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Iran : La nouvelle doctrine militaire des mollahs
23.08.2010

Il y a deux semaines, Téhéran avait annoncé qu’il ne parlerait jamais aux Américains. Il avait aussi présenté à la presse des armes capables de couler des pétroliers dans le détroit d’Ormuz. Il avait également promis de nouvelles armes plus destructrices pour le 22 août. Il était clairement à la recherche d’une escalade guerrière dissuasive pour contraindre les Américains à cesser leur guerre d’usure économique. Mais depuis peu, le régime craint que ses provocations ne poussent le Bazar ou ses milices à le lâcher. Dans un contexte de grève latente et d’inquiétude, il a nuancé ses positions. Il a également tenté d’atténuer le caractère inquiétant des armes qu’il devait présenter en cachant un important progrès effectué sur ses missiles pendant la présentation qui a suivi son dernier tir d’essai. Le régime a confirmé cette approche avec les commentaires qui ont accompagné l’essai d’un drone, le Karrar (ci-dessous).



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Il ne s’agit en aucun cas d’un « drone de combat » (ou UCAV) qui est un mini-avion de chasse d’une part parce que cet objet ne décolle pas comme un avion et surtout parce que pour diriger un drone de combat, il faut disposer d’un satellite militaire et Téhéran n’en possède pas.

Le Karrar est un drone (ou UAV) tout bête et assez rudimentaire, vraisemblablement, un MQM-107 Streaker (ci-dessous), drone presque supersonique américain qui avait été acquis par le Chah pour servir de cible de combat.
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La vitesse annoncée par Téhéran est proche de celle du MQM-107 Streaker (926 km/h). Mais le drone a été modifié pour que l’on puisse parler d’une nouveauté. Les ingénieurs militaires du régime qui ont l’habitude de ce genre de bricolage ont gardé le fuselage et les ailes ainsi que le « booster du départ » (et la rampe de lancement), mais ils ont déplacé le moteur (vraisemblablement d’origine) du ventre vers le dos (comme dans le cas des drones Tupolev). De fait, ils ont dû modifier également les gouvernails de profondeurs. Pour cette partie, ils se sont inspirés du Denel qui vient d’un pays ami : l’Afrique du Sud. Le tout n’est pas une superbe arme avec de qualités novatrices, mais il s’agit tout de même d’un vecteur très rapide, simple et efficace avec un bon rayon d’action de 1000 Km.

Téhéran a dit qu’il allait équiper ce soi-disant « drone de combat » avec une bombe 250 kg. S’il utilise ce drone en tant que bombardier, le rayon d’action se divise par deux (500 Km) et l’engin a peu d’intérêt car une simple bombe à chute libre n’a aucune précision. Le seul intérêt de cet engin est d’être utilisé comme un missile. Dans ce cas, s’il est programmé correctement et s’il échappe à la DCA ennemie, il peut être très efficace et destructeur, mais alors il ne reviendra pas à la base. Ce serait une nouvelle arme sacrificielle dans l’arsenal du régime.

Malgré ce détail non négligeable, même si Téhéran avait déjà des missiles de 1000 Km, il pouvait améliorer la qualité de sa frappe avec cet engin qui est plutôt difficile à abattre grâce à sa vitesse supersonique. Mais, lors de la présentation au média, la République Islamique n’a pas évoqué ce genre de mission : il a parlé d’un bombardier, c’est-à-dire une option très inefficace. Ce n’est pas normal. Téhéran a même parlé d’une arme défensive ! C’est encore plus inhabituel. Le régime est clairement dans une approche inédite dénuée de menaces que l’on peut qualifier d’une affirmation modérée de sa puissance.

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L’affirmation modérée de puissance marie la nécessité de refuser toute entente avec Washington et l’obligation de rester modéré pour rassurer les alliés internes que l’on peut négocier pour éviter de plus lourdes sanctions. L’affirmation modérée de puissance peut devenir l’axe des réponses du régime aux Américains. C’est une approche parfaite pour les mollahs car il s’agit d’une rhétorique assez floue et réajustable en cours de route. On peut par exemple le durcir en livrant ces drones au Hamas ou au Hezbollah. Mais on peut aussi servir Moussavi qui choquait les Occidentaux quand il défendait la ligne officielle du régime basée sur un rejet de tout dialogue.

L’affirmation modérée de puissance est une sacrée trouvaille, mais comme le drone bombardier des mollahs, c’est un bricolage qui va avoir une carrière éphémère : si le contexte intérieur se dégrade, le régime devra repasser à une stratégie de provocations illimitées pour une giga escalade qui finirait en guerre afin d’appeler les Iraniens à le défendre pour « défendre leur patrie ».


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Pour en savoir + :
- Iran : Un zeste de repli
- (20 AOÛT 2010)

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