« La reculade de l’Europe s’explique par la fermeté de l’Iran ! »
23.09.2005 (nos commentaires *** - Notre édito de la semaine ! )
« Au début de la semaine, à New York, dans le cadre des Nations unies, nous avons, publiquement et en privé, réaffirmé notre volonté de travailler avec l’Iran, dans les domaines politique, économique, scientifique et technologique … » , écrivaient hier dans les colonnes du journal Le Monde Douste-Blazy, Fischer et Straw.,
La réponse des mollahs ne s’est pas fait attendre ...
Ahmadinejad a téléphoné jeudi soir aux Premier ministres indien et pakistanais pour « les remercier de leur attitude positive à l’AIEA et dénoncer violemment l’attitude des Européens qui veulent priver l’Iran de ses droits légitimes » ont rapporté vendredi les agences iraniennes de presse.
En effet, L’Iran estime avoir gagné une bataille après le recul des Européens à Vienne, mais les mollahs continuent à faire pression pour que les Européens renoncent définitivement à tout recours au Conseil de Sécurité de l’Onu sur le dossier nucléaire iranien.
« La reculade de l’Europe s’explique par la fermeté de l’Iran. La demande européenne n’avait pas de base logique » a déclaré le porte-parole du Conseil suprême de la sécurité nationale (organisme gérant le nucléaire en Iran).
L’exécutif de l’AIEA doit se réunir vendredi soir après plus de 24 heures d’interruption, pour poursuivre ses discussions sur l’Iran.
Pour les mollahs, « le nouveau projet de résolution des Européens reste inacceptable. La nature du texte n’a pas changé et les Européens emploient toujours le langage de la force » …
Les Iraniens soulignent par ailleurs que le projet prévoit le recours à un mécanisme dit « de la gâchette », qui permettrait d’envoyer automatiquement le dossier au Conseil de Sécurité dans un délai de quelques mois.
Conseiller d’Ahmadinejad (il écrit ses discours), le président du Parlement islamique d’Iran, Hadad-adel a indiqué jeudi que « des députés iraniens veulent présenter une proposition de loi obligeant le gouvernement à suspendre l’application du protocole additionnel » du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), permettant des inspections inopinées et poussées de ses installations par l’AIEA.
Comme l’ont affirmé les trois ministres européens : « au début de la semaine, à New York, dans le cadre des Nations unies, nous avons, publiquement et en privé, réaffirmé notre volonté de travailler avec l'Iran, dans les domaines politique, économique, scientifique et technologique …» !
Il y a tout de même des zones obscures dans les déclarations de trois mousquetaires dans le journal et face à l’AIEA : on ne peut chercher à vouloir traîner un état qui viole le droit international devant la plus haute instance internationale et en même temps vouloir travailler avec lui dans tous les domaines (sauf celui des droits de l’homme).
On ne peut demander aux Indiens de cesser tout soutien aux Mollahs quand on multiplie soi-même les initiatives commerciales [1] pour inciter les entrepreneurs français à revigorer l’économie moribonde des mollahs !
En fait, avant de reculer devant les mollahs, les Français ont reculé devant les Indiens et tous les autres. Petites reculades entre amis. C’est peu rassurant, désormais les autres dirigeants des pays concernés savent que ce pays, la France, n’a pas de parole. Certes la France a préservé ses immenses intérêts en Iran, mais, il ne reste rien de son éclat et tous ses partenaires savent qu’ils peuvent plier sa volonté.
La nature malsaine du régime des mollahs fera de sorte qu’un affrontement les balaiera et le temps les effacera de la mémoire du peuple iranien. Mais le renoncement de l’état français est désormais un acquis pour ses partenaires commerciaux : la France a préservé temporairement ses intérêts en Iran, mais elle a renoncé à sa combativité face aux restes du monde.
Il s’agit bel et bien de reculade mais plutôt d’une série de reculades que d’un exemplaire unique de ce geste dégradant.
Pourquoi accuser les Indiens et les non-alignés ? Les Français ont aujourd’hui, la possibilité d’agir sur les Indiens (des récents contrats pour leur vendre deux centrales nucléaires ont été signés, la France peut conditionner cette vente). D’autres ténors des pays non-alignés sont fortement dépendants de la France. Les Français évitent de lier ces problèmes. Reculades.
Il semblerait qu’il y une gêne à parler ouvertement de l’Iran ou des intérêts économiques français en Iran. Sur ce site, nous avons consacré un article aux liens entre la France et les non-alignés [2] et un autre aux intérêts français et européens en Iran [3]. Bien que la France s’octroie plus de 12 % du marché iranien et qu’elle continue d’acheter du pétrole en Buy-Back à un prix avoisinant les 8 $ le baril, aucun journal ou magazine d’information ne consacre un article détaillé à ce sujet. C’est tabou. Idem pour les droits de l’homme en Iran. Reculades.
Reculades des politiques mais aussi reculades de la presse. Reculades de l’opposition qui pourrait critiquer cette politique (pensez-vous, elle rêve de reprendre le rênes pour renouer avec les mollahs). Reculades Nationales et Républicaines (pour ne pas oublier nos amis de gauche) !
Il s’agit bel et bien de reculade, mais les Français en souffriront plus que les Iraniens.
Le mollah ne se trompe pas et il continuera de mettre la barre toujours plus haut tant qu’il verra des signes de Reculades.
PS. Par ailleurs, il faut se rappeler le tollé mondial en 1995 quand Chirac a voulu reprendre les essais nucléaires dans le Pacifique. Rien, ni personne n’a pu alors empêcher le chef de l’état de mener à bien ses projets malgré le consensus international contraire à cette décision … (là, pas de reculade).
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