soulignant le caractère nouveau de déclarations aussi sèches, les analystes n’y voient pas un changement majeur dans la position de fond de la Russie.
Cette remarque est également vraie pour l’UE qui multiplie les déclarations, mais continue de ne rien décider. Pour des raisons purement financières, la Russie et l’UE retardent leur décision. Certes la Russie est motivée par sa très lucrative coopération nucléaire avec les mollahs, mais elle trouve que les Européens abusent de la situation en cherchant à incriminer cette coopération et la rendant coupable de l’échec du transfert du dossier au Conseil de Sécurité.
Les Russes ne veulent pas être le bouc émissaire de l’UE. Tant que les Européens persisteront dans cette attitude, la Russie hésitera à lâcher les mollahs, mais il n’est pas impossible qu’en prenant les devants et en lâchant les mollahs avant les Européens, elle ne mette l’Europe au pied du mur. La Russie est le principal fournisseur de gaz de l’Europe et elle saura utiliser cet atout. Cependant le meilleur moyen de rappeler aux Européens qu’ils sont à sa merci est que ces derniers se trouvent coincés par un embargo soudain sur les produits pétroliers Iraniens. L’enjeu pétrolier est plus important que l’enjeu nucléaire.
Contrairement aux analyses européennes qui stipulent que la Russie hésite en raison de sa collaboration nucléaire avec les mollahs, nous pensons que la Russie hésite parce qu’elle ne désire pas améliorer la situation en Iran. Une stabilisation de l’Iran desservirait l’économie Russe. C’est un Iran en crise qui satisfait les intérêts Russes dans cette région.
Un état agité entre les mains de dirigeants peu recommandables est le scénario qui convient à Moscou. Elle peut faire pression sur ses dirigeants corrompus et isolés, elle peut proposer le gaz russe et discréditer le gaz iranien, elle peut utiliser l’axe Iran-Syrie pour contrer les USA, en un mot, l’Iran est le nouveau Cuba de l’ex-URSS.
Les Russes appliquent avec brio un schéma hérité de la guerre froide. L’Iran est véritablement la poule aux œufs d’or de la Russie. Si les Européens n’agissent pas à temps, ils se retrouveront avec une Russie qui leur dictera sa loi.
La Russie peut lâcher les Européens et demander la Saisine avec les Américains. Ainsi Elle encouragera l’état de crise en Iran et mettra la pression sur les Européens en utilisant l’arme pétrolière (le pétrole iranien et le sien).
Pour contrer la Russie, l’Europe peut contribuer à un changement de régime en Iran. La France peut aider les patriotes iraniens afin qu'ils puissent façonner un Iran, puissant et pro-occidental et laïque. Une démocratie orientale porteuse de valeurs qui séduiront la jeunesse du Maghreb.
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