Les Six (Allemagne, France, Grande-Bretagne, Chine, Russie et Etats-Unis) ont donné raison au porte-parole de la diplomatie iranienne qui avait écarté l’opportunité de nouvelles sanctions. Ils ont affirmé leur unité pour une reprise du dialogue avec Téhéran. Ce dialogue aura lieu entre Robert Cooper, l’adjoint de Javier Solana, et Ali Bagheri, l’adjoint de Jalili, le préposé iranien aux négociations nucléaires.

C’est un choix très subtil : plus qu’une reprise de dialogue, il s’agit d’un refus de rupture du fil du dialogue. Les Six sont unis, mais autour de l’idée d’une pause, exactement dans l’esprit de la dernière résolution du Conseil de Sécurité, la 1835 qui ne comportait ni de nouvelles sanctions ni de date limite pour l’Iran de suspendre ses activités nucléaires.

Les Six occupent le temps… pour éviter de durcir leurs positions contre un régime que tous veulent préserver pour diverses raisons : les Russes, les chinois et les Européens parce qu’ils ont des intérêts importants dans ce pays et les Américains parce qu’ils souhaitent établir des liens stratégiques avec un agitateur régional utile.

Chacun table sur un épuisement des mollahs et un compromis, ils font donc tout pour occuper le temps ! Dans ce but précis, ils ont à l’unanimité décidé d’utiliser un autre intermédiaire que Solana : cela donne d’une part l’impression d’une action inédite et d’autre part, cela modifie le processus, ce qui peut rallonger les délais.

Cependant il ne faut pas conclure à une vraie unité, il faut préciser qu’il y a deux camps : les Américains et les 5 autres. Les Américains disposent d’un arsenal plus conséquent pour faire pression sur Téhéran (sanctions sélectives, menaces de bombardement ou menace de changement de régime). Les 5 agissent aussi pour gérer leurs coéquipiers Américains et la poursuite du dialogue est un moyen pour les contenir et neutraliser les moyens de pression de Washington et donc une entente séparée irano-américaine. Il y a donc de terribles divergences derrière l’unité affichée par les Six, même dans le motif du choix de la stratégie d’attente, une divergence factuelle qui profite aux mollahs.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG