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Iran : La libération de Sarah Shourd
14.09.2010

Le régime des mollahs détient depuis 14 mois 3 Américains qui prétendent avoir pénétré en Iran par erreur lors d’une randonnée. Il a souvent parlé de leur procès pour espionnage, un délit passible de la peine de mort, sans organiser ce procès. Leurs familles et l’Etat américain vivent dans une totale incertitude. C’est un moyen de pression sur les Etats-Unis, un moyen pour provoquer une escalade afin de faire reculer ces derniers par peur d’une nouvelle guerre régionale. Washington fuit cette escalade. Téhéran a tenté de relancer l’affaire avec une libération promise puis annulée à la dernière minute de Sarah Shourd, une des trois « randonneurs », qui est dans un état de pré-cancer.



Il y a 5 jours, le jeudi 9 septembre 2010, le ministère des affaires étrangères du régime des mollahs a envoyé un SMS au bureau iranien de l’AFP (un repère de journalistes pro-régime) pour annoncer que la république islamique d’Iran allait libérer Sarah Shourd, une des trois « randonneurs » pour des raisons médicales le samedi 11 septembre 09 heures (04H30 GMT) à l’hôtel Esteghlal (ex Hilton) de Téhéran. Après cette annonce non conventionnelle, le Département d’Etat américain a demandé au régime de relâcher les trois détenus. Les officiels du régime n’ont rien dit. Le journaliste Georges Malbrunot qui se dit très bien informé sur les affaires internes du régime des mollahs a alors écrit que le Président Ahmadinejad avait fait un bon geste d’apaisement vis-à-vis des Etats-Unis avant son voyage à New York pour l’Assemblée Générale des Nations Unies. Mais le jour de la libération, le procureur de Téhéran, Abbas Jafari-Dolatabadi, a suspendu l’opération en précisant que la justice était indépendante et la décision lui appartenait : il fallait attendre la fin de la procédure en cours. Le lendemain, il a tenu une conférence de presse pour annoncer la fin de cette procédure et la décision de ses services : la justice s’était saisie dans cette affaire d’espionnage et « une mise en accusation avait été émise à l’encontre des trois Américains ».

Par la même occasion, le procureur de Téhéran a annoncé une caution d’un demi million de dollars pour la libération de Sarah Shourd qui serait alors autorisée à quitter le pays. Mais le procureur de Téhéran n’a fixé aucune caution pour les deux autres prisonniers : ils resteront en prison en attendant leur procès qui peut se terminer par une condamnation à mort.

Or, conformément à ses propres lois, le régime aurait dû aussi proposer des cautions pour les deux autres. Cette absence de caution montre que l’on est dans un cas de manipulation où chacun joue un rôle pour faire durer le calvaire des prisonniers. On n’est pas dans un esprit d’apaisement, mais avec l’incertitude quant au sort des deux qui resteront dans les geôles du régime, on est dans un esprit contraire. Cela n’a pas été conçu pour calmer le jeu, mais provoquer une crise.

Le régime agit ainsi car il a un but précis. Washington le sanctionne très durement, mais en lui proposant une réconciliation car il a besoin d’un allié islamiste dans la région pour embrigader les musulmans d’Asie Centrale contre la Chine et la Russie. Avec les mollahs comme alliés, il pourrait avaler toutes les zones pétrolières qui lui échappent pour devenir le maître du monde. Mais les mollahs ne peuvent pas accepter cette réconciliation forcée car elle sous-entend le transfert des ministère-clés vers les pions de Washington. Cela reviendrait à se mettre à la merci des Américains. Ce serait un suicide. Pour se sortir de cette situation, les mollahs alignent les provocations pour déclencher une escalade, un clash avec les Américains, afin de les faire reculer par peur d’une nouvelle guerre régionale ou à défaut pour saboter toute possibilité de réconciliation.

Tous les moyens sont bons et Téhéran les utilise tous car Washington ne cesse d’esquiver pour éviter le clash qui mettrait fin à ses sanctions et aussi à la possibilité d’entente qui est vitale pour son avenir. Dernièrement Téhéran a constaté que Washington réglait à très haut niveau les problèmes posés par ses provocations.

Par exemple, quand il avait menacé de couler ses pétroliers ou ses navires de guerre, il avait été ignoré et au passage humilié par l’Etat major américain. Puis il a tenté l’escalade en insistant sur ses prouesses en matière d’enrichissement : Washington a éteint le feu via Amano, le directeur pro-américain de l’AIEA, pour qui la priorité est le manque d’inspection et non l’enrichissement !

Avec Sarah Shourd, jeune femme de 32 ans atteinte d’un cancer, Téhéran a engagé le bras de fer loin des hautes sphères diplomatiques, sur un terrain humain. Il a agressé le peuple américain. Il y voyait le moyen le plus sûr pour provoquer un clash ou du moins une polémique. Washington a gardé ses distances avant de faire savoir qu’il ne paierait pas en promettant d’« agir au niveau diplomatique pour libérer les 3 Américains » ! De fait, on peut prédire des heures plus sombres pour ces « otages américains ». De plus, ils seront bien seuls car pour sauver l’entente qui est censée lui offrir les clefs du monde, Washington n’entreprendra rien qui puisse diaboliser les mollahs (il n’y aura donc pas une campagne de BHL pour les sauver).

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PS. Au lendemain de la publication de cette analyse, la caution a finalement été payée par un tiers qui a souhaité garder l’anonymat. Shourd a été libérée sans aucune implication de l’Etat américain qui a ainsi évité toute complication ou polémique avec les mollahs. Washington a même salué l’attitude clémente de Téhéran, ce qui confirme notre conclusion. Téhéran devra trouver une autre approche (sans caution et risque de libération) pour réactualiser cette prise d’otage afin de provoquer une crise.
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Sarah Shourd lors de la rencontre avec sa mère en mai 2010



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Dans le même registre :
- Iran : Obama va atteindre le seuil de l’absurdité
- (22 SEPTEMBRE 2009)

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à lire : le contexte de cette provocation des mollahs :
- Iran : La semaine en images n°134
- (12 SEPTEMBRE 2010)

| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |
| Mots Clefs | Institutions : Provocations |
| Mots Clefs | Terrorismes : Prise d’otages |

| Mots Clefs | Enjeux : Apaisement (américain) |