Iran Resist - Iran : La semaine en images n°46

Iran : La semaine en images n°46
04.01.2009

La semaine s’est déroulée en Iran au rythme des manifestations. La politique de soutien financier du régime aux islamistes palestiniens étant très impopulaire en Iran, le régime n’a cessé d’allumer des petites manifestations çà et là à Téhéran comme un pyromane qui allume de petits buissons pour provoquer un gigantesque feu de forêt, mais malgré ses efforts, le peuple n’a pas rejoint ces manifestations.

Ces efforts ont parfois frôlé le ridicule. Le régime a tout essayé. Il a par exemple organisé une petite manifestation d’enfants juifs qui ont dénoncé les « crimes du régime sioniste ».

On pouvait lire sur leurs pancartes : « le judaïsme est une religion de paix, enfants contre la guerre, les écoliers juifs solidaires des victimes innocentes à Gaza, les écoliers juifs condamnent les crimes du régime sioniste » (les trois premières photos). Il s’agissait de provoquer un attroupement de curieux, dont on pourrait exploiter les images. Mais cela n’a rien donné.

Le lendemain, il y a eu une autre manifestation, cette fois avec des enfants musulmans : « l’islam est une religion de paix, non à la guerre… », avec des pancartes visiblement confectionnées par la même personne !

Dans le même genre, cosy, mais censé provoquer un rassemblement populaire, il y a eu une manifestation devant l’ambassade de la Grande-Bretagne, Etat très décrié en Iran pour son rôle néfaste depuis 150 ans. Les miliciens manifestants ont tout fait pour provoquer un ralliement populaire, mais là aussi il n’y a rien eu malgré l’autorisation de jeter des tomates pourries sur les sujets de sa gracieuse majesté.

Cette semaine, Téhéran a joué avec une équipe restreinte : nous avons même découvert un homme qui avait un matin manifesté comme Etudiant, et la veille comme un membre de l’ordre des médecins. Et nous avons encore retrouvé ce personnage (que nous avions affectueusement baptisé Charlie), sur une vidéo document de la BBC où il crie Mort à l’Amérique !

En fait, tout au long de cette semaine, le régime a disposé de peu de volontaires car sa politique palestinienne est jugée dépensière par les Iraniens qui préfèrent que le régime consacre ses budgets pour combattre la pauvreté.

Pendant cette semaine, la seule tentative qui a relativement bien fonctionné a été un rassemblement sur la Place de la Palestine à Téhéran. Le 29 décembre, le régime a pu remplir partiellement cette place qui peut contenir près de 2000 manifestants. D’après une photo du jour (photo 1), nous avions estimé la foule à 1600 personnes, mais une vidéo de la BBC, citée plus haut, laisse voir (photo 2), une Place moins remplie. Il semble en effet que le remplissage n’a pas été spontané mais laborieux.

Cette vidéo de la BBC n’est malheureusement pas en partage, nous avons donc capturé des images sur l’une d’elles on peut revoir notre ami Charlie !

Un autre aspect intéressant de cette vidéo est une interview réalisée par le reporter de la BBC avec une soi-disant très talentueuse photographe iranienne, jeune, jolie, branchée et tellement souriante ! La demoiselle est à l’effigie de la femme iranienne émancipée des récits de Delphine Minoui, vous savez, celle qui s’habille moulant et a la fameuse mèche rebelle qui dépasse du foulard.

Notre jeune femme moderne se dit étrangement heureuse sous le régime des mollahs, « ce n’est pas du tout l’axe du mal que l’on prétend » (phrase fétiche des jeunes journalistes iraniennes avec une mèche rebelle).

Notre jeune femme moderne se dit également très à l’aise dans une manifestation où l’on crie mort à l’Amérique ou Mort à Israël. Le seul souci est que « cette photographe, la plus talentueuse de sa génération », a un pauvre book composé de 3 photos !

retour aux manifs... | Le régime espérait renouveler le remplissage de la Place de la Palestine le lendemain, jour de la prière de Vendredi avec les 6000 personnes qui assistent de gré ou de force à cet incontournable événement hebdomadaire. Même si i>Télé et certains journalistes américains ont annoncé un rassemblement sur la Place de la Palestine, il n’a pas eu lieu. Il n’y avait pas assez de foule pour renouveler l’expérience de la veille. D’ailleurs, sur les images iraniennes de l’agence Mehr, on peut voir une maigre foule (avec le vice-président Davoudi).

Etant donné que le régime ne l’a pas prise en photo d’ensemble de la rue ou encore sur la petite Place de la Palestine, on peut supposer qu’il n’y avait pas plus de 100 personnes. Très loin des 1 million d’Indonésiens ou 25,000 musulmans de France qui ont pris d’assaut les rues de leurs capitales respectives !

Cette agitation essentiellement téhéranaise - car la situation était encore plus piteuse dans les régions – a cependant permis aux mollahs de zapper le déplacement d’Ahmadinejad dans la région de Sistan et Baloutchestan à la suite d’un attentat contre le Centre de Commandement des Pasdaran. Le bruit de la déflagration avait été entendu à 1 km et le régime avait reconnu son existence. Les auteurs avaient annoncé 400 morts dont les 4 commandants régionaux des Pasdaran. Dans un premier temps, le régime avait évoqué une vingtaine de victimes, avant de réduire leur nombre à 4 en affirmant que l’attentat avait eu lieu à une heure où tout le monde était dehors ce qui est faux car il a eu lieu pendant la prière matinale.

C’est le lendemain qu’Ahmadinejad a débarqué avec une forte délégation de ministres issus des Pasdaran dans la région, alors qu’il voyage d’habitude seul. Sa visite a été largement boycottée par les autochtones : le régime a même peiné à rassembler une foule pour peupler l’air de l’arrivée du président !

Ceci a forcé le régime à donner la priorité à des images d’Ahmadinejad, non pas devant une foule immense à l’air libre, mais devant des élus locaux dans un salon ou en très petit comité notamment avec les mollahs sunnites qui le détestent cordialement. Le régime a même peiné à rassembler une foule pour peupler l’aire d’arrivée du président !

Autre fait intéressant, pas une seule fois dans ses discours ou lors de son conseil de ministre délocalisé, Ahmadinejad n’a parlé de cet attentat qui avait quand même tué 4 serviteurs du régime. Tabou.

Autre point intéressant, alors que les évènements à Gaza exigeaient son retour à Téhéran et que ses visites régionales durent moins d’une journée et demie, il est resté 5 jours sur place avec son équipe des Pasdaran. Il est revenu à Téhéran pour rencontrer son homologue le 1er ministre irakien qui a été accueilli par son vice-président Davoudi, visiblement très crispé (mauvaise semaine).

Maliki qui vient à Téhéran avec une offre du genre que l’on ne peut pas refuser, est plus détendu.

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